L’accès aux charges publiques exécutives est-il la résultante d’un choix purement politique ou tout simplement synonyme d’une compétence avérée ? La question vaut son pesant d’or, surtout au regard du spectacle désolant qu’offrent certaines personnalités qui se livrent d’une manière ostentatoire à la jouissance, dès qu’elles sont nommées et pendant l’exercice de leurs fonctions, ignorant superbement qu’elles sont avant tout au service du peuple et qu’elles sont astreintes au devoir de redevabilité et d’honorabilité. Voilà ce qui a poussé le sénateur Justin Kalumba Muana Ngongo à livrer à l’opinion sa pensée profonde à ce sujet. Il l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue le 26 août dernier à Kinshasa.
L’élu de la province du Maniema n’est pas allé par le dos de la cuillère pour affirmer qu’il n’est pas convenable que dans le cadre d’une intelligence et d’une compréhension renouvelée de la notion d’une « charge publique », que l’on doit cesser de considérer comme le « point d’arriver à la jouissance des privilèges et honneurs de tout genre ». Et de poursuivre, « en effet, c’est lorsque l’on est obnubilé par ce genre des considérations que l’on ne peut plus regarder avec hauteur l’accès à une charge publique au point que lorsqu’une personne accède à une charge publique d’un certain niveau, des festivités somptueuses sont organisées ». Justin Kalumba fustige ainsi l’accroc exagéré aux postes qui caractérise bon nombre des compatriotes.
Pour remédier à cette tare, le sénateur Justin Kalumba préconise plutôt la notion de « l’expérience avec contenu » comme critère de sélection dans la nomination aux charges publiques exécutives, surtout dans un pays comme la RDC où tout est à refaire, un pays qui fait face aux nombreux défis.
Dans sa démarche pédagogique, ce membre de la chambre haute du parlement privilégie la méritocratie dans le choix à opérer pour des personnes appelées à assumer des responsabilités. Celles-ci doivent être aptes à répondre aux besoins de la population et non s’attacher à l’intérêt personnel. Justin Kalumba va très loin indiquant que « si je devais un jour devenir, par exemple premier ministre, et que j’apprends que l’un de mes ministres s’est livré à des festivités considérées à l’occasion de sa nomination, je lui demanderai immédiatement sa démission ou alors je demanderai sa révocation pure et simple auprès du Chef de l’État. En revanche, si je devais célébrer quelque chose, ce serait à la fin de mon mandat et uniquement si des réalisations concrètes ont été effectuées pour la population. Ce serait alors à la manière de ce soldat revenant victorieux du front ou d’un athlète ramenant la coupe au pays après un défi âprement disputé. Le vrai travail se fait durant le mandat, et la célébration ne peut être que la conséquence de cet effort ».
Ainsi donc, une nouvelle lecture des principes en matière d’accès aux charges publiques exécutives est en train de voir le jour en RDC, afin d’éviter les nominations fantaisistes. « C’est ce changement radical de la compréhension de la charge publique et l’intériorisation de la notion de service public qui vont permettre de mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut et écarter les jouisseurs », a-t-il conclu.