Les époques et les régimes différent, mais la même histoire se répète dans le chef des chefs de la police nationale congolaise dans la ville de Kinshasa, qui essayent toujours de donner une autre connotation aux bavures de leurs éléments sur le terrain. Partant du principe que les loups ne se mangent pas entre eux, la hiérarchie de la police a toujours cherché, en cas de meurtres commis à cause du non professionnalisme de ses éléments, à attribuer les décès survenus à autre chose.
En effet, le communiqué du commissaire provincial de la police ville de Kinshasa sortant et assumant encore l’intérim, le général Sylvano Kasongo ; communiqué du 11 avril 2023 et qui annonce l’arrestation d’un certain nombre d’officiers du groupe contre la criminalité et stupéfiants à la suite des bavures commises par leurs éléments envoyés pour arrêter les partouzeurs reprochés de proxénétisme dans un bordel situé au quartier Gramalic dans la commune de Ngaliema, aurait été parfait s’il n’y avait pas une incise attribuant la mort du chauffeur de la Monusco affecté au Dispatch de Radio Okapi, Gaby Bembi, à une « crise piquée en cours de route pendant qu’il était acheminé à l’Etat-Major du Commissariat provincial de la police ville de Kinshasa ». Cette version du général Kasongo n’est visiblement, pour beaucoup d’observateurs qui connaissent les méthodes de la PNC, qu’un mensonge de diversion tendant à dédouaner ses policiers.
L’on se rappelle qu’il y a presque 13 ans, le général Jean de Dieu Oleko alors à l’époque commissaire provincial de la Police toujours de la ville de Kinshasa, avait au lendemain du meurtre du défenseur des droits de l’homme et président de l’ONG La Voix de sans voix (VSV), Floribert Chebeya, publié aussi un communiqué comme l’a fait Sylvano, pour attribuer sa mort à une dispute des amants. « Le corps de Floribert Chebeya a été retrouvé sur le siège arrière de sa voiture. A côté de lui, on a retrouvé des ongles, des mèches des femmes et un paquet de préservatifs… », avait mentionné le général Oleko dans son communiqué du 02 juin 2010. La suite ? Il avait eu chaud devant le Tribunal militaire et s’était dédit face à l’évidence parce que la vérité était autre que sa fausse version.
S’agissant de Gaby Bembi retrouvé mort dans les installations de l’IPKIN, abandonné dans son véhicule de la Monusco immatriculé UN 28370, ses co-accusés affirment qu’il avait été sérieusement torturé par les policiers venus les arrêter. D’ailleurs, sur la vidéo où un chef de police lui demande de décliner son nom, l’on voit Gaby Bembi avec un hématome sur le front, signe déjà de torture. Selon des témoins, cette torture s’est amplifiée lorsque Gaby s’est farouchement opposé à ce que le policier qui lui avait ravi la clé de contact, conduise le véhicule de la Monusco, un bien de Nations unies, considéré comme une ambassade. C’est ce refus qui fera que les policiers lui administrent en désordre des coups de poing, des coups de bottes et de coups de crosse d’armes. Et c’est ce cocktail de torture, racontent ses co-accusés, qui a fait qu’il rende l’âme en cours de route lorsqu’on les acheminait à l’IPKIN.
Comme pour l’affaire Chebeya, il ne sera pas exclu que le général Sylvano Kasongo soit entendu sur son communiqué en vue d’expliquer comment l’infortuné Gaby Bembi « a piqué une crise » et être confronté aux témoins oculaires de la torture en gros infligée à ce désormais ex-agent de la Monusco affecté au Dispatch de Radio Okapi.