CNS : Pourquoi Jean-Louis Esambo dérange ?

Tiré d’alternance.cd

Depuis quelques jours, les réseaux sociaux relayent le contenu des articles aux allures pamphlétaires, ciblant principalement le professeur Jean-Louis Esambo, Conseiller spécial de Félix-Antoine Tshisekedi en matière de sécurité nommé à cette fonction stratégique, le 1er août 2023.

Sans être étayée par des éléments factuels, l’auteur de cette diatribe reproche au super flic congolais d’être plus à son bureau de la Cité de l’Union Africaine (UA) qu’aux côtés de son « boss » qui a, pourtant, tant besoin de lui ; de ne pas faire assez pour relever le niveau d’efficacité du CNS, notamment lors des attaques du 19 mai contre le Palais de la Nation et dont Christian Malanga, tué depuis lors, fut le principal assaillant. 

L’auteur de l’article va même jusqu’à affirmer, sans la moindre preuve encore, que le Conseiller spécial freinerait les enquêtes en cours pour retrouver les vrais commanditaires de ces attaques. Ce qui fait que les relations du Conseiller spécial avec le Chef de l’Etat seraient tendues, à tel point que son remplacement est désormais sérieusement envisagé. Il pourrait même, à terme, quitter ses fonctions de Conseiller spécial du chef de l’Etat en matière de sécurité pour devenir Ambassadeur dans un pays de l’Union Européenne. 

La question que d’aucuns se posent est de savoir pourquoi cette agitation et ces tirs croisés contre le professeur Jean-Louis Esambo ?

Si l’objectif clairement affiché est de ternir son image et créer une inimitié entre le président Tshisekedi et lui, il va sans dire que c’est de bonne guerre en RDC qu’à l’approche de grands chambardements politiques ou militaires, que certaines personnalités recourent aux médias pour tenter d’influencer les choix du président de la République, soit en commanditant des articles les mettant en vue ou les réquisitoires, souvent infondés, contre leurs potentiels adversaires ou concurrents à des postes qu’ils convoitent.

En effet, selon des informations parvenues à notre rédaction, de nouvelles mises en place sont prévues dans les prochaines semaines au Cabinet présidentiel, dans les entreprises du Portefeuille de l’Etat, au sein du Haut-commandement militaire, dans la Police et dans les Services de sécurité. Parmi les collaborateurs du président consultés pour réaliser et coordonner cette mise en place, il y a le professeur Jean-Louis Esambo, à qui le président Tshisekedi a confié la mission de mener les enquêtes de sécurité préalables à toute nomination à des postes de l’Etat. Quoi de plus normal en sa qualité de premier collaborateur politique et sécuritaire du Chef de l’Etat.

De certaines sources proches du parti présidentiel, il est rapporté au média en ligne que la tête de Jean-Louis Esambo est mise à prix par les radicaux de l’UDPS. Pour ces irréductibles, après avoir évincé François Beya qui n’était pas sorti du sérail du parti et à qui ils reprochaient d’être l’otage de deux loyautés antinomiques, l’une à Félix-Antoine Tshisekedi et l’autre à son ancien patron Joseph Kabila, ils veulent maintenant que ce poste soit occupé par un cadre du parti présidentiel pour éviter la surprise. Autres accusations du parti présidentiel à l’encontre du Conseiller spécial Esambo, c’est le fait pour ce dernier d’avoir négligé la liste des recommandés du parti lors de la formation de son cabinet. Parmi les potentiels candidats à la succession de Jean-Louis Esambo, figureraient : Fortunat Biselele, Samy Badibanga, François Muamba Tshishimbi et Roland Kashwantale, l’actuel Directeur général de la DGM. 

Les récentes attaques médiatiques contre le professeur Jean-Louis Esambo font ainsi partie des stratégies de lutte d’influence concoctées par des sécurocrates qui craignent les prochaines restructurations annoncées dans l’Armée, la Police, les Services de sécurité et le Cabinet présidentiel. Ils tiennent à tout prix à garder la confiance du Chef de l’Etat tout en continuant leurs pratiques machiavéliques d’enrichissement illicite, d’affaiblissement des forces de défense et de Sécurité afin de maintenir le désordre sécuritaire dans le pays, en jetant en pâture ceux qui mettent à mal leurs plans.

Que ce l’on ignore de Jean-Louis Esambo

Natif du Sankuru, le professeur Jean-Louis Esambo est un ancien magistrat qui a évolué dans les services de sécurité et dans plusieurs cabinets politiques. Ancien juge de la Cour constitutionnelle, professeur de Droit constitutionnel depuis plusieurs années, Jean-Louis Esambo est régulièrement décrit par ses collègues comme un fin-stratège politique. Il a contribué à la rédaction de la Constitution congolaise de 2006.

Nommé Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité en août 2023, le professeur Jean-Louis Esambo a réussi à imprimer sa marque dans l’establishment sécuritaire congolais. S’il a réussi à ramener les membres de la communauté de renseignement congolais dans le giron du CNS, on lui doit aussi d’avoir mené plusieurs batailles politiques et diplomatiques, et pas les moindres, pour sceller l’Union sacrée et constituer une majorité parlementaire solide en faveur de Tshisekedi. Le lancement à Goma, le 5 novembre 2024, du Mécanisme de Vérification Adhoc Renforcé (MVA-R) pour juguler la crise à l’Est du pays serait, selon une source du Conseil National de Sécurité, le résultat de la diplomatie secrète impulsée par le Conseiller spécial Jean-Louis Esambo. « La mission d’un Conseiller spécial, ce n’est pas d’être en permanence sous les coups des projecteurs, mais de concevoir, planifier des stratégies pour permettre au président de la République de bien faire son travail », affirme un cadre de la Présidence.

Il sied de rappeler également que les attributions légales du Conseil National de Sécurité que dirige le Professeur Jean-Louis Esambo sont tellement étendues que la coordination de tous les services de sécurité est placéesous son autorité fonctionnelle. De plus, c’est encore le Conseiller spécial du Chef de l’Etat qui, selon la loi et la jurisprudence appliquée depuis Mobutu, coordonne de fait tous les services ayant pour objet la sécurité et le renseignement. C’est ici que l’on pourrait aussi expliquer un autre malaise des animateurs de certains Services de sécurité nouvellement nés dans la galaxie sécuritaire et militaire de la RDC. La propension à évoluer en électron libre mêlée à la phobie de la coordination qu’assure Jean-Louis Esambo du fait de la loi, poussent certains sécurocrates, étiquetés proches de Félix-Antoine Tshisekedi, à lever leurs boucliers contre le professeur Jean-Louis Esambo. Et les gens le craignent parce qu’ils savent qu’il est incorruptible et sévère envers les malfaiteurs qui entretiennent la corruption dans l’Armée et dans les Services de sécurité.

  • Bendélé Ekweya té

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