Aucun adversaire, surtout en politique, n’accepte facilement sa défaite. Donc, pas étonnant de tout ce qu’il y a comme contestations dans le camp de l’opposition de la réélection de Félix Tshisekedi pour un second mandat présidentiel.
S’il est vrai qu’il y ait eu des irrégularités dues notamment à l’organisation et à la logistique lors des scrutins du 20 décembre dernier, il est aussi tout à fait vrai que le vote de ce jour-là, expression des Congolais dans les urnes, soit correct et favorable pour le candidat n° 20 grâce à une sommation des raisons scientifiquement valables ci-après :
De la visibilité et communication
Sur le plan de visibilité, Fatshi a, en termes de géants panneaux, inondé toutes les grandes villes du pays avec un message spécifiquement en langue nationale selon le zonage. A Kinshasa par exemple, Katumbi n’a pas placé plus de 10 panneaux alors que la ville compte 24 communes. A Mbuji-Mayi où un reporter de Scooprdc.net a séjourné pour couvrir les élections, aucun panneau de Moïse Katumbi Chapwe (MKC) n’était implanté, pas même une simple affiche en format A4.
Certains de ses lieutenants diront certes que les Kasaï lui sont très hostiles, raison pour laquelle il a zappé Kananga, Mbuji-Mayi, Tshikapa, etc., mais il y a lieu de rappeler qu’en 2011, feu Etienne Tshisekedi, à l’époque aussi candidat à la présidentielle, ne s’était pas empêché de se rendre à Lubumbashi très acquise à la cause de Joseph Kabila. D’ailleurs, il avait même annoncé qu’il allait résider chez feu Gabriel Kyungu wa Kumwanza à l’époque très kabiliste et président de l’Assemblée provinciale. Ce dernier connaissant la ferme détermination de son ancien sociétaire de 13 parlementaires ayant créé l’UDPS, dut se retirer à Likasi. A MKC de savoir qu’un leader affronte toute réalité sur terrain et ne la fuit pas, même celle très hostile.
Toujours sur le plan de visibilité pour séduire les électeurs, tous les candidats des regroupements de l’Union sacrée s’affichait avec Tshisekedi derrière. Ce qui a fait, outre ses nombreux propres panneaux dans les villes et territoires, Tshisekedi s’est retrouvé sur la multitude d’affiches des candidats aux législatives nationales et provinciales, mais aussi de ceux aux municipalités. Ce qui ne fut pas le cas avec MKC.
S’agissant de la communication, pendant que Fatshi utilisait beaucoup plus les médias traditionnels, les communicateurs de MKC ont pensé beaucoup plus utilisé X, ancien Twitter pour passer ses images « gonflées », alors que cette catégorie de réseaux sociaux, est élitiste. Et là, il faudra se demander combien d’intellectuels congolais sont sur X ! Si déjà, les intellectuels congolais représentent un très faible pourcentage sur ce média social, que dire de ces Congolais de l’intérieur butés à la difficulté de connexion d’internet et qui utilisent souvent les téléphones analogiques ?
Il appert que la stratégie communicationnelle de l’armée numérique de MKC a été plus pour la consommation extérieure et non pour les votants congolais qui ignorent dans leur majorité l’usage de X (Twitter).
Du choix des alliés
Fatshi a fait 53 meetings dans les 26 provinces. MKC l’a fait aussi. Mais la différence est que quand Fatshi sillonnait, tous ses alliés (JP Bemba, Christophe Mboso, Modeste Bahati, Vital Kamerhe, Augustin Kabuya…) ne le suivaient pas, ils s’étaient par contre déployés sur terrain, chacun dans son espace géopolitique, battant campagne pour lui partout. Il avait aussi des milliers des candidats députés de l’Union sacré qui battaient campagne pour lui aussi partout ainsi que les gouverneurs.
Pendant ce temps, MKC était presque seul accompagné de son seul courage. Ses alliés sans vraiment poids politique réel considérable, voyageaient avec lui alors qu’ils étaient censés se déployer sur terrain pour battre chacun campagne dans son coin. Seul Matata a battu campagne à Kindu et une fois à Goma.
Quel était l’apport d’un Seth Kikuni, politiquement inutile dans son être et dans sa nature, à côté de MKC ? Pourquoi les Franck Diongo, Jean-Claude Vuemba, Olivier Kamitatu et autres ne s’étaient-ils pas rendus seuls à Tshangu, à Kasangulu, à Bulungu pour battre campagne sans Moïse Katumbi ? Fallait-il qu’ils suivent MKC partout, monter avec lui sur des podiums et soulever avec lui les bras ? Sans aucune médisance, on doit dire qu’ils étaient derrière les perdiems comme les journalistes qui étaient dans la délégation.
Donc, sur le plan de l’adhésion populaire, Fatshi a touché plusieurs couches, plusieurs territoires et cités que Katumbi. Les élections en Afrique se font sur base des appartenances tribales, ethniques, si l’on a plus d’alliés avec grand poids politique dans leurs coins, qui travaillent pour soi, l’on est sans aucun doute favori. Et dans ce cas, Fatshi les avaient et il est donc difficile voire impossible logiquement de penser que la victoire lui échapperait au regard des faits pratiques démontrés.
Discours de campagne détruisant
« Candidat de l’étranger » ou «encore « candidat de Paul Kagame », a été le qualificatif collé à Moïse Katumbi par Félix Tshisekedi qui demandait à son challenger de prouver le contraire en fustigeant publiquement le président rwandais qui agresse le Congo. Exercice évité par MKC qui n’a cité dans ses différents meeting le nom de Paul Kagame ni condamner la rébellion du M23.
Aussi, le meeting de Jean-Pierre Bemba et son émission sur Top Congo ont fragilisé MCK que ses lieutenants n’ont pas eu des éléments de réponse pouvant convaincre les Congolais, à part la pluie d’injures qu’ils ont déversées sur le leader du Mouvement de libération du Congo (MLC).
Le passage de Fatshi sur Top Congo, exercice auquel MKC a refusé de se soumettre, a ragaillardi le président à sa propre succession du fait qu’il n’a pas aménagé Paul Kagame supposé parrain de MKC. Cette communication à deux jours des élections a décoté sérieusement MKC.
De la stratégie de vote
L’union sacrée s’est fait constituer plusieurs regroupements politiques contenant chacun un certain nombre des partis politiques. La stratégie de chaque regroupement, de chaque parti mais aussi de chaque candidat, était de disposer de deux témoins dans chaque bureau de vote, sans oublier des observateurs électoraux. Ces témoins et observateurs avaient le devoir de se présenter tôt dans les bureaux de vote et voter pour ceux qui les ont déployés et leur ramener les PV de vote. C’est un contrat que chaque candidat a eu avec ses témoins et observateurs.
Si à Mbuji-Mayi où le reporter de Scooprdc.net a couvert les élections, il y avait 878 bureaux de vote répartis dans 193 centres de vote et 121 sites de vote, chaque regroupement politique devait avoir dans cette circonscription au moins 1700 témoins à lui seul. Facile de comprendre qu’avec seuls les témoins des candidats députés, la plupart protagonistes entre eux mais qui avaient par la force de chose un dénominateur commun n° 20 à la présidentielle, Fatshi devait recueillir beaucoup de voix. Réalité bien connue de ceux qui contestent, mais qui refusent de l’admettre. C’est de la politique à la congolaise.