La République démocratique du Congo via son gouvernement a présenté officiellement des signaux forts pour le développement de la femme dans les instances décisionnelles.
Tel est le sujet abordé au briefing de presse de ce mercredi 03 avril 2024, coanimé par le ministre de la Communication et des médias, Patrick Muyaya, avec ses collègues de l’environnement, Eve Bazaiba et celui de la santé publique, Roger Kamba.
Aux professionnels des médias, la ministre de l’Environnement a avoué saluer la nomination de la première femme, première ministre de la RDC.
« Je salue la nomination de la première première ministre de l’histoire de la RDC, Judith Suminwa Tuluka, félicitant le chef de l’Etat Félix Tshisekedi, champion de la masculinité positive et applaudissant le combat interminable de la femme qui a brisé le plafond de verre », a déclaré Eve Bazaiba, ministre d’Etat à l’Environnement et développement durable.
Et d’ajouter : « C’est la consécration d’un combat qui a commencé depuis belle lurette. En 1960 dans notre pays, les femmes n’ont pas eu droit au vote. Et maintenant dans sa mise en œuvre, il y a eu tout ce qu’il y avait comme politique de l’émancipation de la femme, de promotion des droits des femmes, c’est maintenant que nous sommes en train de récolter les fruits. Nous nous en félicitons. Nous pensons qu’il demeure encore des pesanteurs dans les partis politiques », a dit Eve Bazaiba.
Représentativité remarquable des femmes
Pour Eve Bazaiba, depuis 1960, les avancées en terme de représentativité des femmes dans les instances de prise de décisions sont remarquables.
« Nous reconnaissons qu’il y a beaucoup d’avancées significatives. On ne peut pas parler en terme suffisance parce que la Constitution que nous avons, n’a pas été appliquée en termes de parité. Mais nous devons reconnaître qu’il y a beaucoup d’avancées. Au niveau de la présence des femmes dans les instances de prise de décisions, il y a des avancées (…) Il est important qu’au niveau des institutions de la chose publique nous puissions avoir la parité homme-femme pour que le tableau affiche complet », a ajouté la ministre d’Etat Bazaiba.
Dans la même ligne droite, le ministre de la Santé publique, hygiène et prévention, le Dr. Roger Kamba a salué également la nomination de Mme Judith Suminwa comme première ministre, une femme qui a participé à la Couverture santé universelle.
« J’ai considéré cette nomination sur le prisme politique en disant quelle confiance le chef de l’État a en lui-même pour qu’en cette période trouble, il décide quand même de mettre une femme à la tête du gouvernement. Cela montre d’abord que l’analyse n’est pas liée au genre, mais à la personnalité et à la compétence », a précisé le ministre de la Santé publique tout en rassurant que tous les moyens sont mis en œuvre par le Gouvernement pour la prise en charge des femmes au-delà de la Couverture santé universelle dans son volet de la gratuité de la maternité.
« Il faut reconnaître que les efforts qui sont faits au niveau de l’amélioration de la parité, ces efforts doivent se concrétiser au niveau de l’amélioration de la condition de la femme tous les jours (…) Il y a des efforts à faire au niveau de notre façon de réglementer, d’agir ensemble au niveau de nos habitudes pour que la femme soit protégée. Il faut que chaque secteur prenne à bras le corps cette masculinité positive et la transforme en action pour améliorer la condition de la femme. Je pense que dans ce pays, personne n’oublie que nos mamans étaient en prison parce qu’elles ont accouché. C’est parmi les choses qui ne pouvaient pas continuer à accepter. Nous avons à peu près 70% de femmes qui meurent tous les jours en donnant la vie. On ne peut pas parler des efforts qu’on fait sans aller au niveau sectoriel et agir. Pour ce premier volet, le chef de l’État a décidé qu’on devait lever la barrière financière qui faisait que nos mamans restaient prisonnières dans les différents hôpitaux. C’est cela qu’on a fait en rendant les soins de maternité gratuits. Cela nous donne une autre possibilité, c’est d’avoir les jeunes mamans sous contrôle pour leur donner l’éducation nécessaire », a-t-il précisé.
Pour Patrick Muyaya, les propos tenus lors de la messe pascale, la fête la plus importante des Chrétiens, par le Cardinal Ambongo sont extrêmement graves.
« Parce que quelles que soient les raisons, on ne peut pas soutenir des Congolais qui veulent prendre des armes pour tuer des Congolais pour accéder au pouvoir alors qu’on a fait le choix de la démocratie », a dit Patrick Muyaya.
Et d’ajouter : « C’est inquiétant lorsqu’on se souvient des propos tenus par l’abbé Nshole, je le cite, où on avait besoin d’un courageux. Est-ce que le fameux courageux a été trouvé par l’Église catholique ? parce qu’il ne faut pas faire d’amalgame et pour qui on a besoin de légitimer. Parce que les mots du Cardinal, j’espère qu’il fera une clarification, peuvent être aperçus comme un encouragement, comme un soutien moral à ceux qui choisissent de prendre les armes pour penser conquérir le pouvoir alors que nous sommes dans un cycle [électoral] depuis deux ans qui veut que nous puissions sortir de cela ».