Entre le gouverneur du Sankuru, Jules Lodi, et le premier président de la Cour d’appel, David Okundji Wembokoko, tous deux des Tetela, c’est l’esprit de « kema fumbe » qui règne. Personne ne veut de la domination de l’autre.
Et cela, le premier président de la Cour d’appel du Sankuru l’a manifesté dans sa correspondance adressée au gouverneur le 22 mars dernier avec ampliation à toute sa hiérarchie judiciaire, notamment le président de la Cour constitutionnelle et président du Conseil supérieur de la magistrature, les premiers présidents de la Cour de cassation et du Conseil d’Etat, les procureurs généraux près la Cour constitutionnelle, Cour de cassation et Conseil d’Etat, le secrétaire permanent du Conseil supérieur de la magistrature, ainsi qu’aux autorités politico-administratives dont le VPM de l’Intérieur, la minétat de la Justice, le président de l’Assemblée provinciale du Sankuru, sans oublier aussi les responsables provinciaux en charge de la sécurité.
En effet, dans cette lettre de six pages, David Okundji Wembokoko dénonce les dérapages du gouverneur Jules Lodi caractérisés par ses immixtions répétitives dans les affaires de la justice, piétinant ainsi l’indépendance de celle-ci. Ce que le premier président de la Cour d’appel du Sankuru considère comme des « entraves au fonctionnement du pouvoir judiciaire » et un « outrage aux magistrats ».
Très clairement, le numéro 1 de la Cour d’appel du Sankuru accuse le patron de la province, primo, d’obstruction à l’exécution des décisions judiciaires ; secundo, d’excès de pouvoir à travers l’ordre manifestement illégal donné à l’administrateur du territoire de Lodja d’expulser des magistrats et forces vives (société civile) en séminaire de formation ; tertio, d’immixtion intempestive dans l’instruction préjuridictionnelle et le fonctionnement du parquet ; quarto, d’avoir donné l’ordre manifestement illégal à la DGM d’empêcher les magistrats en congé statutaire de voyager ; quinto, d’avoir outragé les magistrats publiquement en les traitants lors d’un meeting des « corrompus » qu’il va chasser de sa province.
David Okundji ne digère pas que Jules Lodi, avocat de son état, fasse semblant d’ignorer que les décisions judiciaires sont exécutées au nom du président de la République et qu’il se considère par maladresse juridique comme « magistrat suprême par délégation au niveau de la province ». Ce qui ne passera pas, selon le juge, par le respect du principe sacro-saint de la séparation des pouvoirs. Ci-joint l’intégralité de la correspondance du premier président de la Cour d’appel du Sankuru que le gouverneur nie avoir réceptionné et refuse d’y faire un commentaire :