Par Benjamin Babunga Watuna.
Parmi les victimes, Mwami Mubeza III (né François Nalwindi) et son épouse. Il avait été ligoté et assassiné à l’aide d’une machette, sa tête coupée. Son épouse, enceinte, sera également tuée.
L’élément déclencheur de ces massacres ? Tout part du 2 août 1998, lorsque les anciens collaborateurs du Président Laurent-Désiré Kabila se retranchent dans l’est du pays et annoncent entrer en rébellion contre le pouvoir de Kinshasa. Le Rwanda et l’Ouganda sont de la partie. C’est la naissance d’une nouvelle rébellion, qui deviendra le « Rassemblement Congolais pour la Démocratie » (RCD). Les principales villes de l’est du pays (Goma, Bukavu et Uvira) tombent au bout de 2 jours. Mais la conquête de plusieurs autres localités, essentiellement dans le Sud-Kivu, se fera sur fond de batailles acharnées entre l’armée rwandaise (« Armée Patriotique Rwandaise » ou APR, à l’époque) et les groupes d’autodéfense (les combattants locaux « Maï-Maï »).
Les éléments de l’APR, après avoir occupé Bukavu, chercheront à pénétrer partout, dans les territoires. S’agissant du territoire de Mwenga, dans la localité de Kalambi, une embuscade sera tendue contre les militaires rwandais, par les combattants Maï-Maï, le 22 août 1998. Une quinzaine d’éléments de l’APR périront au cours de cette attaque.
Des officiers de l’APR rencontreront le Mwami (Roi) Mubeza III et exigeront qu’on leur livre les « fils du terroir » à la base de l’attaque. Ce dernier leur fera savoir qu’il ne les connaissait pas. C’est dans ce contexte que seront commis les massacres de Kasika, en représailles à l’attaque Maï-Maï du 22 août 1998.
Le lendemain, 23 août 1998, un dimanche, coïncide avec le jour du marché à Kilungutwe, marché qui regroupe des personnes provenant aussi bien de Kasika que des localités environnantes. Ce jour-là, et le lendemain, 24 août 1998, des populations entières seront assassinées dans tous les villages, sur un trajet de 60km, entre Kilungutwe et Kasika (le rapport Mapping fait état d’environ 1 100 personnes).
Mwami Mubeza III et son épouse sont tués chez eux, avant que les éléments de l’APR ne se dirigent vers l’église paroissiale de Kasika, où la messe dominicale venait à peine de se terminer. L’abbé Stanislas Wabulakombe, vicaire de la paroisse, ainsi que trois religieuses de la Congrégations des Filles de la Résurrection, un séminariste et plusieurs autres paroissiens laïcs, seront également tués (certains décapités à l’arme blanche).
Deux jours plus tard, le Pape Jean Paull II, au cours de l’audience générale du 26 août 1998 au Vatican, reviendra sur ce qui venait de se passer à Kasika, formulant le vœu de voir la paix revenir dans cette partie de la RD Congo.