Par Jean-Paul lI Maviokele/Correspondance particulière
Cela paraît comme un film fictif mais pourtant c’est vrai ! L’évêque du diocèse de Kenge dans le Bandundu, Monseigneur Jean-Pierre Kwambamba Masi est accusé par ses prêtres d’avoir utilisé 600000 USD à sa guise alors que cette somme colossale déversée à tous les diocèses de la République démocratique du Congo par le gouvernement afin que l’Église Catholique appuie son programme de développement à travers des œuvres sociales. Ce geste avait comme objectif d’appuyer le programme de développement de 145 territoires tel que vu et prôné par le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi.
Ce n’est malheureusement pas le cas dans le diocèse de Kenge, situé à une centaine des kilomètres de Kinshasa, capitale de la RDC et siège des institutions. Dans ce diocèse essentiellement rural et dont les fidèles sont voués à la misère la plus totale depuis des siècles, il y a des coins où accéder à l’eau potable, aux soins de santé, à des infrastructures scolaires dignes de ce nom, est un luxe. C’est dans ce souci que l’État avait eu l’ingénieuse idée d’associer l’Eglise Catholique réputée honnête et idoine dans l’exécution des projets à caractère social en vue de réduire, dans la mesure du possible, le degré de pauvreté que connaît la population.
Pour la petite histoire, la grogne et la colère des prêtres lors des dernières journées sacerdotales organisées à Ngondi, un centre spirituel situé à près de 90 kilomètres de Kenge, siège épiscopal, n’étaient que la goutte d’eau qui était venue faire déborder le vase. En effet, lors de cette activité où les prêtres traitent des différents problèmes qui rongent leur diocèse, l’un des collaborateurs de l’ordinaire du lieu a eu le culot de demander à l’évêque de justifier les 600000 USD décaissés par le gouvernement. Monseigneur Jean-Pierre Kwambamba s’est trouvé dans l’incapacité de justifier cette somme d’argent. Toute honte bue, pour lui, cet argent aurait été remis à un certain Monsieur Kitoko Robert, son ami, qui habite Bandundu-ville et aurait ainsi servi à construire une école à Kenge et un forage à Ito, une paroisse située à près de 20 kilomètres de Bandundu-ville, qui sont restés inachevés jusqu’au moment de la tenue desdites journées sacerdotales qui ont eu lieu à la mi-mars.
Tenez-vous bien, Six cent mille dollars américains pour ne construire qu’un bâtiment d’une école inachevée et un forage inachevé ? Comment peut-on qualifier un tel acte ? N’est-ce pas ça le détournement et le vol que l’Église Catholique du Congo, en général et la CENCO, en particulier reprochent aux acteurs politiques à travers leurs homélies ? Sans aviser le Conseil Économique du diocèse, le numéro un du diocèse a reçu et utilisé cette somme à sa guise, sachant qu’il ne sera jamais soumis à un seul audit ni à aucun exercice de redevabilité.
Comme il n’existe pas un sans deux, le prince de l’Eglise est allé encore plus loin en créant, à l’insu du Conseil Économique Diocésain et du Clergé entier, une banque commerciale dénommée « Ecclesia Bank » dont lui seul connaît les tenants et les aboutissants. Selon les informations fiables, cette banque existerait grâce à cet argent et serait même gérée par les membres de sa famille biologique. Un vrai scandale pour un évêque dit apôtre de Jésus-Christ. C’est après avoir été coincé par les questions des prêtres à l’occasion de ces journées sacerdotales que Monseigneur Jean-Pierre Kwambamba finira par avouer que la Banque appartiendrait au diocèse. Cette banque, à en croire les enseignants de plusieurs coins du diocèse, serait à la base de la misère des enseignants pour percevoir leurs salaires. Nombreux accuseraient plusieurs mois d’arriérés de salaires suite à la fameuse « Ecclésia Bank ».
Où va finalement l’Église de Jésus ? Bien que gérée par des hommes, ces derniers n’en sont que de simples intendants. Voir un pasteur, de surcroît un évêque, fouler aux pieds le bien-être de ses ouailles et snober leur misère, ne le dissocie pas du tout des acteurs politiques véreux qui pillent le pays. Voilà pourquoi la majorité des prêtres du diocèse de Kenge sollicitent un audit des services de l’inspecteur Générale des Finances afin que lumière soit faite sur les 600000 USD qu’aurait ingurgités leur évêque. Sinon, ils sont prêts à tout mouvement de contestation.
Allô cardinal Fridolin Ambongo, avez-vous entendu ça ? N’est-ce pas la parabole de la paille et de la poutre ? Du scribo-pharisaïsme ?