Agriculture : Opérationnalisation de PAIL et de PVA battant de l’aile, deux défis à relever que se lance José Mpanda

Arrivé au ministère de l’Agriculture il y a un mois et quelques jours après quatre ans passés à celui de la Recherche scientifique et innovation technologique, Me José Mpanda trouve d’énormes défis à relever notamment l’opérationnalisation de la plateforme agroindustrielle de Lukula (PAIL) et le Programme volontariste agricole (PVA) qui ont déjà englouti de bonnes dizaines de USD, mais qui battent de l’aile.

S’agissant de PAIL, il avait été installé avec le financement du don IDA pour le compte du ministère de l’Agriculture dans le cadre du projet de développement de pôle de croissance (PDPC). Piloté par la Cellule d’exécution des financements en faveur des Etats fragiles (CFCEF) relevant du ministère des finances, ce projet qui a coûté 33 millions USD dont 22 millions pour le soutirage du courant électrique à 36 Kms sur la ligne haute tension du barrage Inga et 11 millions USD pour l’achat des matériels de trois usines et des engins agricoles, n’a pas encore donné des résultats escomptés, plus de deux ans déjà.

Ce qui a expliqué la descente, lundi 15 mai 2023 du ministre José Mpanda Kabangu à Lukula, dans le Kongo central, pour s’enquérir de la réalité sur place. Objectif : voir dans quelle mesure opérationnaliser rapidement cette Plateforme agroindustrielle de Lukula. Une visite guidée de trois usines de transformation pour traiter essentiellement le riz paddy, le manioc et la noix de palme, a été effectuée à son intention.

D’après les explications du coordonnateur de la PAIL en charge technique et agricole, Roger Kini, outre le riz, le manioc et l’huile de palme, ces usines peuvent également traiter le maïs, le cacao et le café. Il explique que si tout le matériel est installé et qu’il y a un financement, ces usines seront véritablement exploitées et boosteront la production agricole dans cette partie du Kongo central, jadis grenier de la province.

Quant au Programme volontariste agricole (PVA), il est créé le 05 mai 2020 et placé sous la gestion de la société Bio Agro Business (B.A.B) pour booster la production agricole dans six provinces du pays, notamment à Nkudi (Kongo central), à Mongata (Kinshasa), à Sakadi (Haut-Lomami), à Nkuadi (Kasaï oriental), à Lubandayi (Kasaï central) et à Ruzizi (Sud-Kivu).

Seulement, le PVA pour qui le décaissement de 80% de 130 millions USD prévus a été effectué, peine depuis trois ans à produire et atteindre son objectif, celui de lutter contre l’insécurité alimentaire dans les provinces ciblées avec effet d’entrainement dans d’autres.

A Nkuadi par exemple, le gouvernement a investi pour l’acquisition du matériel agricole. Du tracteur avec charrue à disque, en passant par des moissonneuses battantes, au silo de conservation, du montage de l’usine complète de traitement du maïs, tout a été donné pour une production agricole intense. Dommage, le résultat est inquiétant : 800 Kg par hectare au lieu du standard moyen de 2,5 tonnes par hectare. Et certains matériels sont même à l’abandon, inexploités.

La société gestionnaire B.A.B rejette la responsabilité sur le fournisseur des matériels, la société Demimpex du Belge Philippe de Moerloose qui, durant trois ans, n’a pas fini le montage de l’usine et l’installation de certains matériels comme les silos. Bref, n’a pas livré le site en état d’exploitation complète. Ce qui tarde la transformation de maïs et ne favorise pas la chaîne de valeur comme initialement prévu.

L’accusé, le Belge Philippe de Moerloose n’a pas encore donné sa version de faits étant donné qu’il n’est pas au pays et le ministre Mpanda qui lui a déjà lancé une invitation l’attend impatiemment.

Toujours pour le PVA, le gouvernement a décaissé 42 millions USD sur les 105 millions prévus, au profit de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), partenaire qui devait accompagner le PVA dans sa matérialisation. Mais le résultat attendu de cet accompagnement n’est pas à la hauteur. IITA peine à justifier l’utilisation efficiente de cette somme de 42 millions USD. Un autre dossier que gère le nouveau ministre de l’Agriculture qui a bloqué un autre décaissement sur le décompte en attendant recevoir de l’IITA la justification de la somme perçue.

Mais pour éviter que le PVA et la PAIL ne soient sur les traces du parc agroindustriel de Bukanga Lonzo, sous Augustin Matata Ponyo, et dont la débâcle est décriée par tous, le ministre de l’Agriculture, Me José Mpanda, mise sur le développement du Partenariat Public-Privé (PPP) pour la réussite de ces deux grands projets et même relancer celui de Bukanga Lonzo avec des partenaires privés sérieux qui ont fait preuve d’une expérience agricole positive.

Selon le ministre de l’Agriculture, ce PPP sous forme d’agrégation avec des agriculteurs nationaux et internationaux qui apporteront des capitaux frais, est la seule approche qui pourra permettre la relance de la production locale et diminuer sensiblement la dépendance alimentaire dont la RDC est soumise jusqu’à débourser annuellement 2,5 milliards USD, selon les statistiques de la Banque centrale du Congo.

C’est avec cette approche de PPP, estime Me José Mpanda qui martèle et rappelle que faire l’agriculture et le commerce n’est pas la vocation d’un Etat censé tout simplement réguler le secteur en y apportant des facilités, que la vision du président de la République, Félix Tshisekedi, celle de la revanche du sol sur le sous-sol pourra se réaliser.

  • Bendélé Ekweya té

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