Par Isidore Kwandja
Auteur du livre « Régime international des droits de l’homme à l’épreuve du climat : Cas de l’État insulaire des Maldives » et de plusieurs articles scientifiques sur le changement climatique mondial, et chercheur-universitaire sur le sujet de : « Principe responsabilité de Hans Jonas appliqué aux défis climatiques : Analyse comparée du principe des responsabilités communes mais différenciées », Isidore Kwandja Ngembo a été Conseiller à la Direction Afrique centrale et occidentale du Ministère des Affaires Étrangères et de Commerce International du Canada, chargé de l’Afrique centrale.
Il a également travaillé comme Analyste des politiques publiques à la Direction des Affaires Internationales sur le changement climatique au Ministère de l’environnement et changement climatique du Canada, chargé d’analyser les politiques environnementales de dix pays membres de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC) : Angola, Burundi, Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale, République démocratique du Congo, République Centrafricaine, Rwanda, Sao Tomé-et-Principe et Tchad, pour limiter les émissions de gaz à effet de serre, conserver et gérer de façon durable les écosystèmes forestiers du Bassin du Congo, pendant la Facilitation canadienne pour la mise en œuvre de la Feuille de route du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC).
En septembre 2015, Isidore Kwandja Ngembo a été finaliste du concours international de journalisme sur les enjeux du développement durable « Objectif 2030 », organiser par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) à New York, en marge du Sommet spécial des Nations Unies sur les objectifs de développement durable (ODD).
Ci-dessous sa réflexion sur Comment mobiliser les ressources financières internationales liées aux changements climatiques :
Selon les scientifiques, le réchauffement climatique est d’origine anthropique. Il a commencé et s’est amplifié pendant la révolution industrielle. Il est donc clair que le réchauffement climatique est bien d’origine humaine, et non pas naturelle. Il est dû aux activités humaines qui génèrent des émissions de gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone.
Il appartient donc aux humains de trouver des solutions idoines pour atténuer ses effets néfastes sur l’environnement et sur les populations pauvres d’Afrique notamment.
En effet, les principales activités humaines responsables du réchauffement climatique sont entre autres :
– les activités agricoles, d’exploitation de la terre et d’élevage ;
– la production industrielle, en particulier dans le secteur de l’énergie ;
– l’utilisation des moyens de transport routier, maritime et aérien ;
– le phénomène de déforestation et la gestion des territoires ;
– la surconsommation et la production de déchets qui en découle.
Leurs conséquences sur l’environnement et sur les humains sont également nombreuses, notamment :
– l’augmentation de la température moyenne mondiale ;
– le dérèglement climatique qui provoque des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les inondations, les tempêtes et les épisodes de sécheresse ;
– les pénuries d’eau et de denrées alimentaires ;
– les déplacements migratoires des populations.
Pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique, les humains doivent nécessairement réduire l’empreinte carbone. Il faudrait pour cela commencer par la réduction des émissions de gaz carboniques, comme le dioxyde de carbone, en privilégiant les ressources énergétiques renouvelables telles que l’énergie solaire.
Déjà en 1922, le chimiste suédois, Svante Arrhenius, était le premier qui a alerté l’opinion publique internationale sur les conséquences néfastes de la surconsommation des combustibles fossiles, en préconisant que : « Il devient nécessaire de trouver d’autres sources d’énergie, afin que la civilisation du monde ne s’effondre pas ».
Le Bassin du Congo, poumon mondial et deuxième plus grande forêt tropicale au monde après l’Amazonie, revêt une importance stratégique cruciale pour la préservation de l’environnement à l’échelle mondiale.
Ces forêts tropicales qui couvrent une superficie de près de 530 millions d’hectares, absorbent chaque année près de 4 milliards de tonnes de CO2.
Et pourtant, la sous-région d’Afrique centrale fait face à de multiples défis environnementaux majeurs, notamment une déforestation galopante, une dégradation inquiétante des terres cultivables, mais surtout une pauvreté extrême galopante alors qu’elle est dotée d’un potentiel important des ressources naturelles qu’elle offre au monde comme solutions aux problèmes climatiques.
Il y a une nécessité mondiale d’agir maintenant pour préserver ce poumon mondial. Il y a donc un besoin urgent d’injecter des ressources financières accrues pour mettre en œuvre des stratégies d’atténuation et d’adaptation, afin de faire face aux effets de changement climatique en Afrique centrale et particulièrement en République démocratique du Congo qui couvre une grande partie des forêts du Bassin du Congo, notamment en développant d’autres sources d’énergies renouvelables telles que l’énergie solaire préconisée par les scientifiques.
Quelle stratégie pour mobiliser les ressources financières ?
Avec les ressources naturelles dont dispose la République démocratique du Congo, qui contribuent dans la lutte contre le changement climatique mondial, il convient de mettre en place un Plan stratégique pour se faire entendre d’abord et une mobilisation tous les azimuts de ressources financières et technologiques nécessaires, non seulement destinées à l’adaptation et à l’atténuation des effets climatiques dans notre pays, mais également pour répondre aux besoins sociaux et économiques de nos populations.
La mise en place d’un tel Plan stratégique de mobilisation des ressources financières et technologiques nécessaires passe nécessairement par la création des structures appropriées et la sélection des ressources humaines outillées et capables de porter la voix de la RDC sur la scène internationale et de se faire entendre.
Aujourd’hui, les grandes nations, qui ont à cœur les questions des changements climatiques, ont développé différentes structures techniques et diplomatiques pour suivre à la minute près toutes les discussions internationales au sujet du réchauffement climatique mondial.
En plus du Ministère de l’environnement qui joue un rôle traditionnel et administratif, plusieurs États ont des ambassadeurs pour les changements climatiques, chargés uniquement de suivre les débats scientifiques, politiques, socio-économiques et diplomatiques sur les questions liées aux réchauffement changement mondial.
En effet, si les autorités de notre pays ont estimé nécessaire, cette fois-ci, de créer un Ministère Délégué au sein du gouvernement, chargé spécialement de la Nouvelle Économie du Climat, c’est parce qu’elles sont conscientes qu’il y a des ressources financières importantes que le pays pouvait aller mobiliser de ce côté-là.
Il y a donc nécessité de combler rapidement le poste de Ministre Délégué en charge de la Nouvelle Économie du Climat resté vacant jusqu’à ce jour, afin de permettre au pays d’être actif sur ce terrain qui est porteur de ressources financières importantes.
Toutefois, il est nécessaire de mentionner que bien que ce poste ministériel soit éminemment politique, le travail à faire est essentiellement technique et scientifique.
Ce poste exige idéalement des connaissances scientifiques sur les changements climatiques et des qualités de négociateur assidu qui doit non seulement être un habile diplomate mais aussi un fin stratège.
D’où la nécessité de porter le choix sur une personnalité, soit-elle politique, mais qui a une bonne connaissance scientifique sur les questions climatiques, un fin négociateur et habile diplomate.