Dédollarisation de l’économie congolaise : Le Gouvernement toujours incapable, les ambassades sabotent le FC, les banques commerciales font la loi !

Dominée par le dollar américain depuis la dualité entre l’ancien et le nouveau zaïre sous Mobutu avec comme conséquence l’hyperinflation à quatre chiffres, l’économie congolaise a du mal à se libérer de l’emprise de cette monnaie étrangère considérée comme un refuge garanti face l’inflation. La majorité des transactions commerciales et autres paiements mêmes les plus simples comme le loyer et la dot, se font obligatoirement en cette devise sous l’impuissance de plusieurs gouvernements qui se sont succédé. Situation que ne connaissent pas beaucoup de pays d’Afrique, voire ceux voisins directs de la RDC.

Malgré que le pays se soit engagé depuis 2001 dans un processus de dédollarisation de l’économie, il n’y parvient toujours pas. Aujourd’hui donneur de leçons de bonne gouvernance, Augustin Matata Ponyo alors premier ministre, avait annoncé avec pompe cette opération de dédollarisation de l’économie pour fin septembre 2014 et avait nourri beaucoup d’espoirs surtout avec la bancarisation de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat. Mais ce n’était qu’un leurre.

Non sans raison, car Augustin Matata Ponyo est parti fin 2016, laissant, non seulement 90% des dépôts dans des banques commerciales s’effectuer en dollar et 95% des crédits accordés par ces banques également libellés en dollar, mais également des transactions commerciales s’effectuer fortement en cette monnaie américaine sans aucun respect des mesures éditées par son gouvernement.

A l’arrivée de Bruno Tshibala comme premier ministre en 2017, il a fait un beau rêve de déclarer la guerre, selon ses propres propos, à l’empereur dollar américain qui était à 1.550FC, promettant de le ramener à 1.000FC.   Malheureusement, il n’avait pas d’artilleries lourdes pour cette guerre. Brutshi est parti aussi comme Matata Ponyo, en mai 2019, sans vaincre l’empereur dollar qui avait déjà atteint 1.690FC, sans rétablir son statut d’instrument de souveraineté.

Le gouvernement Sama Lukonde a vu le dollar partir de 2.000 jusqu’à 2.500FC aujourd’hui. Bien que le président Tshisekedi ait appelé à une réflexion profonde pour faire du franc congolais une monnaie forte et stable, le combat est encore rude pour parvenir à interdire la circulation parallèle des autres monnaies étrangères comme il se passe dans beaucoup de pays, pour permettre au Franc congolais de retrouver ses fonctions essentielles.

Les membres du Gouvernement, pour la plupart sont les responsables de la faiblesse de la monnaie locale, car souhaitant avoir dans les poches de leurs vestes les billets verts que ceux nationaux. A la réception des frais de fonctionnement des ministères en Francs congolais, la majorité des ministres se précipitent de les échanger vite en dollar américain auprès des cambistes qui, eux-mêmes opèrent illégalement aux coins des avenues sans agrément de la Banque centrale du Congo (BCC).

Quand les ambassades occidentales sabotent le FC, les banques commerciales imposent leur loi

La moindre valeur que les officiels congolais ont accordée à leur monnaie a fait que, que ce soit pour le visa Schengen que pour celui des Etats-Unis, le paiement s’effectue obligatoirement en devise étrangère.

A la Maison Schengen par exemple, c’est l’euro qui est exigé tandis que pour les Etats-Unis et d’autres pays non de l’espace Schengen, c’est le dollar. Le paiement équivalent en monnaie locale n’est nullement accepté même au taux élevé. Autrement dit, le pauvre FC est indésirable, saboté, malmené dans son propre pays au guichet des ambassades sans que les autorités congolaises compétentes ne réagissent.

Or, dans les pays de l’Union européenne, aucune transaction ne peut s’effectuer en une autre monnaie que l’euro. Pas même l’empereur dollar n’a de place ni de considération dans cet espace Schengen. Tout détenteur de cette devise américaine est obligé de passer par une maison de change dûment agréée pour se procurer l’euro. Vice-versa aux Etats-Unis lorsque l’on dispose d’euros.

Pourquoi cette discipline monétaire, le gouvernement congolais ne peut-il pas l’imposer à travers le Vice-premier ministre, ministre des Affaires étrangères, aux ambassades basées à Kinshasa lorsqu’il s’agit de payer les frais de visa ? Voilà une colonisation monétaire.

Pire, les banques commerciales sont dans cette même logique de déconsidération de la monnaie locale. Elle préfère accorder des prêts en dollar qu’en FC. Les peu de fois qu’elles le font, c’est à un taux de change très supérieur au taux du jour.

Certaines banques comme la FBNBank commencent, lors de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat, à contraindre ces derniers à prendre les dollars alors qu’ils sont payés en FC. Et ce qui est illogique dans cette opération, ce que, la FBNBank par exemple, à la dernière paie pour le mois de juillet 2023, a fixé 1 USD à 2.575FC alors que dans la cité la monnaie américaine se change à 2.400FC. Donc, dans cette opération, le fonctionnaire qui accepte de prendre son salaire en dollar au taux de 2.575FC, perd 17.500 FC par billet de 100 USD lorsqu’il voudra reconvertir son salaire en FC pour l’utilisation sur le marché. Une perte énorme que l’autorité monétaire congolaise doit éviter aux pauvres fonctionnaires, en rappelant aux banques commerciales de respecter la réglementation en la matière, voire sanctionner les récalcitrants. Sinon c’est la jungle.

  • Bendélé Ekweya té

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