« Buveuse du sang » des Congolais tués injustement dans l’Est de leur pays à cause de l’exploitation illégales de leurs minerais stratégiques par le Rwanda, lesquels elle utilise malheureusement dans la fabrication de ses produits, notamment le téléphone IPhone et l’ordinateur Macbook, la société américaine Apple se voit traduite devant la justice aux Etats-Unis et en France par le gouvernement congolais.
En effet, contre cette bénéficiaire des minerais de la contrebande, le gouvernement congolais a engagé et mandaté deux cabinets d’avocats de renommée internationale pour la poursuivre en justice simultanément à Californie aux Etats-Unis et à Paris en France. Ainsi, les avocats du cabinet William Bourdon et du cabinet Robert Amsterdam qui séjournent à Kinshasa, l’ont fait savoir à la presse, jeudi 13 juin dernier au cours d’un briefing organisé par Patrick Muyaya, ministre de la Communication et médias, porte-parole du gouvernement.
Sans dévoiler les cartouches qu’ils ont pour abattre la géante américaine de la technologie devant les juges, Me William Bourdon et Me Peter Salas ont avoué qu’ils ont l’obligation des résultats dans cette action judiciaire pour obtenir réparations des préjudices subis par les Congolais dans la partie Est de leur pays. Cette démarche qui n’est pas seulement dirigée contre Apple mais aussi contre d’autres sociétés multinationales utilisatrices des minerais de sang, vise à décourager tout consommateur final de ces minerais de la contrebande.
« Ce qui se passe dans l’Est de la RDC est inacceptable, il faut agir, il faut trouver des vecteurs d’influence et nous croyons pouvoir montrer à la fois aux utilisateurs, aux acheteurs des téléphones qui se vendent aux Etats-Unis et en Europe à plus de 1000 euros la pièce, qu’il y a du sang dans ces téléphones. Vous êtes complices quand vous achetez un téléphone rouge, il faut ouvrir vos yeux. Tout le monde sait ce qui se passe dans l’est de la RDC, mais personne n’en parle en Occident. Non, il faut changer ça. En Europe, aux Etats-Unis, au Canada, en Asie, dans le monde entier, tout le monde doit savoir ce qui se passe dans la chaîne d’approvisionnement du téléphone qu’ils ont dans leurs poches. Nous allons mener cette campagne jusqu’au bout, nous n’allons pas lâcher », a déclaré Me Peter Salas du cabinet Robert Amsterdam.
Il faut dire qu’avant cette action judiciaire contre la société Apple, les deux cabinets d’avocats lui avaient adressé le 25 avril dernier une mise en demeure, l’avertissant qu’elle pourrait faire l’objet d’une action en justice si la pratique d’achat des minerais de la contrebande continuait.
Mais à ce courrier des avocats, Apple a réservé une réponse « laconique » qu’on peut considérer comme une « forme de mépris, de cynisme, d’arrogance », a fait remarquer Me William Bourdon, parlant d’un « déni des risques judiciaires qui pèsent sur cette compagnie.
Outre cette mise en demeure, les deux cabinets ont également publié un rapport intitulé «Blood Minerals – The Laundering of DRC’s 3T Minerals by Rwanda and Private Entities» ou « Minerais du sang. Le blanchiment des minerais 3T par le Rwanda et des entités privées ». La couverture du rapport est ornée d’une déclaration popularisée par les footballeurs congolais lors de récentes manifestations silencieuses à la CAN en Côte d’Ivoire : « Tout le monde voit les massacres dans l’est du Congo. Mais tout le monde se tait. »
Dans ce rapport, ils démontrent qu’année après année, Apple vend des technologies fabriquées avec des minéraux provenant d’une région dont la population est dévastée par de graves violations des droits de l’homme. Bien qu’Apple ait affirmé vérifier l’origine des minéraux qu’elle utilise pour fabriquer ses produits, ces affirmations, selon le rapport, ne semblent pas être fondées sur des preuves concrètes et vérifiables.
« Les yeux du monde sont grands fermés : la production rwandaise de minéraux clés 3T est proche de zéro, et pourtant les grandes entreprises technologiques affirment que leurs minerais proviennent du Rwanda », déplorent les deux cabinets d’avocats dans leur rapport, s’inquiétant de l’ampleur et la durée de ces activités honteuses, lesquelles ont causé des torts et des souffrances inimaginables à la population civile des zones minières dans l’est de la RDC.
Signalons que les deux cabinets d’avocats engagés et mandatés par l’Etat congolais, travaillent en collaboration avec la Task force justice internationale mise en place par le gouvernement congolais, structure dirigée par le professeur Ivon Mingashang.