Tribune de François Ndjeka Wandja.
Une révolution philosophique s’avère aujourd’hui plus que nécessaire pour amener l’élite congolaise à abandonner les principes qui l’ont déconstruite.
La corruption, l’avidité, la primauté de l’intérêt personnel sur l’intérêt général, le manque d’amour du prochain, l’impunité, le goût du lucre, l’enrichissement sans cause ainsi que l’ensemble des valeurs éthiques désapprises sont autant des racines de ce cancer qui colonise tout le corps social de la République démocratique du Congo.
Voilà pourquoi l’oncologue qui doit aider à guérir ce cancer doit concevoir une thérapie de choc : commencer par une éducation qui doit arriver à formater, à modeler, à initier le citoyen congolais à tout un univers des valeurs métaphysiques avant de procéder à l’ablation avec des scalpels acérés des parties sérieusement attaquées par l’affectation (le cancer).
Mais la sempiternelle question reste celle de savoir si nous, Congolais, avons des ressources morales suffisantes pour châtier ceux de nos fils délinquants. Cette question est d’autant justifiée par ce que nous voyons actuellement. Lorsque l’occasion se présente de pouvoir sanctionner les gestionnaires indélicats des deniers publics, notre justice devient brusquement molle.
Mais, en fait, que vaut une société où la sanction est l’exception et l’impunité la règle ?
Lorsque l’on remonte à l’origine latine du mot corruption, on trouve qu’il signifie « décomposition, putréfaction, détérioration ». Une société où règne la corruption est une société en décomposition, en putréfaction. C’est une société pourrie, altérée, arriérée.
La corruption est devenue comme un sport national dans notre pays. Mais c’est l’élite qui en porte le chapeau. Elle qui, ontologiquement, est appelée à conduire, à guider le peuple.
Littéralement versée à la course de l’enrichissement sans cause, cette élite est devenue aujourd’hui l’hydre à sept têtes. Aussitôt qu’une tête est coupée, que l’autre surgit immédiatement, de sorte que la fin du combat n’apparaît jamais.
NIETSCHE disait que « Celui qui lutte contre les monstres doit éviter de devenir lui-même un monstre ».
Cette élite qui devait conduire le peuple vers la lumière est devenue aujourd’hui le bourreau de ce même peuple : elle lui vole sans vergogne les richesses nationales qui devaient contribuer à sa prospérité matérielle.
Pendant les élections cette même élite s’est tournée, l’argent pour corrompre en mains, vers ce même peuple pour lui demander des suffrages afin de conquérir le pouvoir politique pour accéder encore à la source de l’argent facile.
Cette élite, une fois au pouvoir, oublie vite cette vérité séculaire que le PAPE FRANCOIS nous a rappelée lors de sa visite à Kinshasa que « Le Pouvoir n’a de sens que s’il devient Service ».
Le pouvoir doit être au service de l’intérêt général. Et non au service de la famille ou des amis.
Et comme le singe reste toujours un singe fut-il habillé de pourpre, ainsi que le disaient les Grecs, cette élite complètement dévoyée, s’est encore illustrée par des actes de corruption et de détournements des deniers publics après les dernières élections.
Un jeans troué restera toujours un habit troué même si on l’a acheté chez Chanel !
Voilà pourquoi nous préconisons une révolution philosophique qui nous permettra de redéfinir le type d’homme que nous souhaitons avoir en RD Congo. Il nous faudra aussi concevoir de nouveaux paradigmes pour Construire une nouvelle citoyenneté, pas celle qui se résume en une simple dénomination d’un ministère.
Il faut que les gens bons, ceux qui jouissent d’une pudeur morale ne se tiennent pas à l’écart comme ils le font présentement. Car leur silence est le meilleur allié de la perversité des gens nuisibles.
Les Congolais doivent cesser de s’enfermer dans des visions lénifiantes, doloristes et émotionnelles prêchées par des pasteurs inconscients et intéressés.
Ils doivent aussi et surtout abandonner des postures sclérosantes et écrasantes de victimes et qui font d’eux des attentistes d’un bonheur illusoire nourri par des promesses qui ne se réaliseront jamais.
Qu’ils retiennent qu’Il n’y a rien de noble et de grand qui s’obtient sans efforts et sans sacrifices dans cette Création !