Au-delà de la publication par Scoop RDC de l’article intitulé « Retrait de la course au bureau définitif du sénat : Justin Kalumba Muana Ngongo n’a reçu l’injonction de personne », le concerné est revenu à la charge dans une conférence de presse, lundi 26 août 2024, pour élaguer certaines zones ombres et autres critiques négatives portées sur lui à cause de son désistement en faveur d’une femme alors qu’il était favori, par des personnes qui ont une mauvaise conception de la charge publique, la considérant comme le point d’arriver à la jouissance des privilèges et honneurs de tous genres.
Comment expliquer un tel désistement de la part d’un acteur politique congolais ? A quel prix ce désistement a-t-il été obtenu ? Que lui a-t-on donné ou promis de donner en compensation ? Un politicien congolais peut-il vraiment renoncer de plein gré à un poste aussi prestigieux que juteux, en l’occurrence l’équivalent d’un ministre d’Etat, et à tous les avantages qui vont avec (garde du corps, cortège, rémunération conséquente, frais de fonctionnement, visibilité politique, voyages à l’étranger…) ? C’est à toutes ces questions que le sénateur Justin Kalumba a tenu à répondre sans aucune obligation de se justifier, pour en donner véritablement les coulisses.
« Ce désistement n’a pas été marchandé à coup d’argent ou même contre une promesse quelconque d’argent, ni un échange d’un autre poste, encore moins à la suite d’une instruction politique quelconque », fait savoir le sénateur du Maniema défiant ceux qui pensent qu’en politique il n’y a pas de cadeau, en relevant qu’en ce qui le concerne, son désistement a été inspiré par l’exemple combien instructif, prêché, d’après lui, au sommet de l’Etat par le président de la République Félix Tshisekedi qui n’a pas hésité d’élever une dame, madame Judith Tuluka, au poste de première ministre dans sa logique de la masculinité positive. Une première en RDC…
Resté au deuxième tour en face d’une dame à ce poste où trois candidats avec postulé, deux hommes et une femme, Justin Kalumba dit avoir abandonné la course pour permettre à la femme d’être représentée au sein du bureau du sénat déjà entièrement masculinisé.
« Je l’ai fait, en toute responsabilité devant Dieu, devant la nation, devant l’histoire et ce désistement a été un choix opéré en âme et conscience, uniquement dans le but de solutionner un vrai problème qui se profilait à l’horizon, en tenant compte du fait que la femme avait déjà été littéralement éliminée de la course électorale au niveau de tous les autres postes du bureau. J’ai résolu, en âme et conscience, d’éviter à notre pays le risque d’afficher un ‘’bureau totalement masculin’’ pour une institution aussi prestigieuse que le sénat », a martelé Justin Kalumba en relevant que dans l’hypothèse où il gagnait ces élections au second tour, il aurait obtenu le poste de rapporteur pour lui-même, mais en bafouant la cause de la femme, alors que cette cause est superbement une cause d’intérêt général.
Comme enseignement à tirer de son désistement du poste de rapporteur du sénat, Justin Kalumba soutient que son acte de désistement qu’il a posé, insiste-t-il, en âme et conscience, est un acte d’effacement personnel au profit, non seulement d’une femme, mais plutôt d’une cause nationale et même mondiale.
« A travers le choix que j’ai opéré, j’ai tenu à manifester un engagement indéfectible en faveur de l’équité des sexes, en particulier dans le domaine de la représentation politique des femmes…En me retirant de cette course, j’ai voulu réaffirmer que l’intégration pleine et entière des femmes dans nos instances décisionnelles devrait, désormais, être érigée en priorité absolue », déclare Justin Kalumba en ajoutant que « la cause de la femme devrait être, à nos yeux, beaucoup plus importante que nos intérêts personnels ».
Pour confondre ceux qui pensent qu’une charge publique est le point d’arriver à la jouissance des privilèges et honneurs de tout genre, Justin Kalumba qui s’étonne que « lorsqu’une personne accède à une charge publique d’un certain niveau, des festivités somptueuses sont organisées, à partir de Kinshasa, la capitale du pays, jusqu’au village natal, pour célébrer la saison de jouissance qui commence pour lui et les siens », ironise avec fermeté : « si je devais un jour devenir, par exemple, premier ministre, et que j’apprenais que l’un de mes ministres s’est livré à des festivités inconsidérées à l’occasion de sa nomination, je lui demanderais immédiatement sa démission ou alors je demanderais sa révocation pure et simple auprès du chef de l’Etat. En revanche, si je devais célébrer quelque chose, ce serait à la fin de mon mandat, et uniquement si des réalisations concrètes ont été effectuées pour la population. Ce serait alors à la manière de ce soldat revenant victorieux du front ou d’un athlète ramenant la coupe au pays après un défi âprement disputé. Le vrai travail se fait durant le mandat, et la célébration ne peut être que la conséquence de cet effort ».
Et de conclure : « Nous devons donc changer radicalement notre compréhension de la charge publique et intérioriser davantage la notion de service public dont les acteurs sont les serviteurs, plutôt que des maîtres ou des jouisseurs des privilèges ».
Il avoue que contrairement à toutes ses initiatives comme membre du gouvernement, notamment sous Kabila étant que ministre des Transports et aussi ministre des PME sous Tshisekedi, initiatives marquées indélébilement par les projets concrètement réalisés dont Transco, Esprit de vie, Congo Airways, réhabilitation des bateaux ITP Kokolo et Gungu, la construction de l’aérogare modulaire de Kinshasa, la construction de deux nouvelles tours de contrôle des aéroports de Kinshasa et Lubumbashi, la rénovation des pistes d’atterrissage des aéroports de Kinshasa, Lubumbashi et Goma, sans oublier l’application sur la sous-traitance, la création du Fond de garantie pour l’entrepreneuriat au Congo (FOGEC) et l’octroi des subventions financières à des entrepreneurs congolais, qu’il n’a jamais, bien étant été félicité, voire célébré dans l’opinion publique pour la mise en œuvre de ces différents projets, mais il n’a jamais, mais alors jamais reçu autant des messages de félicitations que lors de son désistement du poste de rapporteur en faveur d’une femme.