La déserte en eau potable et la fourniture en électricité sont des priorités du gouvernement Judith Suminwa. C’est ce qu’a confirmé le ministre des Ressources hydrauliques et électricité, Teddy Lwamba, invité spécial du briefing presse de ce jeudi 18 juillet 2024 animé par le ministre de la communication et médias, Patrick Muyaya.
Aux professionnels des médias, le ministre des Ressources hydrauliques, Teddy Lwamba, a été soumis au jeu des questions-réponses sur son secteur.
Face à cet exercice, le ministre sectoriel a confirmé une augmentation positive de taux de fourniture en électricité, qui passe de 15 à 19% depuis son avènement à la tête de ministère.
« En 2024, le taux de la desserte en eau potable en République démocratique du Congo s’élève à 34 % et en électricité à 19 %. Le gouvernement de la République (…) par le ministère des Ressources hydrauliques et électricité s’engage à mettre des moyens pour réussir à doubler ce taux en 5 ans », a déclaré Teddy Lwamba Muba.
En ce qui concerne l’électricité, en 2023 la RDC affichait un taux d’électrification de 15 % à l’échelle nationale avec de fortes disparités entre les villes (35 %), les zones rurales (1 %) et les zones périurbaines (moins de 5 %).
Jusqu’à présent, la RDC continue à afficher un des taux d’électrification les plus bas du continent africain. Pourtant cet immense territoire, deuxième pays le plus grand d’Afrique, représente à lui seul 8 % du potentiel hydroélectrique mondial, une source d’énergie qui constitue 95 % du mix électrique du pays.
Abritant le plus grand fleuve du continent et le deuxième du monde après l’Amazonie en débit interannuel moyen, la RDC pâtit toutefois d’une faible capacité installée (moins de 3 000 mégawatts, dont la moitié est inexploitée par défaut de maintenance), et de l’absence de réseau de distribution intégré à l’échelle nationale.
Taux d’électrification le plus bas d’Afrique trouvé en RDC
Pour le ministre des Ressources hydrauliques, docteur en Génie électrique et ingénieur électromécanicien de formation, Teddy Lwamba Muba, ancien Directeur Général Adjoint de la Société Nationale d’Électricité (SNEL) précise que la RDC ne contient plus la production électrique suffisante pour répondre à ses besoins.
« L’histoire de la production d’électricité de la RDC s’est arrêtée en 1982. Alors, le temps s’est arrêté. Avec INGA 2, il n’y a plus eu de projet. Mais ce qui était intéressant, c’est qu’à l’époque, cette production d’électricité suffisait aux besoins », précise-t-il.
Ce bouleversement intervient depuis que la RDC a libéralisé le secteur minier en 1997. Ce secteur minier a augmenté la demande d’électrification.
« Ce boom-là a renversé la tendance. Ce qui a fait que la consommation et le besoin en électricité se sont accrus, mais on s’est rendu compte qu’on n’a pas libéralisé le secteur d’électricité au même moment que le secteur minier. On a été très vite rattrapé par le temps », a expliqué M. Lwamba Muba pour démontrer l’inadéquation entre l’offre et la demande en électricité en faisant constater que de nos jours, le pays importe 250 MW d’électricité de la Zambie pour soutenir son secteur minier.
« La Zambie d’hier, qui recevait de l’électricité de chez nous, nous recevons 250 MW. La Zambie injecte 250 MW en RDC qui appuie le secteur minier. Et la génération de la richesse de ces 250 MW génère 8 milliards sur notre PIB », a-t-il précisé.
Hormis la Zambie, le pays de Félix-Antoine Tshisekedi bénéficie de l’électricité de plusieurs autres pays voisins.
« Le poste de Buhandahanda qui sera lancé au niveau de Goma va permettre avec la ligne Nelsap, en contact avec le Kenya et l’Éthiopie, de recevoir très bientôt environ 50 à 100 MW de l’Éthiopie. L’Angola, avec la boucle de l’amitié, va injecter de la puissance ici. De Brazzaville, nous récupérons 25 MW par moments. Les Tanzaniens, avec leur nouvelle centrale, envisagent de fournir 100 MW à la RDC. Même la Centrafrique nous donne environ 2 MW avec Boali-Zongo», a dévoilé le ministre des Ressources hydrauliques.
Pour faire face à cette difficulté qui s’est imposée dans ce secteur, le ministre des ressources hydrauliques, M. Lwamba Muba sollicite de très sérieux investissements des grandes envergures dans le secteur de l’électricité.
« Nous devons très vite investir pour avoir de la production interne et répondre à ce monopole. Nous sommes un pays à vocation d’exportation, mais aujourd’hui, nous n’exportons rien », a-t-il remarqué tout en évoquant un dispositif de neuf sites qui pourraient être capables de générer 2500 MW et aussi un recours au leasing pour obtenir des équipements thermiques et photovoltaïques afin de combler le déficit énergétique.
« La dépendance aux importations d’électricité peut avoir des conséquences graves pour notre économie. Il est urgent de changer de politique et de développer un concept de défense énergétique pour le pays », a conclu le ministre.
Notons que le taux d’électrification national actuellement à 19% en 2024, la RDC pourra être comptée parmi les pays qui gèrent moins les taux les plus bas d’Afrique, avec de grandes disparités entre les zones urbaines et rurales.
Rappelons que la SNEL dispose d’un parc de production de 2416 MW, soit 96 % de la puissance installée dans le pays, principalement issu de centrales hydroélectriques.