RDC – Politique : Contre les détractions, Jean Lucien Bussa oppose l’intégralité de son intervention scientifique lors de la conférence-débat organisée récemment à l’Unikin

Le ministre du Portefeuille Jean Lucien est la cible de deux associations pro-Fatshi qui lui attribuent des propos qualifiés de « désobligeants » envers le président de la République et exigent sa démission du Gouvernement. Face à cette détractation et bien d’autres sur les réseaux sociaux, celui qui était à peine ministre au Commerce extérieur oppose l’intégralité de son intervention scientifique lors de la conférence-débat organisée récemment à l’Unikin où il était invité avec Vital Kamerhe, Augustin Matata Ponyo et tant d’autres éminents économistes du pays pour parler et débattre sur les questions du développement économique de la RDC.

Jean-Lucien Bussa affirme à Scooprdc.net que son exposé à l’Unikin a été tiré de son travail de fin d’études approfondies ; travail de DEA élaboré en 2010 et ça n’a rien à avoir avec le régime actuel de Félix Tshisekedi.

Ci-dessous, le sujet et l’intégralité de son intervention :  

STRATEGIES EN VUE DE LA DIVERSIFICATION ECONOMIQUE DE LA RDC

Par Son Excellence Jean Lucien BUSSA TONGBA.

  • Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat ( Avec l’expression de mes hommages les plus déférents)
  • Honorable   Président de l’Assemblée Nationale, Professeur Vital KAMERHE;
  • Honorables Députés et Sénateurs;
  • Son Excellence Madame la Première Ministre, Cheffe du Gouvernement (Avec l’expression de ma haute considération);
  • Monsieur le Gouverneur de la Ville-Province de Kinshasa;
  • Monsieur le Bourgmestre de la Commune de Lemba;
  • Monsieur le Professeur Jean-Marie KAYEMBE, Recteur de l’Université de Kinshasa;
  • Mesdames, Messieurs les membres du Comité de gestion de l’Université de Kinshasa;
  • Mesdames, Messieurs les Doyens des facultés;
  • Mesdames, Messieurs les Professeurs,
  • Mesdames, Messieurs les corps académiques, scientifiques et Administratifs;
  • Mesdames, Messieurs les étudiants
  • Distingués invités, en vos titres et qualités respectifs,

Avant toutes choses, permettez-moi de vous remercier de m’avoir invité à prendre la parole devant mes maîtres et éminents professeurs, à l’occasion de cette méga conférence débat.

  CADRE THEORIQUE

I.1. Quelques Définitions de la diversification

Mesdames, Messieurs les Professeurs,

La diversification économique est une stratégie mise en place par de nombreux pays pour réduire leur dépendance à un secteur économique spécifique et stimuler la croissance dans d’autres domaines [Porter, 1990 ; Hesse, 2008]. Les politiques de diversification économique varient en fonction des besoins et des caractéristiques propres à chaque pays.

 Hesse [2008] définie la diversification économique comme la transition vers une structure plus variée de la production nationale et des échanges, en vue d’augmenter la productivité, de créer des emplois et de jeter les bases d’une croissance soutenue permettant de réduire la pauvreté.

La diversification économique reste un défi pour la plupart des pays en développement et sans doute plus encore pour les pays ayant les plus faibles revenus, les petits pays, les pays sans littoral ou ceux dont l’économie est très dépendante des produits de base.

I.2. Diversification de la production et diversification des échanges

La Banque mondiale délimite le champ du débat sur la diversification économique, en faisant une distinction entre la diversification de la production nationale et la diversification des échanges commerciaux. [Banque mondiale, 2020]

La diversification de la production nationale résulte du déplacement de la production entre les secteurs, les industries et les entreprises. Elle reflète la dynamique de la transformation structurelle, car la diversification réussie de la production nationale implique une redistribution intra et intersectorielle des ressources, des activités à faible productivité vers les activités à plus forte productivité.

La diversification commerciale s’opère de manières suivante : (i) la diversification des exportations (ou des importations) de nouveaux produits (biens ou services); (ii) la diversification des exportations (ou importations) de produits existants vers ou en provenance de nouveaux marchés ; et (iii) la diversification des marchés; (iv) l’amélioration qualitative des produits exportés (ou importés).

La diversification de produits implique l’introduction de nouveaux produits et services par les entreprises ou industries existantes. En élargissant leur gamme de productions, les économies peuvent se protéger des déclins dans un domaine. La diversification de marchés renvoie à l’accès à de nouveaux marchés d’exportation ou à la conquête de nouveaux clients. Cela réduit la dépendance excessive sur un partenaire commercial unique. La diversification sectorielle concerne le développement de nouvelles industries et activités économiques au-delà des sphères traditionnelles d’un pays [Vernon, 1966].

I.3. Motivation pour la diversification

La diversification commerciale, l’amélioration de la qualité et la diversification sectorielle de la production nationale sont fréquemment liées. Le commerce est souvent l’un des facteurs clés de la diversification économique. De ce fait, l’intégration dans l’économie mondiale est à l’origine du succès des pays qui ont réussi à se diversifier dans les activités de fabrication, en particulier les pays émergents de l’Asie. Ce qui a entraîné un recul sans précédent de la pauvreté.

Pour les pays en développement, la diversification des exportations constitue un objectif en soi, pour réduire la vulnérabilité aux chocs commerciaux et stabiliser les recettes d’exportation, afin de migrer vers la diversification de la production. La diversification économique est associée à une baisse de la volatilité de la production dans les pays à faible revenu, ainsi qu’à une réaffectation sectorielle plus rapide. [FMI, 2014].

La diversification d’une économie à travers de multiples industries, produits et marchés atténue les risques et rend les nations plus résilientes face aux conditions mondiales changeantes. Un soutien stratégique de politiques et des initiatives du secteur public et privé sont vitaux pour réaliser les bénéfices économiques complets de la diversification.

I.4. Avantages de la diversification économique

Il est souvent avancé que ce n’est pas seulement le niveau des exportations qui mène à la croissance, mais aussi le degré de diversification de ces exportations ou de la base d’exportation. Les défenseurs de ce point de vue ont mis en lumière la forte incidence qu’a la diversification sur la croissance économique. Romer (1990] a considéré la diversification comme un facteur de production, tandis qu’Acemoglu et Zilibotti (1997] ont affirmé que la diversification pouvait accroître les revenus en permettant de répartir les risques liés à l’investissement sur un portefeuille plus large.

La diversification économique est une composante essentielle du développement économique, grâce à laquelle un pays s’oriente vers une structure de production et d’échanges plus variée. Une diversification économique insuffisante se traduit souvent par une plus grande vulnérabilité face aux chocs extérieurs, qui peut compromettre les perspectives de croissance économique à long terme.

En effet, il est particulièrement difficile de parvenir à une croissance induite par le commerce, qui réduit la pauvreté, dans les pays dont l’économie dépend fortement des produits de base. Les pays non connectés aux marchés régionaux ou mondiaux, pour des raisons géographiques, ont aussi du mal à diversifier leur production et à modifier la physionomie de leurs exportations.

Les recherches ont constamment montré que les économies plus diversifiées ont un plus grand potentiel de croissance à long terme, car elles sont moins touchées par les chocs externes de la demande. De plus, elle permet aux pays de tirer profit de leurs avantages comparatifs dans de multiples domaines de spécialisation, plutôt que dans un seul [Hausmann et all., 2007].

          Les avantages spécifiques comprennent des opportunités accrues d’exportation dans le monde entier, car la diversification ouvre des nouveaux marchés au-delà des produits traditionnels d’un pays. Plus de secteurs offrent plus d’emplois à différents niveaux de compétences, ce qui contribue à lutter contre le chômage. Les nouvelles industries stimulent également l’innovation, car les idées peuvent se transférer entre des domaines qui n’interagiraient pas autrement [FMI, 2020].

I.5. Politiques de diversification économique

          Les politiques de diversification économique peuvent varier en fonction des besoins et des caractéristiques de chaque pays. Il s’agit des stratégies mises en place, par de nombreux pays, afin de réduire leur dépendance à un secteur économique spécifique et stimuler la croissance dans plusieurs secteurs d’activités. Les politiques couramment utilisées concernent :

  • Les investissements dans la recherche scientifique et la technologie, afin de favoriser l’innovation et la création de nouvelles industries. Cela se fait par le biais de subventions, de crédits d’impôt ou de partenariats public-privé ;
  • Les programmes de formation et d’éducation axés sur les compétences nécessaires pour les nouvelles industries émergentes, afin de créer une main-d’œuvre qualifiée et adaptable, capable de soutenir la croissance économique dans différents secteurs ;
  • Les incitations fiscales et réglementaires spéciales, offertes par les gouvernements, afin d’encourager les investissements dans des secteurs spécifiques. Cela peut inclure des réductions d’impôt, des exemptions de droits de douane, des réglementations assouplies ou des procédures administratives simplifiées ;
  • La fourniture « gratuite » des biens publics, comme c’est le cas des routes, des ports, des aéroports et des réseaux de télécommunications, afin de créer des incitations à investir ou à pallier aux éventuels défauts d’incitation. Ces investissement facilitent le développement de nouvelles industries, tout en permettant aux entreprises d’accéder aux marchés nationaux et internationaux de manière efficace ;
  • L’encouragement des Partenariats public-privé, afin d’encourager les investissements dans des industries clés. Cela peut se faire par le biais de collaborations en matière de recherche et développement, de financement conjoint de projets ou de programmes d’incubation d’entreprises ;
  • La diversification des exportations, en encourageant les entreprises à explorer de nouveaux marchés et à réduire leur dépendance à un seul marché. Cela peut être réalisé en fournissant des informations et un soutien aux entreprises, en organisant des missions commerciales ou en négociant des accords commerciaux favorables ;
  • La promotion de l’entrepreneuriat, en fournissant un environnement favorable à la création d’entreprises. Cela peut inclure des mesures telles que la simplification des procédures de création d’entreprises, l’accès facilité au financement et le soutien aux jeunes entreprises en phase de démarrage.

Il convient, toutefois, de noter que les politiques de diversification économique sont souvent adaptées aux caractéristiques et aux priorités spécifiques de chaque pays. Une approche réussie de la diversification économique nécessite une combinaison de politiques cohérentes et de mesures adaptées au contexte national.

I.6. Indicateurs de la diversification économique

L’économie d’un pays est plus stable et résiliente lorsqu’elle est diversifiée dans différents secteurs au lieu de dépendre excessivement d’une seule industrie. Certains indicateurs aident à évaluer le progrès d’un pays vers une économie plus résiliente et stable, à travers la diversification de ses moteurs de croissance.

Il existe plusieurs indicateurs pertinents, devant permettre d’apprécier le niveau de diversification économique d’un pays. C’est le cas notamment :

  • Le développement de nouvelles industries dans des domaines innovants et porteurs pour l’avenir montre qu’une économie sait s’adapter et répartir ses risques [UNCTAD, 2018]. Par exemple, l’essor récent des énergies vertes et des technologies de pointe en France témoigne d’une diversification prometteuse.
  • La part du PIB provenant des biens et services exportés en dehors des secteurs traditionnels donne une idée de la diversité des exportations. Plus cette part est élevée, meilleure est normalement la résilience de l’économie aux fluctuations d’un seul marché [OCDE, 2020].
  • Le nombre croissant d’entreprises privées créées dans de nouveaux secteurs, comme les technologies ou le divertissement, démontre la capacité d’innovation et l’esprit d’entreprise d’une économie [Banque Mondiale, 2019].
  • Une baisse du chômage dans diverses industries au lieu que dans une seule prouve que la croissance profite à divers domaines, signe d’une économie équilibrée [INSEE, 2021].

La diversification d’une économie à travers de multiples industries, produits et marchés atténue les risques et rend les nations plus résilientes face aux conditions mondiales changeantes. Un soutien stratégique de politiques et des réformes structurels sont nécessaire pour réaliser les bénéfices économiques complets de la diversification économique.

II. CIRCULARITE ENTRE LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET LE COMMERCE INTERNATIONAL

Les questions du lien entre le commerce international et la croissance économique est réellement ancienne, dans la mesure où les périodes d’expansion économique correspondent à des périodes d’ouverture internationale. Cette dernière est censée   avoir un impact positif sur la croissance de la productivité totale des facteurs, et donc sur la croissance économique.

Pour mieux appréhender le lien de circularité entre la croissance économique et le commerce international, il est important de répondre aux préoccupations latentes qui se résument en ces termes :

  • pourquoi les pays décident-ils d’échanger entre eux des biens et services ;
  • pourquoi choisissent-ils d’échanger tels biens et services plutôt que tels autres ; et,
  • pourquoi choisissent-ils de promouvoir la production de tels biens et services contre tels autres.

On distingue donc quatre courants théoriques pour examiner la circularité entre la croissance économique et le commerce international, à savoir :

II.1. Théorie de la croissance endogène

D’après la théorie de la croissance endogène, la diversification des exportations peut effectivement favoriser la croissance à long terme en passant quatre principaux moteurs de la croissance à savoir : (i) le capital physique (machines, infrastructures, …) ; (ii) le capital humain (éducation, formation, …) ; (iii) la recherche et développement ; et (iv) les externalités positives et les rendements d’échelle croissants.

Par ailleurs, la diversification des exportations permet de générer des rendements d’échelle croissants, ce qui consolide le lien entre l’ouverture commerciale et la croissance économique  [Grossman et Helpman, 1991], [Agosin, 2007] ; [Herzer et Nowak-Lehman, 2006].

II.2. Théorie de la complexité économique

D’après la théorie de la complexité économique, la diversification des exportations n’est pas seulement une question de produits, mais reflète la diversité des capacités productives d’un pays.

Plus un pays est capable de produire une grande variété de biens, plus son espace des produits est diversifié et complexe [Hausmann et all., [2014]. Ainsi, des politiques de diversification robustes peuvent amortir les économies face aux chocs externes.

II.3. Théorie des avantages comparatifs dynamiques

La théorie des avantages comparatifs dynamiques suggère que la diversification des exportations peut stimuler la croissance économique en permettant aux pays de tirer parti de leurs avantages comparatifs dynamique [Dorner, 2000].

Elle montre aussi comment les pays peuvent dépasser leurs spécialisations initiales, et se diversifier pour accroître leur compétitivité à long terme. Cela nécessite cependant des politiques volontaristes d’investissement et de développement des capacités productives nationales.

II.4. Théorie d’interaction avec les politiques économiques

Les politiques économiques jouent un rôle clé dans la diversification de la production d’un pays, en particulier dans les pays en développement. Une stratégie de développement réussie nécessite un équilibre entre l’ouverture commerciale et le soutien sélectif à certains secteurs de production [Rodrick, 2010].

Cependant, Rodrick souligne que l’ouverture commerciale seule ne suffit pas, car elle peut conduire à une spécialisation excessive dans les secteurs où un pays a des avantages comparatifs stratégiques, sans favoriser la diversification. Il préconise donc des politiques industrielles ciblées, visant à développer de nouvelles capacités de production dans des secteurs où le pays dispose d’un potentiel de croissance.

III. COMMERCE INTERNATIONAL, DIVERSIFICATION ECONOMIQUE ET CROISSANCE ECONOMIQUE

Le débat sur le commerce international et la croissance économique montre que la diversification économique, dans le contexte de la mondialisation des échanges, est un puissant levier de croissance et de création d’emplois, à condition que le pays sache exploiter les opportunités qu’elle génère de manière stratégique. Les économies qui ont réalisés des performances spectaculaires, en matière de croissance, l’ont bien compris. L’ouverture d’une économie aux échanges, et investissements internationaux, présente à la fois des opportunités et des défis pour un pays.

D’un côté, le commerce international donne accès à de nouveaux marchés qui peuvent stimuler la croissance grâce à des exportations et emplois créés plus importants. Elle permet également d’attirer les capitaux étrangers pour soutenir les investissements intérieurs dans des secteurs comme les infrastructures et les technologies [Banque mondiale, 2020]. Cependant, une ouverture plus grande expose également l’économie à des risques et une concurrence extérieure.

Alors que les échanges commerciaux internationaux augmentent de façon exponentielle, il est impératif de comprendre la relation entre l’ouverture des marchés d’un pays et la diversification de son économie domestique.  La « diversification économique » n’est rien d’autre qu’une transition d’une économie, loin de la dépendance envers un nombre limité de secteurs ou produits, vers de multiples nouvelles activités économiques, avec pour objectif ultime l’amélioration de la croissance économique.

Une plus grande ouverture économique expose les industries nationales à la compétitivité internationale. Cette pression concurrentielle incite les industries restantes à innover et à améliorer leur efficacité simplement pour rester à flot, tout en incitant également un pays à cultiver de nouvelles industries auparavant non compétitives [FMI, 2018].

Le Groupe de la Banque mondiale, le FMI et l’OCDE analysent de manière approfondie les relations entre la liberté commerciale, la croissance des exportations et l’évolution des structures économiques. Leurs recherches valident de manière constante la proportionnalité directe – une ouverture accrue stimule la diversification en réduisant la volatilité et l’instabilité économiques, et stimule la croissance [Santos-Paulino & Squicciarini, 2020].

Ainsi, la politique de la diversification économique devrait être une priorité stratégique, pour les plans de développement national. Les preuves démontrent clairement qu’elle mène à des économies plus solides et résilientes, et mieux équipées pour offrir des opportunités et de la prospérité de grande envergure à long terme pour leurs citoyens.

IV. DIVERSIFICATION ECONOMIQUE FACE AUX ENJEUX DE LA MONDIALISATION

Il n’existe pas de recette miracle pour diversifier une économie. Cependant, de multiples voies peuvent être suivies pour réussir par la diversification économique. Plus un pays se développe, plus les trajectoires de diversification économique qui s’offrent à lui sont nombreuses.

Dans les pays très peu développés sur le plan économique, la priorité est généralement d’asseoir l’économie sur des bases solides. L’économie de la Malaisie, par exemple, reposait auparavant sur les produits primaires. Aujourd’hui, elle est intégrée aux chaînes de valeur mondiales dans une large gamme de secteurs (manufacturiers, pour la plupart), et a développé de nouveaux produits. Du coup, le pays est compétitif sur de nouveaux marchés, et son panier d’exportations contient davantage de produits hautement élaborés.

Le Chili a choisi de moderniser son secteur exportateur traditionnel dominé par les ressources naturelles (développement de services annexes et logistiques pour soutenir l’essor des exportations de cuivre), et de diversifier sa production nationale pour exporter de nouveaux produits agricoles (développement de la salmoniculture et des exportations de vins, par exemple).

Après avoir longtemps exporté un nombre limité de produits de base agricoles (bananes et café non transformé), le Costa Rica a, depuis quelques décennies, axé sa stratégie de développement sur l’insertion dans les chaînes de valeur régionales et sur les mesures destinées à attirer l’IDE dans l’économie. Le pays exporte actuellement plus de 4 000 produits différents, en particulier des dispositifs médicaux et des composants informatiques, ainsi que divers services à haute valeur ajoutée.

Tout comme le Costa Rica, les Émirats arabes unis possèdent plusieurs atouts, parmi lesquels une administration efficace, un cadre macroéconomique stable, de bonnes infrastructures et une localisation privilégiée. Ils ont suivi une stratégie de diversification centrée sur l’exportation de nouveaux services aux entreprises, l’exploitation des externalités d’agglomération et la construction d’une plate-forme commerciale à bas coût [GELB, 2010].

Alors que le programme de la politique du commerce et de l’investissement constitue le pivot de la stratégie de diversification économique, la plupart des pays africains peine à offrir sur le marché international une gamme variée des produits compétitifs. A l’instar de la RDC qui demeure à ces jours une économie insuffisamment diversifiée et extravertie.

En effet, l’économie de la RDC dépend des importations dont plus de 60% représentent les biens d’équipement et 30% les biens de premières nécessité. Sa structure des exportations comprend plus de 90% des produits miniers et moins de 3% des produits manufacturés et autres.

Il est donc impérieux que la RDC dispose d’une stratégie de diversification dont la priorité doit aller à la politique commerciale et industrielle du fait que la RDC est à même de procéder à une transformation de sa structure économique par la diversification. Pour ce faire, il faudra mettre en place et implémenter des politiques des politiques dynamiques et cohérentes à partir de l’offre traditionnelle à savoir :

  • l’importation des technologies et des biens d’équipement;
  • l’importation des produits intermédiaires
  • l’ouverture aux investissements directs étrangers;
  • l’accès à des marchés d’exportation qui permet de découpler la production à la demande intérieure;

Les importations des biens d’équipements sont favorisées par des politiques douanières et parfois fiscales accommodantes voir incitatives, exempter de droits de douanes et autres taxes afin de réduire le coût d’investissement.

La RDC doit mener une politique commerciale stratégique faisant référence à une approche volontariste du Gouvernement pour orienter le commerce international dans un sens qui serve les intérêts économiques et stratégiques nationaux. Cette politique devra viser:

  1. le développement des industries nationales compétitives sur le marchés mondiaux,
  2. la protection des secteurs économiques jugées stratégiques ou sensibles,
  3. L’acquisition d’un avantage concurrentiel dans les domaines technologiques clees,
  4. L’ utilisation du commerce comme levier pour atteindre les politiques étrangères.

Les principaux instruments de cette politique stratégique sont principalement : 

  1. Les Politiques tarifaires (droits de douane, contingentement);
  2. Les Subventions et aides publiques ciblées pour certaines industries;
  3. La réglementation des investissements étrangers;
  4. Le soutien des pouvoirs publics à la recherche développement et l’innovation;
  5. La conclusion d’accords commerciaux préférentiels.

Quant à la politique industrielle, le pays doit s’orienter sur : 

  • l’industrialisation en vue de la transformation des produits primaires locaux (produits miniers et produits agricoles principalement). La RDC aura l’occasion de promouvoir sa transformation économique par un processus d’industrialisation basé sur ses ressources naturelles (à l’instar du Chili);
  • l’industrialisation en vue de la substitution des importations. Au regard des avantages comparatifs dont dispose la RDC, il y a lieu de subsituer ses importations par la production nationale (produits manufacturés) et gagner ainsi en terme de valeur ajoutée, d’économie des devises, de création d’emplois ainsi que le développement de l’industrie locale;
  • l’industrialisation en vue de la promotion des exportations du pays. Au regard des volumes, des variétés et des valeurs des produits échangés sur le marché mondial, le pays peut offrir sa production nationale (préalablement développée) dans le marché mondial;
  • l’industrialisation par la segmentation de la production locale. Il est question ici d’une industrialisation conçue à la fois comme multiplicateur des activités industrielles et comme transformation des produits d’industrialisation (montage des véhicules).

Pour cela, la politique industrielle stratégique devra se servir de certains leviers de l’intégration internationale, à savoir :

  1. Accroître l’offre infrastructurales (assurer la connectivité physique du pays);
  2. Garantir la sécurité physique et la sécurité judiciaire grâce à la qualité des institutions et du leadership politique;
  3. Améliorer l’offre énergétique;
  4. Faciliter l’accès au numérique et à la connectivité;
  5. Mettre en oeuvre des politiques d’incitation aux investissements, des politiques fiscales attractives afin de rendre l’économie compétitive;
  6. Mettre en place une politique économique cohérente et efficace visant la croissance et la diversification de l’économie.

Merci de votre attention, et je reste disponible pour les éclaircissements que les maîtres et éminents professeurs voudraient avoir.

Jean Lucien BUSSA TONGBA

  • Bendélé Ekweya té

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