Nyiragongo : « Ki Boro », un cachot instauré par les combattants « Wazalendo »

Par Claude Baguma.

Depuis l’arrivée des patriotes « Wazalendo » dans le territoire de Nyiragongo au Nord-Kivu, une cacophonie sécuritaire sans précédent règne, où personne ne sait qui fait quoi. En effet, initialement salués par la population pour leur engagement à combattre les rebelles du M23 aux côtés des FARDC, ces mêmes « Wazalendo » sont aujourd’hui accusés de graves exactions.

Selon des témoignages, certains « Wazalendo » ont instauré en place des cachots parallèles, appelés « Ki Boro », pour punir ceux qui enfreignent leurs règles ou commettent des infractions mineures. Ces « Ki Boro » sont des trous à ciel ouvert, sans aucune protection contre les intempéries, où les détenus sont jetés sans pitié.

Roger Selemani, un conducteur de taxi-moto déplacé du territoire de Rutshuru, raconte son expérience terrifiante : « J’ai passé une semaine dans un ‘Ki Boro’ sans que personne ne sache où j’étais. Mon seul crime était de conduire ma moto à Munigi après 18h30, alors que l’interdiction de circulation ne concerne que Goma. J’ai été libéré après avoir payé 100 000 francs congolais ».

Musabimana Sabiti, tenancier d’un bar, a été jeté dans un « Ki Boro » pour avoir refusé de payer une dette de bière à un commandant « Wazalendo » : « J’ai failli mourir de froid en deux jours seulement. Après ma libération, j’ai été directement conduit à l’hôpital pour des soins. »

Le plus choquant est l’absence de distinction entre les types d’infractions et le genre des détenus. « Hommes et femmes subissent le même traitement cruel », affirme un membre du groupe « Wazalendo » sous couvert d’anonymat.

Face à cette situation alarmante, les défenseurs des droits humains et les autorités provinciales sont appelés à agir de toute urgence. Le manque de structure et de coordination au sein des « Wazalendo » aggrave la situation, car chaque commandant nie l’existence des « Ki Boro ». Aujourd’hui salvateurs, les Wazalendo sont une bombe à retardement et seront un casse-tête pour le gouvernement si leur cas ne sera pas géré après la guerre avec le M23, font déjà observer certains esprits lucides.

Il est crucial que les autorités compétentes et les organisations de défense des droits humains s’emparent de ce dossier pour mettre fin à ces pratiques barbares et garantir le respect des droits humains dans le territoire de Nyiragongo.

  • Bendélé Ekweya té

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