Finances publiques : Face à l’inefficacité des sanctions judiciaires, l’IGF opte désormais pour le contrôle a priori !

« A malin, malin et demi », dit un adage. Et l’Inspection générale des finances (IGF) l’a bien compris face aux acquittements spectaculaires de certains prédateurs des deniers publics dont le dernier en date est celui à la Cour de cassation de l’ancien ministre de la Santé publique, le docteur Eteni Longodo, accusé de détournement des fonds alloués à la lutte contre la covid-19 sous le gouvernement Ilunkamba.

En effet, le contrôle de la gestion financière de cet ancien ministre UDPS des fonds lui alloués pour combattre la pandémie apparue avec beaucoup de fureur, avait décelé une disparition d’un montant important consigné dans le rapport contradictoire signé en bonne et due forme par l’inculpé sans aucune contrainte.  

Ayant analysé ce rapport de l’IGF et après avoir réalisé que les accusations y contenues contre cet ancien ministre UDPS étaient fondées, le Parquet près le Tribunal de grande instance de Kinshasa l’a, dans toute son indépendance, interpellé et détenu à la prison de Makala où il a été transféré le 27 aout 2021. Ce dernier s’est vu accorder une liberté provisoire le 14 septembre 2021, soit plus de deux semaines de détention. Une libération qui avait suscité une vive polémique comme son acquittement à la Cour de cassation l’est aussi aujourd’hui.

Face à ce qui parait sans ambages comme un affaiblissement de son action, l’IGF qui a la latitude de procéder soit par le contrôle a posteriori ou a priori, a décidé de recourir désormais au dernier contrôle pour limiter sensiblement la délinquance financière.

« Désormais, avec les mandataires publics et autres gestionnaires étatiques, ton pied, mon pied », a déclaré Jules Alingete, Inspecteur général des finances, qui n’apprécie plus le contrôle a posteriori.

« Tout ce que nous déplorons aujourd’hui, est la conséquence du contrôle a posteriori. Vous donnez l’argent de l’Etat à quelqu’un pour gérer, il s’achète des maisons et autres biens de valeur, mais quand vous venez le contrôler une année après, vous trouvez qu’il a volé.  Mais puisqu’il est devenu financièrement fort et puissant, il a la capacité d’influencer, d’instrumentaliser et vous compliquer la vie. Pour éviter tout ça, nous optons pour le contrôle a priori, ce que nous appelons patrouille financière. C’est-à-dire avant de dépenser les deniers publics, nous jetons notre regard. Même quand vous avez dépensé, à la minute nous contrôlons. Autrement dit, ce que vous voulez faire aujourd’hui, nous le contrôlons aujourd’hui. C’est un contrôle préventif et éducatif au quotidien. Avec cette patrouille financière, nous empêchons aux gestionnaires étatiques de voler et nous amener en justice », explique Jules Alingeti qui a loué du moins le travail d’accompagnement des actions de l’IGF par les parquets.

Avec le contrôle concomitant et a posteriori, l’IGF est du moins convaincue que les gestionnaires publics ont la peur du gendarme. Ce qui contribue à la mobilisation accrue des recettes et le renflouement du Trésor public.   

  • Bendélé Ekweya té

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