Prédation des finances publiques : Tonton Nico, on ne te jette pas en pâture, mais dis-nous toi-même si ça mérite des éloges !

Ne pas jeter un père de famille en pâture, la leçon, les Congolais l’ont bien suivie et assimilée. Mais seulement, les actes de gestion posés par ce père de famille, en tant que ministre des finances, argentier du pays et ordonnancier des dépenses sur les deniers publics, inquiètent sérieusement au regard de leur ampleur néfaste sur le trésor public. D’où l’appel toujours au débat.

Tenez, de l’Assemblée nationale où il siège comme député national, élu de Miabi au Kasaï oriental, l’exercice parlementaire de reddition des comptes du budget 2023 fait par ses propres collègues, révèle que près de la moitié des dépenses du budget 2023 (51,2%) a été dilapidée dans des procédures d’urgence, sans aucun contrôle, aucun engagement, aucune liquidation.   

En effet, Nicolas Kazadi a remboursé effrontément la dette publique intérieure à 504 % des crédits alloués alors que le programme phare du gouvernement, le PDL145 T, ne présente qu’un taux d’exécution méprisable. Quant aux provinces, en termes d’investissements, rien ne leur a été alloué.

Pour l’opposant Olivier Kamitatu, ancien président de l’Assemblée nationale sous 1+4 et ancien ministre du Plan dans le gouvernement Matata, il est impératif d’exiger un contrôle urgent de tous les paiements de cette dette publique, avec publication de la liste des bénéficiaires.

« Réclamer la transparence n’est pas une attaque contre le ministre, mais un droit fondamental. L’impunité des voleurs doit prendre fin ! », écrit-il sur son compte X, soutenant que cet exercice parlementaire de reddition des comptes a exposé au grand jour les détournements orchestrés par le ministre sortant des Finances et met en lumière l’incapacité du ministre du Budget reconduit, Aimé Boji, à assurer transparence et rigueur.

Face à cette situation des finances publiques congolaises qui est un véritable scandale national et un mépris flagrant inacceptable pour les lois du pays, l’ancien président de l’Assemblée national estime qu’il est temps de dire stop à cette gestion désastreuse et de défendre les droits des populations rurales qui souffrent de cet abandon scandaleux.

Pour lui, ce rapport sur la reddition des comptes devrait impérativement interpeller le FMI et la Banque mondiale, sinon leur soutien financier par des appuis budgétaires est inconcevable alors qu’ils semblent ignorer le naufrage économique et social dans lequel vivent plus de 100 millions de Congolais.

« Il est temps que ces institutions mettent fin à cette complaisance inacceptable et exigent des réformes concrètes avant de continuer à injecter des fonds dans un système qui se désintègre. L’heure de la responsabilité a sonné, et nous devons tous exiger des comptes, pour que justice soit faite et que notre pays puisse enfin avancer », recommande objectivement et sans invectives pour la première fois dans son analyse, Olivier Kamitatu.

A l’UDPS, parti présidentiel et d’appartenance de Nicolas Kazadi, certains esprits lucides ne s’empêchent pas de sévèrement critiquer sa gestion de prédation.

« Il a fait notre honte en tant que UDPS, nous ne nous gênons pas de le dire. Il se raconte même au ministère des Finances que c’est lui le piètre de tous les ministres qui ont défilé avant lui. Il a bâti son propre empire financier dans l’orgueil et la médisance, mais c’est l’image du parti qui est écorchée. Quelle leçon de bonne gestion allons-nous encore donner, nous qui avions critiqué la gestion des régimes d’avant nous ? », s’inquiète un cadre de l’UDPS, professeur d’université de son état. Il compte peut-être sur Doudou Fwamba, actuel ministre UDPS des Finances pour corriger les erreurs de son prédécesseur direct.

Avec tout ce tableau sombre, tonton Nico, est-il lui-même fier de sa gestion ? Les regards de ses collègues députés ne le gênent-ils pas à l’Hémicycle ? On espère qu’il n’est pas Marsien pour être insensible.

  • Bendélé Ekweya té

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