Aurait-il fallu que le journaliste Stanis Bujakera soit incarcéré pendant six mois à Makala, bien qu’injustement, et que son alerte sur « l’antichambre de la mort que représentait la prison de Makala », alerte relayée par Scooprdc.net, pour que toutes les autorités se meuvent et se rendent compte que il y a un surpeuplement inacceptable dans cette maison pénitentiaire construite à l’époque coloniale belge pour une population ne dépassant pas 1500 personnes ?
Il est ridicule sans doute de voir les hautes autorités judiciaires, de surcroit professeurs d’universités, se réveiller et courir vite à la prison de Makala pour s’enquérir du dossier d’un détenu qui a passé 21 ans sans jugement, parce que le président de la République a tonné sur base des articles de la presse. Or, Damas Ngoy n’est que le cas nommément évoqué par le journaliste prisonnier libéré. Selon Stanis Bujakera, « à lui tout seul, Damas Ngoy symbolise le désespoir de nombreux prisonniers innocents qui croupissent dans les geôles à cause des parquets ».
C’est injuste et inconcevable que pour une prison qui héberge près de 15.000 personnes actuellement, que plus de 9.000 en soient des détenus sans jugement rendu ; nombre plus supérieur que celui des condamnés, vrais propriétaires du lieu !
S’il arrivait que le détenu Damas Ngoy et les autres qui ont dépassé plus de 5, 10 ou 15 ans en prison sans jugement soient libérés, doit-on s’arrêter là ? Non, estiment beaucoup d’avocats qui déplorent et dénoncent le comportement caporaliste et inhumain des magistrats des parquets. Ils demandent au Premier président de la Cour de cassation qui est penché sur ce dossier de surpeuplement de la prison Makala d’aller plus loin. Par exemple, pour le cas de Damas Ngoy qui a passé 21 ans sans jugement, il faudra connaitre qui était le magistrat instructeur de son dossier, il relevait de quel parquet et qui en était le procureur général. Un fois repérés, les interpeller même s’ils sont ailleurs pour établir les responsabilités et sanctionner sévèrement les coupables. Non sans raison, car le traitement d’un dossier judiciaire a toujours un délai au parquet. Si Damas Ngoy a passé 21 ans en prison sans jugement, ce qu’il n’avait jamais été présenté devant le juge pour déterminer son sort. Ce manquement de la part des professionnels du Droit, censés dire ce Droit et rendre la justice, est inacceptable et condamnable avec circonstances aggravantes. D’où des sanctions s’imposent envers les magistrats des parquets car c’est l’impunité à leur endroit et à celui des juges qui rend malade la justice congolaise.
Il ne suffit pas pour le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, dans son franc-parler que certains considère, à tort ou à raison, comme un défaut et pour d’autres une qualité, de dénoncer cette maladie qui ronge la justice congolaise, mais il faut qu’il agisse comme magistrat suprême à l’instar de l’ancien feu président Laurent-Désiré Kabila qui n’avait pas hésité de révoquer pendant son règne, plus de 300 magistrats accusés de corruption et autres tares. Sinon sans sanctions des magistrats et juges, la justice n’élèvera jamais la nation dans un Etat de droit dont il se bat pour instaurer.