Dédollarisation de l’économie congolaise déclenchée par Malangu Kabedi : Très sceptique, Jean-Claude Masangu préconise d’abord une stabilité d’entre 10 à 15 ans du FC !

L’ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC), Jean-Claude Masangu parait très sceptique face à la démarche entreprise par la nouvelle gouverneure Malangu Kabedi d’obliger toutes les institutions financières et autres établissements commerciaux, notamment les supermarchés, à paramétrer leurs terminaux de paiement uniquement en francs congolais en vue de valoriser cette monnaie locale.   

Sans s’opposer à cette démarche, celui a dirigé la BCC pendant 16 ans (1997-2013) sous les Kabila père et fils, fait remarquer que selon les études scientifiques par lui menées à la BCC quand il fut gouverneur de cette institution d’émission, les pays qui étaient confrontés à l’objectif de dédollarisation et qui avaient réussi, avaient connu entre 10 et 15 ans de stabilité de leur monnaie nationale. Pour lui, c’est un grand préalable cette stabilité monétaire.

Il faut savoir que lorsque le gouvernement Matata avait pris la décision de dédollariser l’économie en 2014, il n’était pas pour d’autant plus qu’il n’avait stabilisé le FC autour de 910-920 FC que pendant 5-7 ans. Pour lui, il fallait que Matata attende jusqu’à 10 ans cette stabilité pour que la population congolaise ait confiance en la monnaie de son pays.

« L’avenir me donnera raison puisque le gouvernement n’avait réussi qu’à imposer l’affichage des prix en francs congolais. L’affichage des prix peut changer semaine après semaine si pas au jour le jour », a-t-il fait remarquer dans sa réflexion avec d’expliquer que la longue période de 10-15 ans selon les études permet à une population donnée d’avoir suffisamment confiance en sa propre monnaie et de ne pas recourir aux devises étrangères, en l’occurrence le dollar. 

« N’oublions pas que nos dépôts bancaires sont à 90-95% constitués en USD. Les transactions en ligne et électroniques que j’avais  introduites en 2010 (ATM, cartes de crédit et débit, Airtel Money, Tigo Cash devenu Orange Money et M-Pesa) se font en USD proportionnellement aux dépôts en banques. Si les transactions dans les magasins à travers les terminaux de paiement électronique (TPE), un moyen de paiement complémentaire, se font théoriquement à concurrence de 13 % selon la BCC, rien d’étonnant par rapport aux dépôts en banque. Les paiements par M-Pesa et consorts tout comme les ATM sont programmés pour se faire soit en USD soit en CDF. Mais le choix de la clientèle se porte à 90-95 % sur les dollars », explique-t-il avant de préciser que « le vrai problème d’aujourd’hui c’est la stabilité du taux de change et des prix et non pas les paiements en USD à travers les TPE. Il faut s’y attaquer à travers une politique budgétaire conduite en synergie avec une politique monétaire capable de lisser les éventuels excès budgétaires. On parle très souvent du besoin de diversification de l’économie pour régler les maux liés à l’instabilité monétaire ». 

Pour l’ancien gouverneur de la BCC, cette diversification ne peut se faire qu’avec un bon climat des affaires qui encourage les privés à produire localement, transformer localement, consommer localement, épargner et investir localement ainsi qu’engager localement pour donner de l’emploi aux jeunes, hommes et femmes. 

Il faut rappeler que Jean-Claude Masangu Mulongo fut, dès sa nomination à la tête de la BCC, l’artisan de la réforme monétaire qui a vu la création du franc congolais. Avant d’arriver à la BCC, il était directeur général de Citibank Zaïre. En économiste de formation, il connait parfaitement le secteur monétaire et tous ses méandres et dispose d’une expérience avérée en la matière à ne point douter.

  • Bendélé Ekweya té

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