La famille Mobutu se fait encore parler d’elle en mal, alors que les tares du régime du maréchal zaïrois étaient mises en veille dans la mémoire des Congolais. Elle tient à exproprier l’homme d’affaires indo-canadien, Rahim Drholia, de sa concession située en face de l’hôtel Pullman Karavia à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga.
Déboutée devant le Tribunal de grande instance de Lubumbashi et condamnée à payer 500 mille USD puis obligée à cesser les troubles de jouissance, la famille Mobutu a saisi le Conseil d’Etat, sollicitant l’annulation des certificats d’enregistrement de l’Indo-canadien, pourtant obtenus en bonne et due forme. Cette haute cour a tranché en faveur des Mobutu qui n’avaient ou qui ont en tout et tout comme document de propriété, un arrêté signé par un secrétaire général du ministère de l’Urbanisme et habitat, un certain Mbuyi wa Mbuyi wa Kapinga. En effet, c’est sur base de cet arrêté signé le 13 mai 1989, l’unique document qu’ils brandissent, que les Mobutu prétendent que cette concession « désaffectée et cédée » à l’ancien président Mobutu, leur appartient et qu’il faille maintenant la récupérer.
Mais le jugement du Conseil d’Etat qui ne s’est basé que sur cet arrêté, est qualifié de scandale judiciaire. Les avocats de Rahim Drholia qui ont tenu un point de presse le week-end à Kinshasa pour tordre le coup au mensonge propagé par les Mobutu, ont démontré noir sur blanc et avec raison qu’un secrétaire général d’un ministère n’a nullement et aucunement dans ses attributions, la compétence de signer un arrêté, seule prérogative du ministre du domaine. Mais aussi, confirment les avocats de Rahim, après vérification de l’authenticité de ce document au niveau du ministère de l’Urbanisme et habitat, il leur a été signifié officiellement que celui-ci n’existe pas dans les archives et qu’il n’a jamais été publié dans le journal officiel malgré qu’il avait été, à lire la liste des ampliations, envoyé à la présidence de la République. Comment alors la Haute cour administrative peut-elle se fonder sur un faux document pour rendre un si grave jugement ? S’interrogent les avocats de l’homme d’affaires victime qui garantissent tout de même qu’ils ne baissent pas les bras et vont utiliser tous les moyens de droit pour montrer à la haute cour qu’elle a été induite en erreur.
Mais disons que dans cette affaire, l’on déplore le trafic d’influence des personnes qui marchandent le nom du président de la République, Félix Tshisekedi, faisant croire que c’est lui qui aurait donné l’ordre. Et ce qui étonne dans ce dossier c’est le fait que personne ne comprenne qu’une portion de terrain soit désaffectée et affectée depuis mars 1989 à l’usage mixte et touristique, selon les termes du prétendu arrêté, mais qu’elle ne soit pas mise en valeur par les prétendus propriétaires jusqu’à ce jour. Même dans l’hypothèse que ce document brandi était vrai, combien de temps la loi foncière accorde-t-elle pour la mise en valeur d’un terrain ? De 1989 jusqu’en 1997, soit huit ans, pourquoi le maréchal n’avait-il pas mis sa concession en valeur ? Les Mobutu sont revenus au pouvoir dans ce pays sous Joseph Kabila, pourquoi ne réclamaient-ils pas cette concession pour le faire maintenant, soit 35 ans après ? Fallait-il que celle-ci soit clôturée comme elle est maintenant par celui qui l’a acquise dans toute légalité, pour être enviée ? La thèse soutenue d’une main noire derrière cette affaire, qui manipule et corrompt la justice, n’est pas à rejeter.
Cependant, ce genre de jugements découragent sans doute les investisseurs étrangers à injecter des capitaux dans l’économie congolaise. Et il faut ici signaler que Rahim Drholia est l’un des entrepreneurs étrangers qui contribuent à l’essor économique du Haut-Katanga dans beaucoup de domaines. Patron de Mining Engineering Services (MES), il est à la tête d’autres entreprises, notamment Terra qui œuvre dans le domaine agricole, African Milling qui est une gigantesque minoterie, CongoOeufs dans l’élevage des poulets et qui forme avec les deux précédentes, une chaîne agroindustrielle. En plus il y a aussi Rainbow qui fabrique une gamme de savons dont le détergent et le liquide ; Congo Piping spécialisée dans la fabrication des tuyaux et Congo câbles qui transforme sur place à Lubumbashi le cuivre et l’aluminium en fils conducteurs du courant de tous formats. Faut-il que la justice décourage un tel investisseur alors que le terrain querellé lui a été octroyé par les autorités congolaises au niveau tant national que provincial, en échange de son terrain situé à l’aéroport de la Loano récupéré par le gouvernement provincial du Haut-Katanga pour exécuter les travaux d’utilité publique ?