Le parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe a mis en détention, ce vendredi 07 avril 2023, deux anciens directeurs généraux de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT) ainsi que le directeur financier de cet établissement public créé en 2008 pour la conception et le management des projets d’infrastructures structurantes dans les secteurs de routes, voiries, ports, aéroports, chemins de fer, architecture, énergies, infrastructures passives de télécommunication et environnement, mais aussi pour faire le suivi et le contrôle des travaux des infrastructures réalisés dans le cadre du Contrat chinois.
Il s’agit de Bisimwa et de son successeur Charles Médard Ilunga, mais également du financier Willy Mbonda. Le parquet les poursuit pour surfacturation des travaux, donc de détournement de deniers publics.
Cette surfacturation avait été dénoncée dans le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) après son enquête sur le Contrat chinois. Dans ce rapport, l’IGF a contesté par exemple que la réhabilitation de l’ancien immeuble qui sert aujourd’hui d’hôpital du cinquantenaire et son équipement engloutissent 114 millions USD.
C’est ce rapport qui a fait que le procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa-Gombe initie une requête d’information le 09 mars dernier et recourt à l’Inspection générales des finances (IGF), au Bureau technique de contrôle (BTC), à la Brigade judiciaire et à la Coordination nationale de la Police judiciaire pour enquêter sur les dépenses des fonds alloués aux travaux de différentes infrastructures exécutés dans le cadre du contrat chinois. Etaient dans le viseur du PG Robert Kumbu Phanzi, l’ACGT, la Sicomines et l’ex-BCPSC.
Pour le PG Robert Kumbu, « les éléments en sa possession faisaient état des cas de surfacturation des travaux d’infrastructures réalisés dans le cadre de la Convention de collaboration du 22 avril 2008 du ‘’contrat chinois’’ entre la République démocratique du Congo et le Groupement d’Entreprises chinoises ‘’GEC’’, d’achèvement des travaux pourtant totalement financés et d’inexécution des travaux déjà financés ».
Le PG précise que « la surfacturation dénoncée provient de plusieurs artifices mis en œuvre à l’occasion de la conclusion des contrats des travaux d’infrastructures et de leur exécution ». Pour être concret, Robert Kumbu évoque l’exagération des coûts unitaires et des taux de certains frais normaux, mais aussi l’introduction dans les coûts de rubriques inexistantes dans les marchés du genre « somme à valoir ».
Dans son entendement, toutes les manœuvres ci-haut citées, laissent présumer un détournement des deniers publics du fait que les investissements desdits travaux sont des fonds prêtés à la République démocratique du Congo qui les rembourse avec intérêts, sur des minerais cédés à la joint-venture Sicomines.
Avec ces arrestations opérées à l’ACGT, il y en aura sans doute à l’ex-BCPSC dirigé par Moïse Ekanga, actuellement sénateur, la ruine du Trésor public étant très profonde dans l’exécution des travaux des infrastructures. Non sans raison, sur plus de 800 millions décaissés par les Chinois pour ces travaux, rien que 300 millions sont retracés. Le reste de cette somme s’est volatilisée. D’où les accusations réciproques entre la Sicomines et l’ACGT (lire l’article de Scooprdc.net : Surfacturation des travaux dans le cadre du Contrat chinois : Quand la Sicomines et l’ACGT s’entraccusent !).