Le conseiller principal de l’Administrateur Général de l’Agence nationale de renseignements (ANR) qui comparait comme prévenu dans la procès de tentative de coup d’Etat du 19 mai dernier, semble donner du fil à retordre au ministère public qui l’accuse d’avoir supprimé ses messages dans ses téléphones pour effacer les traces de sa culpabilité.
En effet, depuis le début du procès le 7 juin dernier, soit plus de deux mois, le ministère public en la personne du lieutenant-colonel Radjabu Bashiru Innocent, n’a jamais démontré la moindre direct entre Jean-Jacques Wondo qui poursuit et Christian Malanga, le chef de bande qui avait investi le Palais de la nation annonçant la prise du pouvoir.
A l’audience de lundi 12 août dernier, l’organe de la loi a présenté un rapport qu’il qualifie de l’analyse des téléphones de Jean-Jacques. Ce rapport confirme que ce dernier a supprimé tous les messages et le contenu de ses téléphones pour éviter que l’on retrace ses liens avec Christian Malanga.
« En soumettant ses données à l’expertise, ses téléphones, dans cette entreprise visant à déstabiliser les institutions de la République démocratique du Congo, Monsieur Jean-Jacques Wondo a, selon ce que nous avons obtenu comme rapport d’expertise, eu en 2021 un contact avec celui qu’il qualifie d’Alter Égo, Lula, qu’il connaît bien. Il contacte Lula Victor, un légionnaire, tout comme Wondo, ancien militaire de la garde civile, pour lui dire ceci, selon le rapport des experts : désormais, mon ami, Facebook a déjà une application permettant d’effacer tous les messages en cas de problème. Il a écrit à Lula Victor que, lorsqu’il y a des problèmes, Facebook a déjà prévu cela, et c’est vous que j’ai choisi pour effacer tous mes messages lorsque je suis dans une situation inconfortable. La conséquence de cela s’est manifestée le 19 mai, lorsque les experts ont analysé les téléphones du prévenu Jean-Jacques Wondo ; tous les messages de 2022, 2023 et 2024 ont été supprimés, même dans la corbeille, grâce à Victor Lula, le nettoyeur de preuves», a déclaré l’officier du ministère public avant de soutenir que le trait d’union entre les deux était un certain Malusha.
Seulement, constatent les avocats de la défense que, non seulement le rapport tant vanté par le ministère public ne porte aucune signature, mais aussi l’expert évoqué est un illustre inconnu. Ce qui est bien pire encore, alors que l’on attendait à l’audience passée du 12 août pour comparaître, l’expert n’est pas venu. Le ministère public s’est contenté de brandir un document que les avocats estiment avoir été confectionné dans un cybercafé où il met la photo de Malusha qui serait l’interface entre Jean-Jacques Wondo et Christian Malanga. Mais curieusement, s’étonnent les avocats de la défense, le fameux Malusha n’a jamais été interpellé alors que le ministère public affirme avoir fouillé le téléphone de ce dernier et y a trouvé 19 interactions avec Jean-Jacques Wondo. Soit, concède la défense, mais quel lien ou rapport entre ces 19 interactions et Christian Malanga ? D’où parle-t-elle d’un raccordement frauduleux de l’organe de la loi qui présente à la cour un rapport non signé présumé d’un expert mais inconnu. Quel crédit y donner ? S’interroge la défense.
Rappelons que même à l’audience du 8 juillet 2024, le ministère public avait peiné pour donner à la cour la couleur du véhicule que prétendument Jean-Jacques Wondo avait cédé à Christian Malanga la nuit du coup d’Etat raté, parlant d’une Hyundai et citant le prévenu Youssouf pour confirmer sa thèse. Malheureusement, ce dernier n’avait pas confirmé les propos lui attribués et avait énuméré tous les véhicules qui les avaient aidés dans leur opération, sauf de marque Hyundai (Lire l’article de Scooprdc.net : Procès coup d’Etat raté à Kinshasa : Le ministère public très en difficulté pour inculper Jean-Jacques Owondo !).
