L’on aurait cru à une pièce de théâtre de chez nous si l’on ne connaissait pas la notoriété politique et la crédibilité de la personne que l’on a vue dans une vidéo à Rabat au Maroc ce, devant la tombe du maréchal Mobutu, ancien président du Zaïre (actuelle RDC), en train d’implorer sa pitié. La personne sur cette vidéo c’est Jean-Claude Vuemba, ancien président de l’Assemblée provinciale du Kongo central et plusieurs fois député national.
En effet, dans cette vidéo balancée ce dimanche 09 juin 2024, soit deux jours après l’anniversaire de celui qui avait été le président le plus fort et respectueux de l’Afrique Centrale, Mobutu Seko Seko, l’on voit « Mbuta Mashakado » (Ndlr : surnom de Jean-Claude Vuemba quand il était jeune) devant sa tombe en train de lui parler.
« Je suis venu à vous papa maréchal me recueillir et me rapprocher de votre esprit comme le fais fois que j’en ai l’occasion. Les Bambuta disent : Samba nkulu aku, ku sambi nkulu nkuenu ko. Je m’adresse donc à vous, un des grands esprits du Congo Zaïre, comme je m’adresse aux Bankulu et aux Bisimbi Kongo parce que je me suis toujours reconnu en vous, pour avoir parrainé et fait confiance mes débuts en politique », vocifère JC Vuemba.
Et d’ajouter plus fort : « La visite d’aujourd’hui est particulière. Je me suis en effet souvenu d’une parole douloureuse que vous aviez eu à prononcer au cours de votre règne, sans doute agacé par tant d’ingratitudes, vous aviez lancé l’anathème : « Après moi c’est le déluge ». Nous y sommes malheureusement ! Je viens pour cela vous demander aujourd’hui de nous délier, de délier le pays de cette terrible et malheureuse sentence ».
Sans mâcher les mots, JC Vuemba dit à Mobutu que le Congo va mal, très mal. Pour lui, la parole prononcée par Mobutu sûrement dans un contexte d’incompréhension, vaut aux Congolais (ex-zaïrois) les désagréments et le désordre que l’on observe dans tous les domaines de la vie nationale. Et sans hésiter, JC Vuemba s’interroge si le maréchal n’avait-il pas maudit les Congolais, ex- Zairoïs ?
« Je vous conjure, en votre qualité d’ancêtre, je vous demande d’intercéder auprès des Bambuta pour changer le devenir de notre pays. Aidez-nous donc à sortir le Congo du trou noir, de cette spirale infernale dans laquelle on se retrouve », implore JC Vuemba avant d’accuser Félix Tshisekedi : « Le régime actuel veut changer la Constitution à la demande de quelques-uns des carterons inféodés de son parti politique, pour plaire à un individu, oubliant les enseignements tirés de toutes ces années de chaos et d’instabilité que nous traversons depuis votre départ du pouvoir », dit JC Vuemba à Mobutu après 27 ans de son décès.
Et de renchérir en guise de reconnaissance : « Après des longues années au pouvoir, vous étiez en effet confronté à des revendications qui ont nécessité des réformes institutionnelles. Votre grandeur a été d’associer toutes les couches sociales aux consultations populaires, avant de décider des changements institutionnels à opérer. Certes, la démocratie a mis du temps à s’installer, mais vous aviez racé le chemin en ouvrant la conférence nationale souveraine, et la suite a été plus difficile ».
JC Vuemba estime que la Constitution d’un pays est un socle qui définit les conditions du vivre ensemble. « Pour l’héritage de l’unité nationale dont vous avez été le champion après l’ancêtre Joseph Kasavubu, l’ancêtre Patrice Emery Lumumba et tant d’autres ancêtres du Congo-Zaïre, nous, tes descendants, nous espérons que les changements qu’on voudrait expérimenter se feront dans les consensus et l’unité. Nous espérons que la démarche pour aborder ce nouveau tournant sera inclusive. Et nous ferons le nécessaire pour éviter au pays la dislocation », parle-t-il à Mobutu.
Et de promettre et supplier : « En restant fidèles à vos idéaux sur l’unité des Congolais, nous ferons tout pour éviter le repli identitaire sur base des visées tribales ou régionalistes. Au nom des sacrifices endurés par tous dans nos différents terroirs, à vous, aux Bankulu et à mfumu Simon Kimbangu, je vous demande d’agir spirituellement pour changer le sort et la destinée de notre peuple ».