C’est une affaire rocambolesque, où un protocole d’accord pour la transformation des déchets ménagers en énergie propre est signé au Ministère de l’agriculture et sécurité alimentaire ! Changement radical des attributions, alors qu’on sait que cette matière revient au ministère de l’énergie.
En effet, l’ancien directeur de cabinet du président de la République, Guylain Nyembwe, avait saisi en 2023 deux ministres, de l’Energie et celui de l’Agriculture (on ne comprend toujours pas le pourquoi de ce second) du gouvernement Sama II, leur demandant de s’impliquer dans le projet dénommé »projet présidentiel pour la production de l’énergie à partir des déchets ». Après des échanges avec le partenaire, qui avaient accouché d’une souris, c’est le cas de le dire car les deux ministres d’alors, apprend Scoop RDC, ne croyaient pas à la capacité du partenaire, Oligo Afrique, à implémenter cette technologie, car cette société partenaire du groupe Malt Forest obtenait, en cession d’activités par le groupe ML initialement partenaire engagé, selon l’une des clauses du protocole qui stipule que « le partenaire peut céder une partie des activités ou la totalité à un associé » (!).
Alors qu’on croyait être renvoyé aux calendes grecques ce projet, il est revenu en force avec toutes les apparences de la maffia qu’il comporte, au regard de la vitesse de progression d’obtention de l’aval de l’autorité de passation des marchés. Notez que le protocole d’accord de 2023 a été révisé et déposé avec urgence et injonction présumée de se l’approprier au nouveau ministre d’Etat de l’agriculture et sécurité alimentaire, Grégoire Mutshail Mutomb. Une des clauses de la version révisée stipule que « l’État congolais s’engage à payer 2.500.000 USD à Oligo Afrique comme frais de propriété intellectuelle pour les études de faisabilité réalisée par ce dernier ! »
D’après les câbles de Scoop RDC à la Direction Générale des Contrôles des Marchés Publics (DGCMP), celle-ci aurait réservé une fin de non-recevoir à la demande d’avis de non objection sollicité par le ministre de l’agriculture. Mais que, curieusement, sans que le ministre demandeur n’aie reformulé la même demande, la DGCMP s’est ravisée en émettant l’Avis de Non Objection pour le paiement de ces 2.500.000 USD sans que les conditions par elle avancées dans son premier courrier ne soient remplies par Oligo Afrique, notamment la non détention par cette société des documents administratifs, le non-paiement par elle des impôts ; et surtout le fait que ces frais ne se justifient pas pour autant que l’État congolais n’est pas le demandeur des études qu’auraient menées Oligo Afrique.
Les questions qu’on se pose sont de savoir qui fait pression sur la DGCMP et sur le ministre de l’agriculture ? Qui est derrière Oligo Afrique ? Cette personne ne fera-t-elle pas la même pression au ministre des Finances pour obtenir à la même vitesse le paiement ? Comment une société fictive, sortie des entrailles d’un groupe connu devient-elle auteur de la technologie pour laquelle ce n’est pas elle qui a saisi l’État congolais ?
Ce contrat de production de l’énergie détient en lui-même les germes d’un conflit préparé en amont par Oligo Afrique, pour justifier éventuellement son non aboutissement ; ceci après qu’Oligo Afrique ait empoché 2.500.000 USD pour les études de faisabilité, réalisées Dieu seul sait où et quand. Quelques de ces germes sont les suivants : Le contrat stipule qu’ « Oligo Afrique transforme en énergie les déchets mis à sa disposition par le gouvernement congolais ». Cela ne voudrait-il pas dire implicitement que c’est l’État congolais qui ferait le ramassage des déchets à déposer sur les sites de transformation ? En d’autres termes, l’État congolais s’engage à fournir à Oligo Afrique la matière première pour sa production ! C’est exactement comme si Pepsi Cola demandait au gouvernement congolais de lui fournir gratuitement les produits phytosanitaires dont il a besoin pour la production de sa soda ! Simplement dit, si l’Etat congolais ne fournit pas les déchets, Oligo Afrique croise les bras et n’attend que son paiement.
L’autre germe est que le même contrat stipule que « l’État congolais s’engage à renoncer à tous les crédits carbone générés par cette production de l’énergie propre au bénéfice d’Oligo Afrique ! » Dites-nous, dans ce contexte, que gagnera l’État congolais dans ce contrat, à part que quelques congolais obtiendront un emploi d’ouvriers, qui nous le savons, sont toujours mal payés par les entreprises étrangères installées au pays ? L’État fournit la matière première, paie les études de faisabilité, abandonne ses crédits carbone, sans toutefois être sûr de la capacité de résistance de son partenaire dans cette activité ! Miracle : c’est le ministre en charge de l’Agriculture qui engage l’État congolais pour une matière relevant de la compétence du ministère de l’Energie ! Est-ce l’amateurisme ou la complicité dans cette anarque du trésor public ?
L’Inspection Générale des Finances (IGF) est vivement appelée à ouvrir l’œil et le bon en vue de sauver la République de ce nième détournement en gestation, impliquant les hautes personnalités du pouvoir et ternissant l’image du régime Tshisekedi.
Dossier à suivre.