Conseil d’administration et Comité de gestion de l’Agence congolaise de l’environnement investis récemment, Scooprdc.net est allé à la rencontre, jeudi 05 octobre dernier, du Président du conseil d’administration (PCA) de l’ACE, Crispin Ngbundu Malengo, pour savoir exactement le rôle et la mission confiés à cette structure placée sous tutelle du ministère de l’Environnement et développement durable, actuellement dirigé par Mme Eve Bazaiba. Un entretien qui se réalise à deux mois du sommet mondial sur le climat (Cop 28) prévu à Dubaï aux Émirats arabes unis du 30 novembre au 12 décembre prochain. Ci-dessous, l’exclusivité de cette entretien :
Scooprdc.net : vous êtes à la tête de l’administration de l’Agence congolaise de l’environnement. Quels sont le rôle et la mission de l’ACE ?
Crispin Ngbundu : L’ACE c’est l’Agence congolaise de l’environnement qui a pour mission de pouvoir, évaluer les études environnementales et veiller à ce qu’il n’y ait pas de risques environnementaux et sociaux. Et en même temps, faire en sorte que les études d’impacts environnementaux soient sanctionnées par des certificats d’études environnementales pour celles qui répondent positivement. Et pour celles qui ne répondent pas positivement, on est obligé de les rejeter. Et c’est aussi suivi d’une équipe d’évaluateurs et d’inspecteurs sur terrain pour vérifier si le projet exécuté reste dans les normes environnementales tel que présenté dans le dossier. Et si par exemple le projet va au-delà de normes acceptées, l’on est obligé de l’arrêter et le faire revenir à l’ordre.
Donc voilà en quelques mots l’importance et le rôle de notre agence. Et au sein de l’ACE, il y a trois organes. Il y a le Conseil d’administration, il y a la Direction générale et les commissaires aux comptes. Pour l’instant, le Directeur général et le directeur général adjoint sont déjà nommés et le DG participe au conseil d’administration. Voilà un peu l’organisation de l’ACE.
Vous parlez des études d’impacts environnementaux dans tous les secteurs y compris dans le secteur minier. Pour le Congolais lambda, qu’est-ce qu’il doit comprendre lorsque vous dites : ’’étude d’impacts environnementaux’’ ?
Oui, justement nous avons besoin du développement dans notre pays, et il y a beaucoup de projets qui viennent pour le développement. Mais tous ces projets lorsqu’ils sont exécutés, ne vont pas tous dans le sens de la protection de l’environnement et de la protection de la population. Voilà pourquoi tous ces projets doivent présenter au préalable une étude d’impacts environnementaux et sociaux. Et en sa qualité de structure technique et scientifique du gouvernement à cet effet, il revient donc à l’ACE d’analyser ces études pour valider ou non l’exécution dudit projet.
L’ACE attendait depuis quelques mois, la publication au journal officiel de l’arrêt du Conseil d’État lui attribuant le monopole dans les études d’impacts environnementaux. Et d’ailleurs Mme Eve Bazaiba en a parlé lors de la remise et reprise que ça sera votre cheval de bataille. Aujourd’hui que c’est chose faite, quel est votre sentiment et surtout pouvez-vous rappeler les enjeux de ce combat ?
Premièrement je dois dire que Mme Bazaiba est la pionnière et l’ACE c’est comme une fille sortie de ses entrailles intellectuelles et pour cela, nous disons bravo à Mme la ministre de l’Environnement et développement durable. Parce qu’elle a encadré cette agence dès son départ et le combat a commencé à partir de là. Parce qu’il y avait un problème. Le ministère des mines gardait en son sein un service qui parlait des études d’impact environnemental et social, alors que la totalité des études d’impacts environnementaux et sociaux devait être gérée par l’ACE. Il y avait donc chevauchement entre un service de mines et l’ACE. Il s’est agi là d’un conflit administratif. C’est la raison pour laquelle, l’ACE avait saisi le Conseil d’État sous le pilotage de Mme la ministre et le Conseil d’État a donné raison à l’ACE. Ceci est une première réussite de ce combat et là j’aimerai jeter de fleurs au Conseil d’administration, le PCA, le DG et tous les autres administrateurs qui ont mené ce combat.
Parlant de votre mission, est-ce que l’ACE est-elle génératrice des recettes qui participe à l’assiette de l’État ?
Étant le tout premier conseil d’administration à être nommé, il nous revient à nous d’y travailler. Car avant nous il y avait ni un Comité de gestion ni Conseil d’administration. Et donc nous avons commencé par l’élaboration d’un règlement intérieur suivi d’un budget. Avec tous les amendements qu’il y a eu, nous pensons être dans le bon car le budget a été revu à la hausse pour qu’il soit capable de renflouer les caisses de l’État sans oublier d’améliorer les conditions et la situation du personnel et penser à son expansion.
A quand cette expansion de l’ACE à travers la république ?
Le travail se fait, car le DG nous a présenté un plan d’expansion. Déjà, il y a quelques provinces qui ont été ciblées et l’ACE y est présente déjà. Ici dans la ville de Kinshasa nous avons aussi deux directions provinciales. Mais nous faisons un travail d’expansion progressive car il faut de moyens en personnel et en matériels.
Vous parlez de protection de la population et de l’environnement. Mais on a des engins comme avions, véhicules etc., il y a même des bars et des églises qui font autant de bruits avec une pollution sonore accentuée. Est-ce que cela concerne aussi l’ACE ?
Bien sûr ! Mais je dois dire qu’il y a beaucoup de secteurs qui sont concernés par l’ACE. Je vous ai parlé il y a peu de l’infrastructure ! Le boom immobilier dans la ville de Kinshasa se fait en violation d’études d’impact environnemental et social et c’est dangereux. Voyez vous-même dans le secteur des hydrocarbures par exemple comment les stations-services envahissent les habitations ! Il y a peu, un engin a brûlé faisant de victimes au Kongo central. A Kinshasa ici sur place, dans les environs de Goma récemment, à Lisala récemment il y a une station qui a brûlé faisant aussi des victimes…Dans la brasserie, il y a de produit fabriqué et que de gens boivent sans connaître la composition de ce contenu ! Il y a de gens qui tombent malades et meurent. Dans le domaine de la santé avec autant d’usines pharmaceutiques, ces produits doivent faire l’objet d’études avant leur mise sur le marché, la fabrication de cigarette, dans le domaine de transport, dans la culture avec des implantations des églises partout avec de nuisances sonores, des enseignements de tout genre. J’en suis victime moi-même car en rentrant chez moi le soir pour me reposer, c’est en ce moment-là que la prière commence chez les voisins etc. Les sociétés minières, les exploitants forestiers.
L’environnement c’est aussi le climat. A la fin de cette année, doit se tenir le sommet sur le climat « la Cop28 ». Que peut-on attendre de l’ACE ?
L’ACE est une structure technique et scientifique du ministère de l’Environnement qui va travailler pour donner son point de vue scientifique et technique. Accompagner le ministère dans cette rencontre qui décide du futur de la planète sur le climat. Et Ici, la RDC se présente et le chef de l’État ne cesse de le dire comme pays solution. Nous sommes confrontés à trois problèmes : d’une part, accéder au développement, d’autre part protéger l’écosystème, celui-là même qui fournit à nos populations leur substance vitale et enfin la réticence des pollueurs d’honorer leur engagement selon le principe de pollueur-payeur. Et en tant que telle, l’ACE devra proposer des solutions au ministère de tutelle pour lui permettre de porter la voix de la RDC là où il le pourra.