On a connu le film « Bienvenue au Gondwana », dans lequel le nouveau président distribue de postes à ses proches sans tenir compte des normes et des règles, encore moins de leurs compétences. Mais ça c’était dans le cinéma. En RDC, on connaît désormais un mandataire public congolais qui, dans la vraie vie, a donné plein pouvoir, y compris la signature, à son assistante principale. Et ce scandale est signé Junior Mata, directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale des agents publics de l’État (CNSSAP).
Alors qu’il ne s’est pas présenté au travail depuis plus de cinquante (50) jours, se contentant de signer quelques rares documents dans de bistros et restaurants de la commune de Limete, le DG de la CNSSAP vient de commettre ce qu’aucun mandataire public normalement constitué ne peut commettre dans une société normale. Il a en effet, et l’on peut bien s’en douter, désigné officiellement son assistante principale, madame Nathalie Ngoy Kalala, comme DG intérimaire, avec mandat de poser des actes de gestion et d’ordonner de paiements sans limite des montants, alors que l’organisation de l’intérim dans les établissements publics relève du ministère de tutelle.
La décision N°CNSSAP/DG/2024/055 du 12 novembre 2024 modifiant et complétant la décision n° CNSSAP/DG/2024/024 du 08 mai 2024 portant implémentation de la version 1.0 du dispositif de délégation des pouvoirs à la CNSSAP est plus que claire. On lit ce qui suit en son article 1er :
« L’assistant (e) principal est habilité (e), en cas d’absence ou d’empêchement du directeur général et du directeur général adjoint à : traiter les matières administratives et techniques soumises à l’attention de la direction générale ; valider les demandes de fonds des montants supérieurs ou égaux à USD 10.000 ; autoriser (apposer la signature à la droite du document) la liquidation par chèque, par ordre de virement/ordre de paiement ou bon de sortie de fonds conjointement avec le directeur des finances et comptabilité (ou chef de département trésorerie, en cas d’absence ou d’empêchement du directeur des finances et comptabilité) ».
Au siège de la direction générale de la CNSSAP, cette décision ne surprendra pas grand monde. Pour cause, ça se chuchote que la relation entre le DG Junior Mata et son assistante principale serait plus que professionnelle. Ça se dit avec insistance qu’il la « baltazarerait » (en référence au tristement et impudiquement célèbre Baltasar Engonga de la Guinée équatoriale, qui s’est tapé de centaines de femmes dont ses assistantes et filmé leurs moments d’intimité).
D’ailleurs, presque tous les cadres de la direction générale sont convaincus que c’est madame Nathalie Ngoy Kalala qui dirige la CNSSAP depuis quelque temps et que, son chef n’aurait en réalité que rendu officiel ce qui se fait déjà officieusement.
C’est une faillite managériale doublée d’usurpation des prérogatives dévolue au ministre de la Fonction publique.