Tiré d’Alternance.cd/Titre de Scoop RDC
Le président CEO de e-COM SAS, une entreprise de service du numérique spécialisée dans tous les aspects de la transformation numérique des organisations et des transactions électroniques sécurisées, Nandegeza J. Musafiri, ne sait plus à quel saint se vouer. Il a frappé sur toutes les portes pour espérer percevoir les arriérés de paiement relatifs au projet de numérisation du programme d’Appui au développement et à la promotion du tourisme (ADPT) ainsi que de l’ infogérance du Système d’information (SI) déployé par sa société pour l’Office national du tourisme (ONT). Les correspondances échangées par différentes parties laissent à penser que le ministre du Tourisme, Me Didier Mazenga, n’aurait pas joué sa partition et bloquerait la machine, exigeant des rétrocommissions.
C’est une affaire rocambolesque digne d’une histoire d’un chien de chasse qui, après avoir réussi à attraper des gros gibiers pour son maître qui peinait à attraper même une petite reptile, est privé même des os. C’est le moins que l’on puisse dire de e-COM SAS qui avait signé le 27 octobre 2017 un avenant et le 27 février 2018 un contrat avec l’ONT pour la numérisation des processus de gestion du ministère du tourisme.
Ce contrat a permis d’augmenter significativement les recettes de l’Etat de ce secteur, d’assurer la transparence et la traçabilité ainsi que de lutter contre les tracasseries administratives.
Selon des documents consultés par alternance.cd, la numérisation du programme ADPT avait été subdivisée en trois phases.
La première phase portait sur l’exploitation du transport aérien ; la deuxième sur l’exploitation d’établissements d’hébergement et de restauration et des sites touristiques ainsi que l’organisation des évènements et des voyages touristiques et; la troisième sur l’exploitation des autres moyens de transport autres qu’aérien.
Les deux premières phases ont été confiées à e-COM SAS et la dernière phase à un autre prestataire.
La société e-COM SAS affirme avoir apporté « une solution idoine et un financement adapté au contexte, sur fonds propres pour la réalisation des études préalables » comprenant l’étude de faisabilité, la reconfiguration des processus de gestion, la rédaction du cahier des charges en groupement avec son partenaire bancaire Procredit Bank, actuellement Equity Bank BCDC.
Sama Lukonde saisi
Dans une lettre adressée au premier ministre Jean-Michel Sama, le 1er août 2023, Nandegeza J Musafiri s’est plaint du non-paiement de ses créances. « La première phase a été finalisée à 100% et déployée au mois d’avril 2018. Les résultats furent probants, notamment une augmentation de plus de 1000% de recettes de redevances Fond pour la promotion du tourisme (FPT) de +/-70 000 USD par mois à plus de 800 000 USD par mois en moins d’un an », peut-on y lire.
La seconde phase, lancée en 2019 et qui devrait permettre de dépasser deux millions de dollars de recettes par mois, a été finalisée selon lui, « en temps et en heure 60% des modules », les 40% restants étant en souffrance par manque de validation des spécifications fonctionnelles par l’ONT. « L’ONT s’était engagé à verser à e-COM SAS 7.5% du flux des redevances dues au ministère du Tourisme, à titre des frais d’exploitation du système d’information déployé : ces montants devaient être retenus à la source par Equity Bank et versés directement dans le compte de e-COM SAS pour lui permettre d’assurer le maintien en condition opérationnelle du système d’information du projet ADPT ainsi que la conduite du changement », a expliqué le patron de e-COM SAS au chef du gouvernement.
Et de révéler que : « Cette disposition contractuelle n’est plus respectée par l’ONT et son ministère de tutelle depuis octobre 2021 ».
Bien plus, l’ONT n’a pas tenu son engagement pris en février 2023, de payer les arriérés. « Mais, malheureusement, nous sommes au regret de constater que l’ONT n’a honoré aucun des engagements qu’il avait pris, ce qui fait qu’à ce jour, la dette (pour la finalisation du projet et assurer l’infogérance ) atteint un montant astronomique supérieur à 1.5 million de dollars, qui met sérieusement en danger le maintien en condition opérationnelle du système d’information ADPT assuré par e-COM SAS et entame aussi fortement notre crédibilité vis-à-vis de nos partenaires », a fustigé Nandegeza J. Musafiri.
Il a renchéri à l’attention du premier ministre que : «L’attitude inexplicable et difficilement admissible de l’ONT ou de son ministère de tutelle compromet gravement la mission que s’était donnée e-COM SAS en tant qu’acteur économique d’accompagner l’innovation et le développement numérique en RDC, permettre de créer des emplois durables et des richesses partagées ».
La responsabilité de Didier Mazenga engagée
A l’Office national du tourisme, on renvoie la balle au ministre de tutelle. Témoin, une correspondance adressée à Didier Mazenga, en date du 20 juin 2023 par le directeur général de l’ONT. On y lit notamment qu’à la demande de l’ONT de payer les créances de e-COM SAS, le ministre d’État au Budget « nous a demandé de solliciter l’engagement d’une dépense de subvention en notre faveur par notre tutelle ».
De ce fait, le directeur général de l’ONT a formulé la demande suivant au ministre du Tourisme : « C’est ainsi que nous voudrions de ce fait, vous présenter la situation des créances d’e-COM SAS pour le compte du projet d’Appui au développement et à la promotion du tourisme (ADPT) qui couvre la période de mars, mai et juin 2023, ce qui ramène le total à 1.546.613,00 $ US soit un surplus de 196.613$ US. Mais aussi, vous prier de bien vouloir solliciter en notre faveur l’engagement d’une dépense de subvention par le ministère du Budget ».
Le ministre Didier Mazenga n’aurait réservé aucune suite à cette demande. Ce qui pousse les responsables de e-COM SAS à croire qu’il bloque intentionnellement le dossier. Dans les couloirs de cette société, on laisse entendre que Didier Manzenga exigerait davantage une rétrocommission sur les 7% qui reviennent à e-COM SAS.
Si c’est le cas, ce que le ministre du Tourisme bloque par ricochet le développement du tourisme alors qu’il crie partout qu’il travaille pour concrétiser la vision du chef de l’État Félix Tshisekedi dans son secteur.
Contactés par alternance.cd pour avoir un deuxième son de cloche, les services du ministre Didier Mazenga ont promis de réagir « au moment opportun ».