L’histoire dans la gestion de l’insécurité dans l’Est de la RDC se répète mais ne se ressemble pas avec la démission, jeudi 27 avril 2023, du général major, le Kenyan Jeef Nyagah, qui dirigeait les troupes de l’EAC au Nord-Kivu. Il y a 15 ans, le général espagnol Vicente Diaz désigné par le secrétaire général de l’ONU pour commander les forces de la Monusco, Monuc à l’époque, avait aussi rendu le tablier juste trois mois après sa nomination. Mais seulement, les deux démissions diffèrent complètement, celle de l’officier supérieur espagnol prouvant l’acte de bravoure tandis que l’autre du Kenyan démontrant la lâcheté et la peur.
En effet, Le Kenyan Jeef Nyagah dit craindre pour sa sécurité, motif principal de sa démission. Dans un courrier adressé au secrétaire général de l’EAC, il évoque d’emblée une « menace aggravée » contre sa sécurité et un « plan systématique pour contrecarrer les efforts de la force régionale ». Concernant sa propre sécurité, Jeff Nyagah mentionne une « tentative d’intimidation » l’ayant visé dans son ancienne résidence qu’il a pu abandonner.
Aussi, l’officier supérieur kenyan cherche-t-il un bouc émissaire en accusant le gouvernement congolais de ne pas payer pas les coûts administratifs, y compris les bureaux du quartier général de la force, les logements des officiers d’état-major, l’électricité ainsi que les salaires du personnel civil, conformément à l’article 9 (c) et (d) de l’accord sur le statut de la force (SOFA).
D’où du coup la question des Congolais de savoir pourquoi le gouvernement congolais devait-il ou doit-il prendre en charge les troupes de l’EAC venues presqu’en tourisme sur le sol congolais, se dérobant de leur mission de combattre les rebelles du M23 appuyés par l’armée rwandaise ?
Par contre, lorsque le général espagnol Vicente Diaz démissionna de la Monuc en octobre 2008, il évoque la cause de « raisons personnelles ». Mais en réalité, venu avec la détermination de combattre les forces négatives dans l’Est de la RDC et ramener la paix, Vicente Diaz s’était vu butter à la lourdeur et hypocrisie de l’administration onusienne. Diplomatiquement, il avait estimé que la Monuc n’avait pas les moyens de faire face à sa tâche, alors qu’elle était confrontée à une nette détérioration de la situation dans l’est de la RDC. Autrement dit, par sa démission, le général Vicente Diaz ne voulait pas être considéré comme un boy scout mais plutôt comme un vrai combattant qui venait faire la guerre. opportunité que la Monuc ne lui avait pas offerte. D’où son départ. Ce qui est le tout contraire avec le Kenyan Jeef Nyagah qui a pourtant déclaré tout récemment qu’il était prêt à mourir, à verser son sang, se sacrifier pour que la paix revienne en RDC, mais qui s’est démontré peureux face à de moindres menaces et intimidations, si réellement il y en avait.