Ils enseignaient excellemment la parole de Dieu et étaient des docteurs de la loi, mais seulement ils n’étaient pas des modèles dans l’application de cette loi et le Maître Jésus-Christ les détestait : les Scribes et les Pharisiens.
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez pas vous-mêmes, et vous n’y laissez pas entrer ceux qui veulent entrer. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous dévorez les maisons des veuves, et que vous faites pour l’apparence de longues prières ; à cause de cela, vous serez jugés plus sévèrement. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et, quand il l’est devenu, vous en faites un fils de la géhenne deux fois plus que vous. Malheur à vous, conducteurs aveugles ! qui dites : Si quelqu’un jure par le temple, ce n’est rien ; mais, si quelqu’un jure par l’or du temple, il est engagé… Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous payez la dîme de la menthe, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est plus important dans la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité : c’est là ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger les autres choses. Conducteurs aveugles ! qui coulez le moucheron, et qui avalez le chameau. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, et qu’au dedans ils sont pleins de rapine et d’intempérance. Pharisien aveugle ! nettoie premièrement l’intérieur de la coupe et du plat, afin que l’extérieur aussi devienne net. Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au dehors, et qui, au dedans, sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impuretés. Vous de même, au dehors, vous paraissez justes aux hommes, mais, au dedans, vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité », les sermonnait le Christ (Mt 23,13-16 ; 23-29).
En RDC, Augustin Matata Ponyo Mapon, ancien premier ministre sous le régime de Joseph Kabila, passé aujourd’hui dans l’opposition au régime du président Félix Tshisekedi, fait sans doute partie de cette catégorie de personnes détestées par le Fils de l’homme qui a recommandé les Chrétiens, qualité spirituelle dont se prévaut aussi Mapon, d’être ses imitateurs.
Actuellement donneur des leçons de bonne gouvernance, Augustin Matata Ponyo a, contrairement aux autres opposants, un statut particulier, celui d’avoir été un ancien premier ministre ayant dirigé pendant 4 ans le gouvernement avec un bilan plus que mitigé. Quel crédit à accorder à son ou ses enseignements de bonne gouvernance alors qu’il traine des casseroles sales ?
En effet, l’ancien premier ministre qui se déclare candidat à la présidentielle de décembre 2023, vient de rendre public son programme de gouvernance par lui applicable, dit-il, une fois élu président de la République. En 52 pages, Mapon, dans ce programme intitulé « Renouer avec notre destin de grandeur » et largement partagé par son armée numérique pour conditionner et hypnotiser les Congolais, fait un chapelet de très bonnes intentions : Il va restaurer la sécurité, augmenter le budget à 18 milliards USD, déployer les parcs agroindustriels partout en RDC, améliorer la gouvernance des ressources naturelles, etc.
Ça aurait été un très bon document à lire si son initiateur n’avait pas dirigé le gouvernement mains très libres, sans asphyxie du président de la République Joseph Kabila. Malheureusement, c’est le même qui manipulait le Trésor public à son gré sans faire grand-chose, qui revient pour se prévaloir meilleur gestionnaire. Quelle nouveauté offre-t-il dans son programme présenté au peuple congolais, lui qui est poursuivi pour la débâcle du parc agroindustriel de Bukanga Lonzo, dossier qui tente désespéramment de politiser ? Pour beaucoup d’analystes, c’est de la pure démagogie scribo-pharisienne décriée par le Christ.
Non sans raison, quelques faits le démontrent et contredisent les décors plantés de son programme d’action. En effet, lorsque Matata parle de la sécurité, il faut rappeler que c’est sous son mandat qu’est né le M23. Ce mouvement rebelle avait occupé comme maintenant Bunagana pendant année. C’est grâce à l’appui de la force d’intervention rapide de la Monusco que ces rebelles furent défaits militairement. Malgré cette défaite, des accords dénommés « Déclarations de Naïrobi » furent signés entre son gouvernement et la direction de ce mouvement rebelle en novembre 2013. Mais jusqu’à son départ fin 2016, Matata a manœuvré avec son gouvernement pour ne pas honorer les engagements qui étaient tiens. L’apparition actuelle de ce mouvement rebelle qui devait entre autres se muer en parti politique, est à mettre à son actif.
Aussi, en aucune fois pendant ces quatre ans passés à la primature, il avait mis ses pieds au Nord-Kivu, Sud-Kivu, Ituri pourtant des provinces en proie à l’insécurité. Alors qu’il avait hérité de Muzito, mieux de l’intérimaire Koyagialo de pas plus de 40 groupes armés et autres milices mai-mai, Matata en a légué plus de 120 à Samy Badibanga, d’autres nouvellement créés dans sa province le Maniema, œuvre de certains membres de son gouvernement.
Sur le plan économique, malgré le refrain de la « macroéconomie » par lui entonné, Augustin Matata n’a pas pu dédollariser l’économie congolaise, mesure prise par son propre gouvernement. Il est parti laissant 80% des dépôts dans des banques commerciales s’effectuer en dollar et 95% des crédits accordés par ces banques libellés également en dollar.
Si l’Inspection générale des finances (IGF) avait fonctionné correctement sous Matata Ponyo, il est évident que l’homme à la cravate rouge n’aurait jamais quitté la Primature par la grande porte au regard de quelques projets par lui initiés où la surfacturation était devenue la colonne vertébrale de sa gestion et c’est sans compter des éléphants blancs au goût d’inachevés.
L’hôtel du gouvernement appelé « Immeuble intelligent », un édifice de neuf étages qui abrite aujourd’hui quelques ministères, qui avait été prévu pour 26 millions de dollars américains, a, au finish soutiré au Trésor public plus 40 millions de dollars américains sans résoudre le problème du parking qui fait défaut à cette bâtisse.
La rénovation de la Primature qui ne souffrait pourtant d’aucune usure d’autant plus qu’elle était aménagée régulièrement, personne n’en connaitra le coût réel, car jamais révélé par son initiateur.
Outre ces deux réalisations, il y a une litanie de projets autant rocambolesques qu’incongrus de par leur conception, exécution et résultat. Ci-dessous quelques projets qui ont été financés par le Trésor public sous le premier ministre Augustin Matata Ponyo, sans qu’aucun de ces projets ne soit achevé ou même sans être réalisé :
Le parc agroindustriel de Bukanga Lonzo : Coût du projet 285 millions USD
Alors premier ministre après être passé par le ministère des finances, Matata Ponyo va initier en écartant le ministre de l’agriculture de l’époque Jean Chrysostome Vahamwiti (lire l’article de Scooprdc.net : Vérité sur le marché de gré-à-gré avec la sud-africaine AFRICOM : Jean Chrysostome Vahamwiti demande à Augustin Matata de bien vouloir porter seul sa croix !), le projet du parce agroindustriel de Bukangalonzo pour la production du maïs et d’autres cultures. Pour la réalisation de ce projet, le Trésor public a déboursé 285 millions USD dont seulement 80 millions, selon le rapport de l’IGF qui l’accable jusqu’aujourd’hui, ont été utilisés. Le résultat est connu de tous les congolais : la débâcle.
Il y a même une anecdote qui dit que l’homme a semé le maïs à Bukanga Lonzo pour récolter l’université Mapon à Kindu. Façon tout simplement de dire qu’il a détourné l’argent du projet Bukanga Lonzo pour la construction de son université privée qui porte son nom chez lui à Kindu.
Et lorsqu’il parle dans son programme du déploiement des parcs agroindustriels partout en RDC, cela resonne comme une véritable insulte aux oreilles de Congolais.
La construction de mille écoles dans tous les territoires de la RDC : Coût du projet 150 millions USD
Du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, Augustin Matata avait promis aux Congolais la construction de 1.000 écoles dans tous les territoires de la RDC. Son projet était chiffré à 150 millions USD. Mais à ce jour, la réalité prouve que ce projet a plutôt réhabilité certaines écoles et produit de faux rapports sur la construction des autres.
Par contre, presque dans la même période alors que l’État ne pouvait le faire officiellement par manque de moyen, Matata Ponyo va se taper sur des fonds tombés du ciel, une université avec de bâtiments modernes dont l’architecte serait d’ailleurs en procès avec lui pour non-paiement complet de la facture. Un complexe scolaire allant de la maternelle au cycle des humanités avec résidences et pour les étudiants et pour les professeurs.
Achat des locomotives : Coût du projet 545 millions USD
Avec le vieux Sylvestre Ilunga Ilunkamba à l’époque Directeur général de la Société nationale de chemins de fer (SNCC), Mapon lança le projet d’achat de 18 nouvelles locomotives pour soi-disant rendre viable cette société qui avait le visage de canard boiteux. Coût du projet 545 millions USD.
« L’achat de nouvelles locomotives prend plusieurs mois. Les locomotives neuves se commandent selon les spécifications de la voie concernée. Le constructeur peut ensuite prendre un minimum de douze mois avant la livraison », déclarait Justin Kalumba, ministre des Transports et voies de communication de Matata avant de préciser que « le temps moyen c’est deux ans pour construire ». Et là, l’on est en mai 2014.
Les 18 locomotives de Matata pour lesquelles l’argent était sorti du Trésor public, sont toujours attendues par les Congolais du prétendu constructeur chinois.
Bref, avant de prétendre revenir aux affaires comme président de la République, Augustin Matata devra obligatoirement expliquer et d’une façon très claire aux Congolais, à quoi ont servi les fonds déboursés pour Bukanga Longo, les 354 millions USD prévus pour le projet de construction des hôpitaux modernes dans tous les territoires, les 280 millions USD sortis pour le projet de construction des stades modernes dans tous les territoires de la RDC, les 350 millions USD pour le projet de construction et réhabilitation des Universités et des Centres professionnels, etc. C’est un devoir pour tout celui qui prône la bonne gouvernance.
