Force est de constater que, depuis les années 1980, le gouvernement congolais est responsable de l’appauvrissement des fonctionnaires et agents publics, sur plusieurs réalités économiques et politiques :
Fixation des salaires en Francs Congolais
Les salaires des fonctionnaires sont fixés en Francs congolais (FC) à un taux de change fictif, souvent basé sur l’Accord de Mbudi de 2004. Cet accord prévoyait un barème salarial fixé à un taux de change artificiellement bas entre le FC et le dollar américain (USD), favorisant une illusion de richesse.
Dévaluation du Franc congolais
Au fil des années, le FC a connu une dévaluation constante face au dollar. Cette dévaluation a entraîné une perte de pouvoir d’achat considérable pour les fonctionnaires, dont les salaires n’ont pas suivi la même courbe.
Inflation galopante
La RDC connait une inflation chronique, bien supérieure aux taux officiels annoncés par la Banque Centrale. Cette inflation réelle, oscillant entre 15 et 45%, ronge le pouvoir d’achat des fonctionnaires déjà fragilisés par la dévaluation.
Perte de pouvoir d’achat
La combinaison de la dévaluation et de l’inflation a conduit à une perte de pouvoir d’achat drastique pour les fonctionnaires. Leurs salaires, initialement insuffisants pour couvrir les besoins de base, ne permettent plus de survivre décemment.
Comparaison avec les salaires des personnels politiques
En contraste frappant, les salaires des personnels politiques (présidence, gouvernement, parlement, etc.) sont calculés et payés en dollars américains. Ces rémunérations exorbitantes, allant de 21.000 USD à 750.000 USD par mois, creusent un fossé immense avec les maigres salaires des fonctionnaires.
Conséquences de l’appauvrissement des fonctionnaires
– Démotivation et baisse de la productivité ;
– Corruption et détournement de fonds ;
– Dégradation des services publics ;
– Paupérisation et conditions de vie précaires ;
– Fuite des cerveaux.
Solutions possibles
– Réalignement des salaires des fonctionnaires sur le taux de change réel du dollar (c’est-à-dire, fixation des salaires en dollar) ;
– Mise en place d’une politique de rémunération équitable et transparente pour tous les agents de l’Etat ;
– Lutte contre la corruption et l’impunité ;
– Amélioration de la gestion des finances publiques ;
– Investissement dans le développement du capital humain.
Conclusion
L’appauvrissement des fonctionnaires et agents publics en RDC est une réalité criante qui sape les fondements de la nation. Le gouvernement doit assumer sa responsabilité dans cette situation et prendre des mesures concrètes pour inverser la tendance. La justice sociale et le développement du pays exigent une politique salariale équitable et transparente pour tous les agents de l’Etat.
Il est crucial de souligner que cette analyse ne vise pas à diaboliser l’ensemble du gouvernement, mais plutôt à mettre en lumière un problème systémique qui nécessite une attention urgente. La recherche de solutions durables implique nécessairement un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes, y compris les fonctionnaires, les autorités gouvernementales et la société civile. En encourageant un débat ouvert et constructif sur cette question cruciale, nous pouvons contribuer à l’émergence d’une RDC plus juste et plus prospère.
