Dans leur vocation première, les écoles catholiques avaient pour mission l’éducation et l’évangélisation. Jusqu’au jour où, ayant failli à sa mission de pouvoir organisateur de l’éducation, l’État obligea par la force des choses le prélat catholique d’alors, le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, de proposer la voie de la survie, à savoir la prise en charge des enseignants par les parents des élèves, dans le but de sauver l’éducation nationale, qui semblait être devenue la sixième roue du régime du maréchal Mobutu.
Si cette voie a permis de sauver l’école au Zaïre de Mobutu, elle n’est pas sans dégâts, et pas les moindres, administrés au système éducatif dans son ensemble. En effet, de la vocation d’éducation et d’évangélisation, les écoles catholiques ont pris le goût du lucre et sont passées au pur business, avec des frais scolaires exorbitants, des ventes obligatoires des kits scolaires (tenue d’uniforme, journal de classe, tenue de gymnastique, et même les écussons pour blouse ou chemise). Rien d’évangile ; car les élèves ratent les interrogations ou les examens à cause du retard de paiement des frais scolaires, mettant ainsi les enfants dans des conditions différentes d’évaluation. Ce qui biaise les décisions finales de ladite évaluation.
Les bibliothèques et les laboratoires sont devenus le cadet des soucis de leurs gestionnaires. Ce qui pousse à accuser les écoles catholiques de combattre la gratuité de l’enseignement. Si seulement l’initiateur de cette voie de survie, paix à son âme, avait eu le temps d’évaluer les conséquences de sa décision !
Pire encore, c’est dans les écoles catholiques où les instructions du ministère de tutelle sont les moins respectées, notamment l’implication du comité des parents d’élèves à des décisions concernant toute demande des frais supplémentaires non fixés par l’État à travers le ministère de l’éducation nationale.
Ainsi, de Kinsuka à Maluku, les écoles catholiques font payer les frais de bancs et de toilettes aux élèves ; des excursions obligatoires et payées, parfois sans objectifs directement scolaires, telle que la ballade aux sites touristiques de la N’sele. Les frais d’assurance médicale fantaisiste, pendant qu’aucun élève n’est pris en charge médicalement par aucune école catholique.
Le plus grand égarement de l’objectif premier de l’école se manifeste pendant les activités parascolaires, toujours payantes et obligatoires, où ce sont parfois des artistes pervers, n’incarnant aucune valeur catholique, sont invités. C’est le cas des hommes travestis, qui jouent le rôle des pédés dans les saynètes offertes aux élèves par leurs écoles. Pendant ce temps, les devantures de ces écoles sont offertes en location aux commerçants qui y érigent des boutiques, des garages, de salon de beauté, souillant ainsi l’environnement éducationnel.
Quelques parents des élèves des écoles catholiques de la commune de Ngaliema abordés par le reporter de votre média en ligne, n’ont pas caché leur déception : « Il n’y a plus de différence majeure entre école catholique et école privée. D’ailleurs, il existe des écoles dites »privées catholiques », dans lesquelles le commerce passe avant l’éducation. Nous avons eu la chance, nous, d’avoir connu des véritables écoles catholiques dignes de ce non ; ce n’est pas le cas avec nos enfants. Le sel de la terre s’est affadi ; c’est regrettable ».