Alors que les Centre-Kasaïens, mieux tous les Kasaïens attendent du courant électrique produit par le Barrage hydroélectrique de Katende dans leur espace, les matériels pour la construction de ce dernier moisissent à Lubumbashi depuis plus de 7 ans. Et c’est l’Inspection Générales des Finances (IGF) qui a découvert 19 containers des matériels et équipements destinés au barrage de Katende, abandonnés depuis 2017 dans un entrepôt de douanes à Lubumbashi, mais aussi 46 autres containers pour le même projet traînant depuis 2015 au Terminal de la Société Nationale de Chemins de fer du Congo (SNCC/Lubumbashi).
Question : même si l’on accusait Mobutu d’avoir privé les Kasaïens du courant du Barrage Inga et de n’avoir jamais voulu l’érection du barrage de Katende et que l’on estime que la volonté de Joseph Kabila d’ériger ce barrage n’était que leurre, pourquoi le régime Tshisekedi qui est au pouvoir depuis janvier 2019 ne parvient-il à achever ce projet ?
Il est anormal que ceux qui sont chargés des ressources hydrauliques et énergiques auprès du chef de l’Etat et dans le gouvernement puissent ignorer la présence de ces matériels depuis qu’ils sont aux affaires. Dédouaner, voire exonérer ces matériels et les acheminer de Lubumbashi à Kananga n’est pas de la mer à boire pour qu’ils pourrissent pendant plus de 7 ans dans des dépôts.
Le président Tshisekedi qui a manifesté le souci d’électrifier Kananga et Mbuji-Mayi d’abord ne peut seul être au four et au moulin. Ceux qui sont avec lui doivent l’aider à réaliser sa promesse faite à ses frères pendant la campagne électorale en 2018. L’on peut admettre que les collaborateurs du chef de l’Etat et les membres du gouvernement n’étaient pas au courant de la présence de ces matériels dans les entrepôts à Lubumbashi. Maintenant que l’IGF l’a révélé, ils n’ont aucune excuse et ne sauront se défendre. C’est le moment d’agir pour le bien-être de ce peuple Kasaïen dans le noir depuis belle lurette.
Rappelons que le projet de construire une centrale hydroélectrique sur les chutes de Katende, au Kasaï-Central, remonte à quelques années avant l’indépendance sous l’initiative des belges. Selon les archives, la Belgique qui planifiait faire de l’actuel Kananga, ex-Luluabourg la capitale du Congo, parce qu’étant au centre du pays, avait le souci d’électrifier la zone et y faire tourner des micros industries. Mais après l’indépendance et le départ des Belges, le projet s’était arrêté et mis dans le tiroir.
Sous Mobutu et à l’initiative de feu monseigneur Martin Bakole et de quelques notables du grand Kasaï, notamment feu Gilbert Tshiongo TShibi nkubula wa Ntumba et Jonas Mukamba Kadiata Nzemba, respectivement à l’époque PDG de la Regideso et PAD de la Miba, une structure dénommée CODESKO (Conférence pour le développement socioéconomique du Kasaï occidental) fut créée et chargée de la gestion du projet du Barrage de Katende. Des cotisations ont été exigées aux filles et fils du Kasaï jusqu’à atteindre, a-t-on soutenu, plus d’un million USD. Mais cet argent a servi on ne sait à quoi !
Avec l’avènement au pouvoir de l’ancien président Joseph Kabila, le projet Katende a refait surface conjointement avec celui de Kakobola au Bandundu. La RDC s’était associée avec le gouvernement indien pour la relance des travaux. Les accords avaient été signés et les matériels acheminés sur le site et les travaux avaient commencé en 2012.
Ces travaux se sont arrêtés avec l’insurrection armée de Kamuina Nsapu en 2016 qui avait comme épicentre le territoire de Dibaya où se trouve le site. C’est depuis lors que la construction de ce barrage hydroélectrique est aux arrêts.
Faisant suite aux recommandations du Président de la République Félix Tshisekedi, le ministre des Finances, avait fait un état des lieux de ce projet. Ce travail visait à établir les diligences devant conduire à la relance effective du projet de construction de la centrale hydroélectrique du Grand Katende. Parmi les facteurs ayant conduit à cet état de la situation par le passé, le ministre a évoqué notamment : la mauvaise identification des besoins et formulation des projets ; le manque d’études préalables sur la faisabilité technique et financière de ces projets ; et, le non-recours à la procédure de concurrence pour la sélection des firmes indiennes appelées à exécuter les marchés et ce, malgré les dispositions légales existantes en matière de passation de marché sur financement extérieur.
Puisque le nouveau diagnostic a été fait et que les matériels sont là à Lubumbashi, il est question tout simplement d’ajustement pour redémarrer le projet. La population kasaïenne a grandement besoin du courant de ce barrage hydroélectrique pour son essor économique.