Les élections de mercredi 20 décembre 2023 sont caractérisées de beaucoup d’accusations de fraude par bourrage des urnes, utilisation de machines à voter à domicile, corruption des agents de la centrale électorales, etc. Si les unes de ces accusations sont fondées, d’autres ne le sont pas du tout. Et c’est de la bonne guerre entre candidats, surtout aux législatives, que la CENI et la justice sont appelées à bien gérer.
A Goma au Nord-Kivu, des soucis logistiques et des problèmes techniques ont occasionné des retards énormes dans le déroulement des opérations, ce qui a eu comme conséquence le décalage du processus de votation qui s’est poursuivi jusque très tard dans la nuit, voire le lendemain.
Si la poursuite des opérations au-delà du temps de vote (de 6h00 à 17h00, soit 11 heures de temps) avait pour objectif de rattraper les retards enregistrés et de permettre une inclusivité à travers une large participation des électeurs au processus, cela a cependant permis un bourrage systématique des urnes, fait remarquer un candidat aux législatives dans cette circonscription qui s’est confié à Scooprdc.net, dans les sites de vote d’Alléluia, Mikeno, Complexe scolaire La Joie, Nyabyunyu, Nyabushongo, Lac-vert, Nengapeta et Sayuni (dans la partie extrême ouest de la ville), et à Byahi (dans la partie extrême nord-est).
En complicité avec des chefs de centre vote, Robert Seninga, candidat député provincial numéro 14 et Justin Ndayishimiye, candidat député provincial numéro 75, sont, les accuse-t-on, les principaux auteurs de ce forfait dénoncé par des acteurs de la société civile, des journalistes ainsi que plusieurs témoins d’autres candidats.
Au site de Mikeno par exemple, ces deux hommes se sont affrontés dans la nuit du 20. En effet, Seninga ayant soudoyé sieur Byengandu Mudekereza Christian, Chef de site de vote de Mikeno, qui du reste dormait chez Seninga durant la période précédant le vote, n’a pas digéré que Ndayishimiye puisse aussi bourrer les urnes dans ce même site de vote.
Dans les autres sites cités, des cas de bourrage ont été aussi suivis d’une forte clameur publique durant de longues minutes. Le lendemain, lors de l’affichage des résultats dans ces différents sites de vote, sans surprise, ces deux avaient, selon les bureaux, entre 30 et 40 pourcent des voix valablement exprimées, sur un nombre de 327 candidats députés provinciaux. L’évidence de ce bourrage est telle que dans plusieurs bureaux de vote ces deux candidats pouvaient avoir zéro voix, et en trouver miraculeusement plus ou moins 60 dans un autre bureau du même centre !
Ces deux personnages, sans réel ancrage politique dans la ville de Goma, avaient été élus lors de élections de 2018 dans la Circonscription de Masisis, à la faveur d’un bourrage général opéré notamment par des groupes armés. Plusieurs observateurs avaient véhément dénoncé cette situation, mais comme une bonne partie des candidats avaient à l’époque opéré de manière quasi similaire dans cette circonscription plus ou moins enclavée, aucune suite n’avait été réservée à ces dénonciations. Le choix des centres périphériques sans grande surveillance n’était pas anodin.
Par ailleurs, Robert Seninga, devenu millionnaire grâce au trafic des minerais de sang et son activisme dans le RCD, est épinglé par différentes sources de la société civile comme un des pantins du Rwanda, qui sont restés fidèles au régime de Kigali. Quoique cadre l’UCP, un parti politique issu du RCD, avec lequel l’UNC a formé une alliance politique à travers la création du regroupement politique AA-UNC, Seninga, comme la majorité des cadres de ce parti, aurait dans toutes les réunions stratégiques électorales restreintes appelé à voter pour Moïse Katumbi, parce qu’il prétendait que « le numéro 3 semble mieux indiqué pour espérer un changement dans la misère de la population et dans la protection de la communauté hutu ».
En dehors de cette raison principalement avancée, Seninga, alors président de l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu, n’a personnellement pas apprécié d’être mis à la touche par le président de la République Tshisekedi avec l’instauration et le maintien de l’état de siège. Eugène Serufuli, président du parti politique UCP dont est membre Seninga, se plaindrait de ce qu’il ne bénéficie pas d’accès facile au président Tshisekedi, comme il l’avait été avec le président honoraire Joseph Kabila. Aussi, beaucoup de cadres de l’UCP ont soufflé sur la frustration de plusieurs membres de leur parti, liée à la non-organisation des élections dans les territoires de Masisi et de Rutshuru, où l’UCP est fortement implantée.
Le dénonciateur recommande que les voix obtenues irrégulièrement par les deux candidats fraudeurs soient tout simplement annulées par la CENI, et cela pour renforcer la crédibilité de la Centrale électorale. Celle-ci devra poursuivre devant la justice les chefs de site impliqués ainsi que les candidats incriminés mais aussi que des actions politiques d’envergure soient prises pour écarter des postes de responsabilité institutionnels des suppôts avérés du Rwanda en République Démocratique du Congo, et cela pour mettre un terme définitif au mécanisme d’infiltration sciemment entretenu.