A New-York : Tshisekedi dénonce l’attitude équivoque, la politique de deux poids deux mesures, les ambigüités et atermoiements de l’ONU

Le président congolais Félix Tshisekedi est monté, mercredi 20 septembre dans l’après-midi de New-York, à la tribune des Nations unies pour son allocution à l’occasion de la 78ième Assemblée générale de cette organisation dont le thème cette année est : « Rétablir la confiance et raviver la solidarité mondiale : accélérer l’action menée pour réaliser le programme 2030 et les objectifs de développement durable en faveur de la paix, de la prospérité, du progrès et de la durabilité pour tous ».

Tout en saluant ce thème et en compatissant aux malheurs qui ont frappé récemment les peuples marocain et libyen à la suite des catastrophes naturelles ayant fait dans ces deux pays africains plus de 7 mille morts et plusieurs blessés sans compter les dégâts matériels très énormes, Félix Tshisekedi  a aussi évoqué la question du réchauffement climatique et plaidé pour que les pays pollueurs respectent leurs engagements en disponibilisant les 100 milliards USD en financement climatique convenus en 2009.

« La République Démocratique du Congo demande aux Nations Unies et à l’ensemble de la communauté internationale de prêter une attention particulière aux revendications légitimes de l’Afrique », a-t-il ainsi formulé sa demande pour pallier les conséquences dues au réchauffement climatique.

S’agissant du fonctionnement de l’Onu, Tshisekedi a, dans sa peau d’Africain,  et sans porter les gants, critiqué les faiblesses de celle-ci qui sautent à ses yeux comme de l’injustice.

« Les peuples africains ne comprennent pas souvent l’attitude équivoque, la politique de deux poids deux mesures, les ambigüités et atermoiements de notre Organisation, plus particulièrement de son Conseil de sécurité dans certaines crises politiques et sécuritaires graves qui sévissent en Afrique, parfois depuis plusieurs décennies », s’inquiète le président congolais en rappelant que « le maintien de la paix et de la sécurité internationales constitue le fondement et l’objectif primordial de la création de l’Organisation des Nations Unies. Ceci requiert plus de détermination et d’engagement de tous face à toute menace contre la paix et la sécurité dans le monde ».

Exemple de la « politique de deux poids deux mesures » à l’appui, Tshisekedi cite le cas de la crise oubliée du Sahara occidental qui déchire l’Algérie et le Royaume du Maroc et dure depuis plusieurs décennies ; celui du Mozambique victime d’attaques terroristes meurtrières depuis environ une décennie dans la province de Cabo Delgado ; le cas du Soudan dont la crise s’enlise dans une guerre civile meurtrière opposant depuis l’année dernière, les militaires fidèles au président Abdel Fatah Al Buran aux Forces paramilitaires de soutien rapide qui sont sous le commandement du Général Mohamed Hamday Dagalo.

En ce qui concerne son propre pays dans la même situation d’injustice de l’Onu, Tshisekedi a demandé le retrait accéléré des troupes de la Monusco de la RDC.

« Après plus de deux décennies de présence, il est temps pour notre pays de prendre pleinement son destin en main et de devenir le principal acteur de sa propre stabilité. Nous sommes reconnaissants envers la communauté internationale et les Nations Unies pour leur soutien et leur partenariat, mais nous sommes également conscients que le retrait progressif de la MONUSCO est une étape nécessaire pour consolider les progrès que nous avons déjà réalisés », a fait remarquer Tshisekedi.

Et d’ajouter : « Cependant, il est à déplorer que les missions de maintien de la paix déployée — sous une forme ou une autre — depuis vingt-cinq ans en République Démocratique du Congo n’aient pas réussi à faire face aux rébellions et conflits armés qui déchirent la République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs ni à protéger les populations civiles. Aussi, le projet de retrait échelonné, responsable et durable de la MONUSCO, 6 annoncé depuis 2018 et dont le plan de transition a été adopté en 2021, devient-il anachronique au regard de l’évolution des contingences politiques, sécuritaires et sociales actuelles ? Il est donc illusoire et contreproductif de continuer à s’accrocher au maintien de la MONUSCO pour restaurer la paix en République Démocratique du Congo et stabiliser celle-ci ».

Le président congolais note par ailleurs que l’accélération du retrait de la MONUSCO devient une nécessité impérieuse pour apaiser les tensions entre cette dernière et ses concitoyens. « Il est temps pour mon pays d’explorer de nouveaux mécanismes de collaboration stratégique avec les Nations Unies, davantage en phase avec nos réalités actuelles », a-t-il martelé.

Faisant des propositions pour la réforme de l’Onu, en vue de conserver la confiance de la communauté internationale, Tshisekedi estime que celle-ci doit montrer qu’elle est capable de s’adapter au temps présent et de relever avec efficacité et responsabilité les défis d’aujourd’hui.

« … la demande pressante et incessante de mon pays et de l’Afrique qu’organe pilote et décisionnel de l’ONU afin de pouvoir intégrer, en son sein, deux représentants du continent africain en qualité de Membres permanents aux fins de consacrer un équilibre géographique juste et représentatif. D’où la pertinence et la nécessité de réformer notre organisation vieille de 78 ans, qui accuse certaines limites face aux mutations actuelles et à la dynamique internationale afin de lui donner plus d’inclusivité aussi bien dans sa composition que dans son processus de prise des décisions qui désormais devra prendre en compte la voix de l’Afrique », a plaidé et suggéré le président congolais en rappelant que pour remplir efficacement ses lourdes et délicates missions et mériter la confiance de tous, l’ONU doit incarner les valeurs de justice, d’équité et de solidarité et être représentative de tous dans notre diversité culturelle, politique, économique et sociale. « C’est là tout le sens de sa réforme sur laquelle les Africains ne cessent de revenir et du combat que nous devons tous mener », a-t-il conclu.

  • Bendélé Ekweya té

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