Désavoué par le Conseil d’administration dont il est membre et la tutelle, dénoncé par son DGA, le Directeur général de l’Agence congolaise de l’environnement (ACE), Delphin Lama, vient d’être mis en accusation auprès du Chef de l’État Félix-Antoine Tshisekedi par la délégation syndicale de cet établissement public à travers un mémorandum de quatre pages, après que ce dernier a ignoré les trois convocations lui adressées par l’inspection provinciale du travail.
Dans ce mémorandum transmis à Félix Tshisekedi, jeudi 23 mai 2024, et qui sonne comme un réquisitoire, l’on peut lire sans surprise de faits reprochés au DG Lama déjà par sa hiérarchie voire par la tutelle à travers la demande d’explications qui lui avait été infligée par Eve Bazaiba.
Se remettant à Félix Tshisekedi en tant que garant du bon fonctionnement des institutions de la République, l’Intersyndicale de l’ACE sollicite son implication personnelle face à ce qu’elle qualifie de mort programmée de l’Agence congolaise de l’environnement. Et parmi les faits reprochés à monsieur Lama, il y a entre autres : « la création d’une administration parallèle à travers la vingtaine de ses assistants ; le blocage du dossier de la prime permanente accordée par le trésor public au motif qu’il n’entretiendrait pas de bons rapports avec sa tutelle; le détournement de 3.800.000 USD dont 1.000.000 USD trouvé à la banque lors de la remise et reprise et qui se serait volatilisé, 2.500.000 USD de créances à recouvrer qui demeurent sans suite, et 300.000 USD destinés à l’achat de 8 véhicules 4X4« .
Il est aussi reproché à Delphin Lama : « la délocalisation de la Direction Générale sans autorisation de la tutelle et dont l’installation aurait coûté 300.000 USD à la trésorerie de l’ACE, assortie d’un loyer de 15.000 USD le mois. L’impaiement de plusieurs mois de salaire, l’engagement d’une centaine d’individus sans s’en référer à sa hiérarchie. L’opacité dans la gestion et trafic d’influence au nom de la Présidence de la République. L’insubordination à tout le niveau. Refus régulier de prendre part aux réunions du conseil d’administration, refus catégorique de mettre à la disposition du conseil d’administration les documents de travail nécessaires pour son fonctionnement, la surfacturation de plusieurs notes de débits, monnayage et bradage des avis et certificats environnementaux, affairisme dans le chef de ses assistants mettant en péril le caractère technique et scientifique de l’établissement« .
Feuilleton devant le Conseil d’Etat
Contre la demande d’ouverture d’une action disciplinaire avec mesures conservatoires sollicitée en date du 7 mai dernier à son endroit par le Conseil d’administration auprès de l’autorité de tutelle, la ministre d’Etat, ministre de l’Environnement, le DG Delphin a saisi le Conseil d’Etat en vue de l’annulation de cette résolution.
En effet, dans la correspondance du Conseil d’administration de l’ACE adressée à Eve Bazaiba, l’on peut lire : « …à l’occasion de sa réunion ordinaire du 16 avril 2024, le Conseil d’administration de l’Agence congolaise de l’environnement, ayant constaté avec regret la témérité de monsieur le directeur général à vouloir bloquer le fonctionnement du Conseil d’administration et par ricochet de l’ACE, constaté par plusieurs défaillances documentées dans plusieurs correspondances dont vous avez été saisi, avait adopté une résolution visant à ouvrir le processus de le sanctionner, ce, conformément à l’article 45 de son Règlement intérieur ».
Pour Crispin Ngbundu Malengo, PCA de l’ACE qui a signé la correspondance, en sanctionnant Delphin Lama, Eve Bazaiba rendrait un loyal service à la nation et sauverait l’ACE qui se meurt à petit feu, mais aiderait aussi le sanctionné à s’amender et observer les différents textes réagissant l’ACE.
C’est contre cette résolution que Delphin Lama s’est amené au Conseil d’Etat. L’audience de cette affaire se déroule ce lundi 27 mai devant cette haute cour administrative.
Christian Tshisekedi, protecteur ?
A l’ACE, l’on accuse, à tort ou à raison, Christian Tshisekedi, le jeune frère du président de la République, d’être le parapluie protecteur de Delphin Lama. Ce dernier qui aurait été recommandé à ce poste de DG de l’ACE après son passage dans les couloirs du Palais de la nation par Christian Tshisekedi, laisse entendre à qui veut l’écouter qu’il dépend directement de la présidence de la République et n’a aucun compte à rendre ni au conseil d’administration, ni à son ministre de tutelle.
Il ne s’empêche pas de chanter la protection de son mentor et s’en fout de toute menace des agents et du Conseil d’administration. A ses yeux, la ministre d’Etat, ministre de l’Environnement Eve Bazaiba ne représente rien, son protecteur étant plus fort qu’elle.
Adhérent de dernière heure de l’UDPS, Delphin Lama solliciterait les jeunes de Force du progrès pour assiéger le Conseil d’administration et terroriser ses membres.
le président Fatshi qui a déclaré dans son discours d’investiture « ne pas permettre que les erreurs du passé ne se reproduisent », va-t-il laisser la situation pourrir à l’ACE à cause d’un mandataire, soit-il de l’UDPS, mais incompétent et qui est en train de tuer cette nouvelle institution ? A l’UDPS, n’y a-t-il pas de cadres compétents pouvant faire mieux à l’ACE que Delphin Lama, ce diaspora qui fait la honte ? Les agents de l’ACE disent attendre un signal fort du président de la République pour sauver leur structure de la prédation.