Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a constitué une commission des députés nationaux pour véritablement s’enquérir du dossier des forages qui a fait couler et fait encore couler beaucoup d’encre.
A l’étape de Kinshasa, les députés Patrick Munyomo Basilwango (élu de Goma, Nord-Kivu), Joseph Bangakya Angaze Okondarengwa (élu de Rungu, Haut-Uélé) et Serge Khonde Chembo (élu de Sakania, Haut Katanga) sont descendus, ce samedi 31 août 2024 dans différents sites de la société Stever qui a signé le contrat avec le gouvernement congolais pour la réalisation dans la première phase de 240 stations de pompage et traitement d’eau à travers le pays.
D’abord, les trois élus se sont rendus dans les entrepôts de Stever construct, l’un situé sur l’avenue Mont des arts et l’autre au port Marsavco dans la commune de la Gombe. Ils ont constaté de leurs propres yeux l’entreposage des différents matériels pour les forages et la construction d’au moins 150 stations de pompages qui n’attendent que leur déploiement les sites que le gouvernement devra indiquer.
Matériels au dépôt
Ensuite, ils sont allés à Mont-Ngafula visiter une station de pompage déjà opérationnelle pour se rendre compte à quoi elle ressemble. Contrairement au simplisme développé par les pourfendeurs pour désorienter l’opinion sur le prix d’un forage, les trois députés nationaux ont pu réaliser qu’il s’agit d’une mini-Régideso que Stever construct érige dans chaque site.
A Makala, Patrick Munyomo, Joseph Bangakya et Serge Khonde a vu les travaux en évolution d’une grande station pompage d’au moins 27 m3, soit 27 tonnes d’eau, au regard de la densité de la population dans cette partie de la capitale dépourvue de l’eau.
« Nous avons inspecté les différents entrepôts de l’entreprise qui a le contrat avec l’Etat. Il y a beaucoup de matériels qui sont entreposés et on ne voudrait pas en tant qu’élus que ces matériels-là traînent encore dans les entrepôts, nous voudrions qu’ils soient livrés pour que tous les chantiers arrivent à la fin, qu’on ait tous les 240 sites prévus dans le contrat et que finalement la population bénéficie de l’eau potable. Ce qui nous intéresse en tant que député c’est de voir cette population bénéficier de l’eau et non voir les matériels dans les dépôts des privés en train de discuter sur les avenants et le contrat. Que la population ait son eau, c’est ça notre mission », a déclaré le député Serge Khonde.
A la question de savoir s’ils sont satisfaits après avoir visité les entrepôts et les sites, Serge Khonde répond : « En tout cas physiquement nous sommes satisfaits, le matériel est là, mais notre satisfaction va être réelle et concrète quand nous verrons la population s’approvisionner en eau potable. Nous ne voulons pas que ce matériel pourrisse dans les entrepôts, nous voudrions qu’ils soit déployé et que finalement la population ait de l’eau potable ».
Station pompage de Mont-Ngafula
Quant à Patrick Munyomo, il a demandé au gouvernement de faciliter la tâche à la société Stever construct pour qu’elle exécute convenablement les travaux.
« Je voulais demander au gouvernement à travers le ministre sectoriel, le ministre du Développement rural que je connais personnellement, je lui demanderais de coopérer avec l’entreprise. La population a besoin d’eau potable et je ne peux pas comprendre que depuis qu’il est nommé ministre, cette entreprise est en train de lui adresser des correspondances et qu’il n’y ait pas de réponses jusque-là. Le ministre du Développement rural doit coopérer avec l’entreprise, nous, nous avons besoin du résultat. Tant que la population ne bénéficie pas de cette eau potable, nous n’allons pas nous arrêter à dénoncer. Qu’au ministre du Développement rural de ne pas nous pousser à user de nos prérogatives parlementaires. Nous sommes en train de le solliciter avant même la rentrée parlementaire, qu’on puisse avoir quelque chose de coopération entre le ministère et l’entreprise », a déclaré Patrick Munyomo.
Ici, mentionnons en passant que la société Stever a écrit à Muhindo Nzangi pour qu’il reçoive la dizaine des stations de pompage déjà terminées, notamment à Boma (Kongo central), Bulungu, Kwenge et Munzabala (Kwilu) et à Kinshasa dans la commune de Makala. Mais, le ministre semble faire complètement fi pour des raisons inavouées.
« Vous savez, ce projet a été fait pour l’intérêt de la population, il a été fait avec l’argent du peuple, l’argent du Trésor public. L’entreprise est en RDC, tout le stock pour la première phase sont en RDC, les équipes sont disponibles et sont au travail et il faut absolument et ce conformément au contrat signé entre l’Etat congolais et l’entreprise, pour répondre au besoin de la population, que le contrat soit mis en œuvre jusqu’à la fin. Il ne faut pas que l’argent des Congolais soit sorti, les besoins des Congolais restent énormes, ils ne sont pas satisfaits alors que tout est disponible pour rencontrer ces besoins, mais que rien ne soit fait. On ne peut pas conduire les affaires de l’Etat en ignorant la finalité qui est de rendre le service au peuple congolais. Pour cela, il faut que toutes les institutions collaborent, qu’elles travaillent dans ce sens sans état d’âme, sans recherche de buzz pour l’intérêt de la population », a déclaré pour sa part Joseph Bangakya en promettant qu’en tant que députés, ils vont pousser pour que toutes les parties prenantes dans ce projet réalisent l’objectif qui est dans l’intérêt de la population.
Il faut signaler que pendant que Stever construct exécute le contrat, son PDG, Mike Kasenga, est incarcéré à Makala, maladroitement accusé d’avoir détourné les deniers publics alors que ces fonds perçus ont aidé à acheter les matériels entreposés inspectés par les députés nationaux qui ont promis de faire rapport au bureau de leur institution. Emprisonnement que d’aucuns jugent anormal d’autant plus que, non seulement les autres personnes impliquées dans le dossier des forages, notamment l’ancien ministre des finances, principal accusé, et les sous-traitants par lui recommandés, se la coulent douce, mais également une centaine d’ouvrages a déjà été livrée au gouvernement et une cinquantaine est en pleine exécution.