Des vassaux, c’est ce que la hiérarchie de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti au pouvoir, voudrait faire de ses élus provinciaux et alliés de la ville de Kinshasa. Un comportement moyenâgeux qui risque de transformer ces derniers en des exclaves dépourvus totalement de leurs droits.
En effet, lors de la réunion tenue avec plus de 30 élus provinciaux de l’UDPS et alliés, vendredi 12 avril 2024 à Fleuve Congo Hôtel Kinshasa, rapporte à Scooprdc.net plus d’un député provincial UDPS présent à cette réunion, le SG Augustin Kabuya s’est comporté en paternaliste, pas du tout tendre avec eux.
« Il nous a proféré des menaces au cas où nous ne suivrons pas les consignes de vote des tickets UDPS lors de l’élection des membres du bureau définitif de l’Assemblée provinciale de Kinshasa le 18 avril ainsi que lors de celle du gouverneur prévue le 29 avril en cours », déclare au média en ligne un député qui a exigé l’anonymat par peur de représailles.
Non sans raison, car selon ce député dont les propos ont été confirmés par d’autres, dans sa communication linéaire, Augustin Kabuya dit AKA 47 leur a promis d’user de toute son influence pour bloquer les carrières politiques des « rebelles », et même de les faire invalider par la justice s’il le faut et les faire remplacer par leurs suppléants.
Aux candidats UDPS qui veulent se présenter en indépendants aux deux scrutins en vue, AKA 47 les aurait obligé tout simplement de retirer en vue de laisser toutes les chances aux tickets du parti choisis au gouvernorat et à l’Assemblée provinciale.
« Ceci est une violation flagrante du droit de vote protégé par la Constitution, en son article 23, qui garantit la liberté d’expression», murmure un autre député qui dit que lors de ces deux élections, il votera en âme et conscience, malgré les menaces et intimidations du SG de l’UDPS. Il invite ses collègues à faire valoir l’article 28 de la Constitution qui encourage les députés de boycotter tout ordre illégal contraire à la Constitution de leur pays.
«Nul n’est tenu d’exécuter un ordre manifestement illégal. Tout individu, tout agent de l’Etat est délié du devoir d’obéissance, lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte manifeste au respect des droits de l’homme et des libertés publiques et des bonnes mœurs», dispose l’article ci-haut cité de la Loi fondamentale.
« Le mandat d’un élu étant impératif, l’on a vu notre parti s’accrocher à ce principe en 2021 pour renverser la majorité parlementaire FCC et la transformer en USN. Partant de ce principe, le SG doit, jurisprudence oblige, nous laisser faire librement notre choix sur des personnes qui incarnent des valeurs sûres et positives du changement que nous voulons tous de notre ville devenue crasseuse et invivable. Il s’agit du salut de Kinshasa comme ce fut le salut de la RDC en 2021 lorsque nous avons basculé la majorité FCC », déclare un autre député provincial, pas d’accord avec cette imposition de la hiérarchie de son parti. Sinon, il souhaiterait que la lettre « D »soit soustraite de sigle « UDPS » de peur qu’elle ne prenne le sens de la « Dictature ».
Il faut rappeler qu’au niveau de l’élection du gouverneur de la ville de Kinshasa, 31 candidats sont en lice, après la décision de la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe qui a remis dans la course Déo Kasongo et Vidiye Tshimanga, recalés par la CENI de Denis Kadima. Et Déo Kasongo qui tenait à aller à cette élection sous le label de l’UDPS, s’est vu contraint de s’y présenter en indépendant à cause des manoeuvres au niveau de la haute sphère de ce parti. Visiblement, sa candidature fait peur face à celle du candidat de l’UDPS imposé et qui ne fait pas l’unanimité au sein du parti et qui, curieusement, s’est présenté à cette élection du gouverneur en indépendant, sabotant ainsi le label du parti qui le porte.
Quant au bureau de l’Assemblée provinciale, Jésus Noël Sheka ambitionne le perchoir et le suppléant de Patrick Muyaya qui siège à cet organe délibérant de Kinshasa, Jared Phanzu, lorgne lui le poste de rapporteur. Malheureusement, ils ne sont pas de l’UDPS. Est-ce pour autant qu’ils vont lâcher prise ? Pas absolument, car les calculs politiques sont surprenants. Rendez-vous ce jeudi 18 avril 2024.