Après avoir manqué la campagne agricole 2024-2025, programmée du 30 juillet au 30 août 2024, le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture Grégoire Mutshail en imagine un doublon : la campagne agricole bis, dont le lancement est prévu incessamment à Mbuji-Mayi et qui sera suivie des actions à Matadi, pour aller jusqu’au 21 novembre, période qui coïncide pourtant avec les premières récoltes dans les zones humides de l’hémisphère Sud.
Le choix de ces deux provinces, d’après un proche du ministre d’État, c’est pour attirer l’attention du président de la République, originaire du Kasaï Oriental ainsi que de la première ministre, originaire du Kongo Central, sur la prétendue campagne agricole bis, dont l’objectif est déjà raté du fait de son déphasage avec les activités saisonnières des agriculteurs.
En effet, Grégoire Mutshail Mutomb tente désespérément de se rattraper, mais choisit d’impressionner le Chef de l’État et la cheffe du gouvernement plutôt que de convaincre la population congolaise. C’est ainsi qu’il a, non pas créé, mais nommé “une armée verte Fatshi”, qui n’est autre que l’ensemble des ONG opérant dans le secteur agricole, pour qui malheureusement le minétat avait refusé de signer les bons d’engagement des frais d’intervention économique pour le trimestre passé, une subvention pourtant légalement accordée aux agriculteurs par le gouvernement en appui à leurs activités, au motif que ces ONG étaient des organisations de mallettes, sans champs ni activités.
Voilà que le ministre technicien, se battant comme un diable dans un bénitier, recourt à ces mêmes organisations de mallettes qu’il surnomme une “armée verte”, sans munitions et dont le commandant en chef lui-même n’a aucun plan stratégique pour mener cette guerre agricole. Quel miracle une telle armée verte opérera-t-elle sur le front, du moment que dans l’hémisphère sud le retard est déjà consommé, et que les carottes sont cuites pour ce ministre qui a prétendu venir corriger les erreurs de ses prédécesseurs, critiquant sévèrement auprès de qui voulait l’entendre surtout celui qui lui a laissé directement le fauteuil ?
De l’autre côté, les inspecteurs de l’agriculture, lassés par le retard de traitement de leurs dossiers au cabinet du ministre de l’Agriculture, retard que ces derniers attribueraient à son directeur de cabinet qui confondrait, d’après eux, l’administration publique à celle des Nations unies où il fut haut fonctionnaire de la FAO, sont montés au créneau et ont exigé le départ de l’incriminé sur les antennes d’une radio de la place.
Un agent du Secrétariat général à l’Agriculture qui s’est confié à Scoop RDC déplore la léthargie dans le traitement des dossiers émanant de la direction d’inspection ; ce qui entrave le travail des inspecteurs, qui consiste à contrôler toutes les activités dans le secteur. Mais toujours d’après cet agent cité, le directeur de cabinet du minétat est la mauvaise cible des inspecteurs ; le vrai problème étant le minétat lui-même, qui accorderait des audiences interminables et non chronométrées, tout en laissant pourrir les signataires des dossiers. Il semblerait même que les conseillers du minétat se plaindraient de tourner les pouces comme des employés sans tâches.
Pour certains analystes, la campagne agricole bis et l’”armée” verte de Mutshail ne sont que de la poudre aux yeux. Cette campagne serait destinée tout simplement à consommer le fonds pour lequel le gouvernement avait donné son accord de principe pour sa liquidation aux fins de financer la campagne agricole 2024-2025, qui a échoué. Car son doublon ne pourra aucunement engendrer un inversement de la donne sur le terrain. L’incertitude concernant la période de soudure étant devenue évidente. “On ne tâtonne pas en agriculture”, a averti un agronome.