Coopération agricole : Burundais et Congolais évaluent PRDAIGL et PICAGL à Kinshasa

Le ministre congolais de l’Agriculture, Me José Mpanda Kabangu, a ouvert ce mardi 09 avril 2024 à Fleuve Congo Hôtel Kinshasa, la deuxième réunion du Comité régional de pilotage des projets régionaux dans les pays des Grands lacs (CORPIL), notamment le PRDAIGL (Projet régional de développement agricole intégré dans les Grands lacs) du côté Burundi et le PICAGL (Projet intégré de croissance agricole dans les Grands lacs) du côté RDC. C’était en présence du secrétaire exécutif de la Communauté économique des pays des Grands lacs (CEPGL), du secrétaire permanent a.i représentant le ministre burundais de l’Environnement, de l’agriculture et de pêche empêché, des secrétaires généraux congolais à l’Agriculture, à l’Elevage et pêche et au Développement rural, des ministres provinciaux de l’Agriculture, élevage et pêche du Tanganyika et du Sud-Kivu ainsi que d’autres personnalités de la Banque mondiale, de l’IITA, de l’INERA. Cette deuxième réunion du CORPIL qui devait se tenir en 2020 à la suite de la première tenue à Bujumbura du 16 au 17 juillet 2019, a finalement eu lieu après plusieurs reports et va se terminer ce mercredi 10 avril. Mieux vaut tard que jamais !

Si la première réunion avait permis d’élaborer et d’adopter un plan d’action minimal de collaboration entre les deux projets financés par la Banque mondiale et qui visent un même objectif, à savoir le développement agricole en vue de la sécurité alimentaire des populations vivant la plaine de Ruzizi et ses environs, la seconde qui se tient à Kinshasa, s’inscrit, selon le Secrétaire permanent a.i au ministère burundais de l’Environnement, de l’agriculture et de pêche, dans la dynamique de renforcer les excellentes relations de coopération, d’amitié et de fraternité qui existent depuis plusieurs années entre le Burundi et la RDC dans divers domaines, en particulier dans le secteur agricole pour lequel un protocole d’accord a déjà été signé. Il s’agit à l’issue de ces assises du CORPIL, de réviser le plan d’actions conjoint pour l’adapter au temps qui reste aux deux projets avant leur clôture, déclare Emmanuel Niyungeko.    

Pour le représentant du ministre burundais de l’Environnement, de l’agriculture et de pêche, la validation du nouveau plan d’actions et du budget des activités de la Coordination régionale va permettre de doter des moyens financiers à la CEPGL pouvant lui permettre de réaliser sa mission de facilitation des activités régionales qui n’étaient pas encore réalisées pour atteindre tous les résultats attendus dans les deux projets : PRDAIL et PICAGEL. Emmanuel Niyungeko estime même que les activités à caractère régional de ces deux projets dont les objectifs sont convergents peuvent servir de base à un programme plus ambitieux que la Banque mondiale et ou d’autres partenaires pourraient avantageusement soutenir au bénéfice des peuples de la région notamment dans le cadre de la gestion intégrée des ressources partagées entre le Burundi et la RDC autour du lac Tanganyika et de son bassin versant y compris la plaine de la Ruzizi.

C’est dans cette optique que le secrétaire exécutif de la CEPGL recommande de réfléchir davantage pour viser loin afin de continuer à renforcer la coopération agricole entre les deux pays au-delà des PRDAIL et PICAGEL.

« …la mise en place d’un mécanisme de coopération entre les Etats de la région et les organismes qui opèrent dans la plaine de la Ruzizi est  plus que nécessaire pour une meilleure coordination des actions à mener et une synergie des efforts à entreprendre en vue d’une plus grande efficacité des résultats recherchés », a déclaré Herman Tuyaka, secrétaire exécutif de la CEPGL qui estime que la plaine de la Ruzizi est mal exploitée et de manière disparate par des nombreux opérateurs économiques tant du secteur public que privé. Il recommande son exploitation efficiente car elle offre beaucoup d’opportunités en termes de développement régional par sa force potentialité en ressources en eau et agricole et à la taille du marché au niveau régional.

« Bien aménagée et bien gérée, cette plaine est susceptible de répondre aux besoins de sécurité alimentaire pour l’ensemble de la région et au-delà », fait remarquer Herman Tuyaka pour qui, la CEPGL en tant qu’institution de coopération économique entre les trois pays riverains de la plaine de la Ruzizi (Rwanda, Burundi et RDC), est bien indiquée pour assurer le rôle de coordination, en particulier dans le cadre de la mise en œuvre du schéma directeur d’aménagement de la plaine de la Ruzizi.

Quant au ministre congolais de l’Agriculture, Me José Mpanda Kabangu, cette deuxième réunion du CORPIL va donc promouvoir la coordination régionale et le pilotage des projets de croissance agricole dans les Grands lacs et faciliter l’échange des meilleures pratiques agricoles entre diverses parties prenantes, en vue d’une réalisation optimale des objectifs desdits projets et la contribution de ceux-ci à la consolidation de l’intégration régionale. Il attend de ces assises des résultats concrets sur l’exploitation des complémentarités de ces deux projets en vue de promouvoir l’intégration régionale à travers la coordination, l’échange d’informations et la capitalisation des actions de développement dans le secteur agricole.     

Que peuvent retenir les Congolais du PICAGL ?

Comme le PRDAIGL au Burundi, le PICAGL est le projet du gouvernement congolais financé par la Banque mondiale. Approuvé le 21 juin 2016, il est entré en vigueur le 16 mars 2018 pour une durée de cinq ans. Les deux constituent un programme intégré pour consolider la paix, revitaliser le développement économique régional, créer des emplois et des débouchées pour les jeunes, et améliorer les moyens de subsistance dans toute la région des Grands lacs.

Financé à hauteur de 152.700.000 USD dont 150 millions du crédit IDA et 2,7 millions du don Fonds PHRD/Japonais, PICAGL intervient dans les provinces du Sud-Kivu et du Tanganyika, particulièrement dans le corridor Bukavu-Uvira-Kalemie (Bukavu, plaine de la Ruzizi et la plaine côtière de Baraka-Fizi-Kalemie) et le Grand Equateur.

L’objectif de développement du projet est d’accroitre la productivité agricole et la commercialisation dans les zones ciblées en RDC, d’améliorer l’intégration régionale agricole et de fournir une réponse immédiate et efficace en cas de crise ou d’urgence déclarée.

Les objectifs spécifiques visent à toucher 200 mille ménages (1 million de bénéficiaires), MPME, institutions financières, services techniques publics, etc. ; à réhabiliter 405 Kms des routes de desserte agricole ; à réhabiliter les systèmes d’irrigation existants dans la plaine de la Ruzizi et d’autres vallées ; à augmenter la productivité des chaînes de valeurs sélectionnées par le projet ; et à réhabiliter et équiper deux structures de recherche, construire ou réhabiliter 25 ponts dans les provinces de la Mongala, du Sud et Nord Ubangi.

Dans l’évaluation du projet faite dans la réunion du CORPIL, son coordonnateur Alfred Kibangula se félicite de plusieurs ouvrages et actions déjà réalisés que ce soit au Sud-Kivu que dans la province du Tanganyika. Cependant, il plaide pour la rallonge du projet en vue de parachever certaines réalisations qui ont souffert d’exécution en ce qui concerne notamment les infrastructures.

  • Bendélé Ekweya té

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