L’histoire de nomination contestée des commissaires généraux au sein des gouvernements provinciaux se répète, mais avec des acteurs différents. Déjà sous le gouvernement Ilunkamba, le premier du premier quinquennat de Félix Tshisekedi, le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Gilbert Kankonde Malamba, s’était farouchement opposé à la nomination des personnes à cette fonction de commissaire général non prévue ni par la Constitution, ni par aucune loi.
En effet, dans son message officiel du 12 septembre 2019, le VPM Gilbert Kankonde enjoignait tous les gouverneurs de province d’uniformiser les structures de leurs gouvernements. Il s’agissait notamment de supprimer les fonctions de commissaires généraux ; fonctions d’après Kankonde, non règlementaires et superfétatoires. Non sans raison, il s’était appuyé sur l’article 198 de la Constitution qui ne fait nullement mention des commissaires généraux, mais limite clairement la composition du gouvernement provincial à un gouverneur, un vice-gouverneur et aux dix ministres provinciaux.
L’on se rappelle même qu’il y avait eu à l’époque un couac entre le VPM UDPS Gilbert Kankonde et le gouverneur PPRD de Kinshasa Gentiny Ngobila qui avait entêté ses collègues du FCC à ne pas obtempérer à l’ordre de ce VPM, émanation de CACH.
Si la rébellion de Ngobila à l’époque était dictée par le symptôme d’une fracture plus profonde entre la coalition FCC-CACH, aujourd’hui celle du nouveau gouverneur, de surcroît émanation de l’UDPS, parti au pouvoir, d’obtempérer aux directives du VPM de l’Intérieur aussi de l’UDPS ne peut s’expliquer que par deux raisons : soit le gouverneur Daniel Bumba est complètement ignorant de la Constitution et ne s’est fait pas assister par des conseillers dans la prise de sa décision, ce qui n’est pas évident, soit il l’a fait sciemment, s’outrepassant tout simplement de Jacquemin Shabani.
Sinon, comment peut-on comprendre que le VPM de l’Intérieur ait communiqué des directives aux gouverneurs avant la composition de leurs gouvernements et leurs investitures par les assemblées provinciales, leur rappelant notamment au point 3 de sa correspondance le respect du nombre des ministres prévu par la loi qui ne dépasse pas 10, tout en martelant que les Commissaires ne sont pas prévus, mais qu’un gouverneur UDPS nomme dans son gouvernement, outre 10 ministres, 10 commissaires généraux aux attributions parfois confondables aux celles des ministres, rien que pour satisfaire le clientélisme politique budgétivore ? Comment Jacquemin Shabani, issu de l’UDPS comme le Gouverneur de Kinshasa, va-t-il se comporter face à cette bravade de Daniel Bumba : rappeler à l’ordre et faire annuler son arrêté ou fermer les yeux ? Croisons les doigts et attendons voir !