Exactement 44 jours ce samedi 10 août 2024 depuis que l’entrepreneur Mike Kasenga et l’ancien ministre de Développement rural François Rubota sont « abusivement » placés sous mandat provisoire à la prison centrale de Makala à cause du dossier forages. Abusivement parce que, non seulement que le débat est encore houleux entre le Parquet et la défense des prévenus autour de l’accusation de « dissipation des fonds publics » que le magistrat instructeur assimile au « détournement », mais aussi parce qu’il s’agit d’une affaire purement civile liée à un contrat qui devrait en principe se régler devant le Tribunal de commerce, surtout que le contrat signé en bonne et due forme avec le gouvernement congolais, prévoit le mode de règlement des litiges : « En cas de manque d’attente, c’est le tribunal arbitral de l’OHADA qui est compétent pour connaître du dossier… ».
Mais ce qui tique dans ce dossier, c’est le fait que la principale personne incriminée, l’ancien ministre des Finances Nicolas Kazadi, est libre sans inquiétude. Paradoxalement, au sujet de ce dernier, le président de la République Félix Tshisekedi l’a, dans sa récente interview accordée aux journalistes Christian Lusakweno et Baudouin Wetshi à Bruxelles, qualifié de « meilleur ministre des Finances que la RDC n’ait connu mais que l’on jette en pâture ». Qui le jette en pâture ?
Dans l’hypothèse où Nicolas Kazadi est considéré par le chef de l’Etat comme le meilleur ministre des Finances, cela signifie sans ambages que sa gestion des deniers publics a été orthodoxe, y compris le financement du projet des forages. Pourquoi alors Kasenga et Rubota sont au gnouf au moment où les travaux de construction des forages continuent et qu’au moins 70 sites ont déjà été livrés au gouvernement ?
A ce jour, 56 sites sont presque finis et 10 complètement terminés qui sont en attente de réception. Et pour ces derniers ouvrages, la société Stever construct a écrit depuis le 23 juillet dernier au nouveau ministre d’Etat, ministre du Développement rural, Muhindo Nzangi, pour lui communiquer la liste des membres du ministère devant les recevoir à Boma (Kongo central), Bulungu, Kwenge et Munzabala (Kwilu) et à Kinshasa. Dans la même lettre, Stever construct promet de livrer pendant ce mois d’août et septembre 2024 les stations de forage dans les provinces de Mongala, Kasaï oriental, mais aussi les stations complémentaires dans les provinces de la Tshopo et de l’Equateur. Correspondance qui malheureusement est sans suite jusqu’à ce jour.
En plus, Stever construct a écrit au Parquet pour qu’il vienne constater les matériels dans ses entrepôts en attente d’être expédiés dans les provinces concernées par le projet. Là aussi, aucune suite n’est accordée à cette correspondance. Pourquoi cette indifférence alors que l’on reproche à la société Stever construct de n’avoir pas exécuté le contrat ?
Ce qui est vrai dans ce dossier, il est difficile de parler de détournement aussi longtemps qu’une partie du contrat est déjà exécutée et que les travaux se poursuivent sans désemparer bien que le PDG de Stever construct soit en prison. Les matériels sont là pour la construction des ouvrages, et d’ailleurs plus de 10 conteneurs dédouanés à Matadi sont en route vers Kinshasa.
Garder Mike Kasenga et François Rubota en prison à cause de la clameur dans les réseaux sociaux et laisser Nicolas Kazadi libre, dénote d’une justice à deux vitesses déplorée et qualifiée de « malade » par le président de la République. « Ce dossier est civil et non pénal », déclare un juriste neutre consulté par Scooprdc.net qui estime que le PG Firmin Mvonde devra honnêtement s’en dessaisir à moins qu’il y ait anguilles sous roche.