Convenance personnelle, c’est la raison avancée de la démission de la ministre déléguée en charge de la nouvelle économie du climat. Mais cette formule génériquement utilisée souvent par les démissionnaires, ne transparait nullement la vraie justification du départ de la dame du poste, sept jours seulement après l’investiture du gouvernement par l’Assemblée nationale. Non sans raison, car en lisant son post sur son compte X, l’on comprend entre les lignes que le vrai mobile de sa démission, n’est pas exprimé.
« En dépit de cette décision difficile, passionnée par le monde que recèle la Nouvelle Economie du Climat, je serai toujours prompte à mettre mon expertise politique, diplomatique et technique, au profit de mon pays que j’aime tant », a-t-elle écrit sur son X juste après avoir déposé sa démission dont le président de la République s’est hâté de prendre acte avant de s’envoler pour l’Afrique du sud où il est allé assister à l’investiture du président Cyril Ramaphosa.
Partant de ce dernier paragraphe du tweet de Stéphanie Mbombo, tout analyste peut se questionner : pourquoi parler d’une décision difficile si elle avait été prise délibérément ? Pourquoi partir et laisser quelque chose dont on est passionnée ? Pourquoi promettre de mettre prochainement votre expertise politique, diplomatique et technique alors que l’occasion vous est offerte de le faire dans le présent, vous qui avez déclaré après votre participation à la première réunion du conseil des ministres que vous ambitionniez de « placer la RDC sur l’orbite d’une nouvelle économie, celle du climat, consistant à transformer la coopération basée sur l’aide au développement vers un partenariat gagnant-gagnant basé sur l’immense apport de nos ressources naturelles pour lutter contre le changement climatique » ? Les réponses à toutes ces questions vont certainement démontrer que cette démission a des raisons réelles ailleurs qui conduisent à plusieurs hypothèses développées dans différents salons politiques.
La première. On raconte que Stéphanie Mbombo s’est rendue à Brazzaville, juste un jour après l’investiture du gouvernement, où elle a rencontré le président Denis Sassou Nguesso. Elle y était dépêchée, selon elle, par le Chef de l’État dans le cadre du Fonds Bleu et de la Commission Climat du Bassin du Congo pour s’entretenir avec le président de la République du Congo par rapport au langage commun que doivent avoir les deux pays à la Cop29 qui sera organisée en novembre prochain à Bakou en Azerbaïdjan.
Mais seulement, ce déplacement s’est effectué avec un ordre de mission signé par Guylain Nyembo, directeur de cabinet sortant du président de la République, alors que ce dernier était déjà nommé vice-premier ministre en charge du Plan. Ce qui n’aurait pas plu à la première ministre Judith Suminwa et à la ministre d’Etat en charge de l’Environnement, Eve Bazaiba. On raconte même que Bazaiba l’aurait interpellée pour qu’elle rentre au pays mais Mbombo aurait boudé l’ordre de son titulaire, prétextant qu’elle se rendait à Brazzaville avec sa casquette de Conseillère de Félix Tshisekedi au climat. Un affront intoléré par la première ministre qui aurait réclamé cette démission. Donc, un problème d’ego entre femmes.
La deuxième hypothèse entendue à la présidence de la République parle de « trahison ». Elle aurait commis une faute grave à Brazzaville. S’il est vrai qu’elle était envoyée par le président Tshisekedi, ce qui peut être vrai au regard de la vidéo en circulation sur les réseaux sociaux démontrant Stéphanie Mbombo en train de remettre une farde au président Denis Sassou Nguesso et s’entretenir avec ce dernier, c’est dans le contenu de leur conversation qu’elle l’aurait trahi. En effet, d’après les indiscrétions à la présidence de la République parvenues à Scooprdc.net, Stéphanie Mbombo aurait bradé, mieux minoré la quotité de la RDC en termes de crédit carbone à la Cop29 et aurait entretenu une relation pas très bien avec le président Sassou et les Services ont fait rapport au Boss. Ce qui aurait énervé Fatshi. A la réunion du Conseil des ministres vendredi 14 juin dernier, rapporte-t-on à Scooprdc.net, le président de la République n’aurait pas été tendre avec sa cousine. « Toi là, tu fais quoi encore ici ? Je t’avais demandé de déposer ta démission ! », lui aurait-il balancé.
Quelle est alors la vrai version de la démission de Stéphanie Mbombo au regard de toutes ces hypothèses : convenance personnelle et démission forcée ? Seul l’avenir nous dira la vérité, rien ne restant éternellement caché.