« Tout celui qui a pris les armes pour combattre l’armée congolaise, ne pourra plus désormais être repris dans l’armée ni dans les fonctions publiques, et sa nationalité devra être révoquée », c’est la proposition de la loi appelée “ loi Kamba “ que Congo Action pour la Diplomatie Agissante (CADA) demande à ce que le Parlement en discute à la plénière au mois de mars 2023.
« Vous savez que nous vivons une guerre injuste depuis des années. On n’arrive pas à s’en sortir. Les gens prennent les armes contre notre pays et veulent encore être pris dans l’armée et au sommet de l’Etat. Nous mettons à la disposition du pays une analyse qui une fois adoptée, les rebelles ne sauront plus être intégrés dans l’armée car le brassage, mixage, démobilisation, réinsertion, ont affaibli l’armée qui est devenue infiltrée et trop affaiblie même, incapable de défendre les personnes et leurs biens ainsi que l’intégrité territoriale. Une manière de décourager quiconque aurait ce genre d’ambition, essayer de mettre fin au problème d’infiltration, etc. », déclare Eric Kamba pour soutenir sa réflexion. Ci-après le texte qu’il a envoyé à Scooprdc.net pour la publication en vue d’interpeller les parlementaires congolais au niveau de l’Assemblée nationale et du sénat :
Les rébellions en Afrique sont monnaie courante. Elles mettent souvent en mal, la vie nationale des pays où elles se déroulent et entrainent ces derniers dans un cycle infernal de crise qui ne laisse entrevoir aucune solution. La RDC n’échappe pas à ce triste sort. Bon nombre de rebellions ont malheureusement jalonné son histoire et avec elles, leur lot des problèmes.
Dans la présente réflexion, nous nous pencherons sur les manières dont certaines rebellions ont étaient résolues et les conséquences que leur résolution a eues sur la marche de la nation congolaise afin de juger de leurs efficacités afin de rectifier le tir le cas échéant.
C’est ainsi qu’un aperçu des diverses rebellions pour comprendre le contexte dans lequel elles ont étaient menées, les solutions y apportées et leurs conséquences sur la vie nationale afin de renseigner les générations futures, fait l’objet de cette analyse. Nous subdiviserons ces rebellions de la manière suivante :
- Les rébellions post colonial et les rébellions sous la colonisation ;
- Les rébellions sous la première république ;
- Les rébellions sous la deuxième république ;
- Les rébellions sous les transitions ;
- Les rébellions sous la troisième république.
1/ Les rébellions post colonial et les rébellions sous la colonisation
Les rébellions durant cette période avaient comme motivation principale la remise en question du pouvoir dominateur. Pouvoir qui exploitait richesse et réservait aux autochtones un traitement inhumain. C’est ainsi que face à pareille situation, les populations de cette époque se sont soulevées contre leur bourreau pour aspirer à une liberté. La plus connue fut la Révolte de l’avant-garde de l’expédition du Nil, mieux connue sous le nom de la révolte des Batetela.
Mais hélas pour la plupart, elles n’ont abouti à pas grand-chose car l’oppression avait continué son bonhomme de chemin jusqu’au fait déclencheur qui obligea le dominateur à laisser prise et à accorder cette fameuse indépendance.
Mais néanmoins, l’histoire retiendra que ces hommes et ces femmes se sont battus pour un idéal commun, la liberté de la nation congolaise.
2/ Les rebellions sous la première république
La première république commence avec l’accession de la RDC à la souveraineté nationale et internationale. Elle a été malheureusement ponctuée par un certain nombre d’autres rébellions qui ont mis à mal la marche du jeune Etat. Ces rébellions menées par des leaders politiques comme Christophe Gbenye du Conseil national de Libération (CNL), le député Pierre Mulele (ministre de l’Instruction publique dans le gouvernement Lumumba) et Théodore Bengila qui ont pris le maquis quelques semaines auparavant, déclenchent au Kwilu la première grande insurrection paysanne de l’Afrique indépendante. En avril 1964, Louis Bidalira, puis Gaston Soumialot, Nicolas Olenga et Laurent-Désiré Kabila, lancent un second mouvement révolutionnaire dans la région de Fizi-Uvira à l’Est du Congo. Cette rébellion prend rapidement de l’ampleur pour gagner le Nord-Katanga (au mois de juin).
Contrairement à leurs contemporains, tous ces leaders avaient pris les armes pour leur intérêt personnel car, estimons-nous que leur intérêt fût mis à mal du fait que pour la plupart ne se sont pas retrouvés dans le gouvernement d’union national d’ADOULA.
La question à se poser est celle de savoir si quelque frustration que ce soit peut justifier une rébellion dans un Etat démocratique ?
3/ Les rebellions sous la deuxième république
Certes Mobutu opère son coup d’état en 1965 mais la deuxième république ne voit le jour réellement qu’en 1967 avec la promulgation de la constitution dite : « révolution ». La deuxième république hérita des problèmes de la première et ce sont même ces problèmes qui conduisirent Mobutu à opérer son coup d’Etat. Lors de la deuxième république bon nombre de rebellions seront matées mais néanmoins la question sur leur raison d’être demeure intacte.
4/ Les rébellions sous les transitions
Les transitions sont à répartir en deux temps du fait de leur trait d’union qui est l’entrée de l’AFDL. Les transitions se sont faites de 1990 en 1996 et de 1997 en 2006. Soit du célèbre discours du président Mobutu du 24 avril 1990 au cours duquel il inscrivit le pays sur le chemin de la démocratie à l’entrée de l’alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL)
Et l’entrée de AFDL à la promulgation le 26 février 2006 de la Constitution qui conduisit la RDC aux élections de décembre 2006.
Le contexte congolais a été rendu beaucoup plus difficile et complexe du fait des rebellions qui ont fait des transitions des périodes apocalyptiques pour la RDC. Les transitions en soient constituées déjà des périodes troubles.
C’est ainsi que la question sur la raison d’être des rebellions se pose avec beaucoup plus d’acuité durant cette période de l’histoire de la RDC. Et pour comprendre le désastre des rebellions durant cette période nous prendrons chaque transition avec sa rébellion la plus connue.
A/ Transition de 1990 à 1996
Cette transition commence avec le célèbre discours du président Mobutu qui est sensé lancer les bases du processus de démocratisation.
Pour la petite histoire : En septembre 1996, l’Armée patriotique rwandaise (APR) attaque le Zaïre sous couvert d’une rébellion banyamulenge puis de l’Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL). Initialement destinée à liquider les sanctuaires humanitaires que constituent les camps de réfugiés rwandais regroupés le long des frontières Est du Zaïre, et dans lesquels les forces responsables du génocide de 1994 au Rwanda s’efforcent de préparer la reconquête, le conflit prend peu à peu la tournure d’une guerre de libération nationale destinée à faire tomber le régime du président Mobutu.
Le 17 mai 1997, au terme d’une campagne militaire de huit mois qui l’a vu conquérir avec l’aide du Rwanda, de l’Ouganda, du Burundi et de l’Angola l’ensemble du territoire zaïrois, le porte-parole de l’AFDL, Laurent-Désiré Kabila, s’empare du pouvoir à Kinshasa et s’autoproclame président de la République.
Cette rébellion a eu beaucoup de conséquence néfaste pour la RDC au rang duquel nous pouvons citer :
- Le renforcement considérable de l’infiltration à des plus hautes sphères du pouvoir de Kinshasa par certains voisins comme le Rwanda dans l’unique but de saigner à blanc ce grand éléphant et réaliser enfin son projet d’Etat tampon ;
- L’infiltration de l’armée qui devient tout sauf une armée nationale ;
La question à se poser à ce stade est de savoir si le renversement du président Mobutu aurait pu justifier pareille conséquence ?
B/ Transition de 1997 à 2006
Une fois Laurent-Désiré Kabila installé au pouvoir, la situation changea dramatiquement. Laurent-Désiré Kabila devint rapidement aussi suspect de corruption et d’autoritarisme que son prédécesseur. Nombre des forces pro-démocrates l’abandonnèrent et il s’attela à un vigoureux effort de centralisation, ce qui alimenta le conflit avec les minorités de l’Est, qui réclamaient davantage d’autonomie.
En août 1998, tous les membres d’origine tutsi se retirèrent du gouvernement lorsque Laurent-Désiré Kabila demanda aux mercenaires rwandais et ougandais de rentrer chez eux. En effet, l’alliance de Laurent-Désiré Kabila avec les Rwandais pour un contrôle militaire et politique le faisait déjà appeler « marionnette de Kigali » par les forces pro-démocratiques congolaises. Ceci poussa Kabila à se retourner contre ses ex-alliés rwandais et ougandais. C’est dans ce contexte qu’éclata la deuxième guerre du Congo qui consacre la montée en puissance de certains autres rebelles comme : Azarias Ruberwa du RCD ; Jean-Pierre Bemba du MLC ; Arthur Z’ahidi Ngoma des Forces du future qui, à cause de leur propre ambition politique, avaient tenu le pays en haleine jusqu’aux accords dits de Sun city qui consacrèrent le partage du pouvoir entre les différent partis présents au dites assises. C’est ainsi que nous avons eu la formule de 1+4 qui a eu beaucoup de conséquences sur la nation congolaise au rang duquel nous citons :
- La destruction de ce qui restait de l’administration congolaise par le fait que chaque composante avait placé ses combattants dans les administrations leur attribuées, sans tenir compte de leur niveau d’études ou de leur moralité ;
- La destruction de l’armée car l’accord n’avait pas pris en compte l’armée,
- La constitution des milices
Bref, les accords dits de Sun city n’ont pas en réalité arrangé les choses car ils ont porté au pouvoir des rebelles qui ont continué à se comporter en rebelle jusqu’au sommet de l’Etat. La question à se poser est de savoir si la meilleure façon de résoudre les problèmes de rébellions seraient de donner des postes ministériels et autres à ces ennemis de la république ?
5/ Les rébellions sous la troisième république
La troisième république commence avec la promulgation de la Constitution du 26 février 2006. Pour cette période, nous prendrons un cas type à savoir celui dit du M23.
Pour la petite histoire, le Mouvement du 23 mars, également appelé M23, est un groupe créé à la suite de la guerre du Kivu. Il est composé d’ex-rebelles du CNDP réintégrés dans l’armée congolaise à la suite d’un accord de paix signé le 23 mars 2009 avec Kinshasa. Ils se sont ensuite mutinés en avril 2012. Leur nom provient des accords du 23 mars 2009, car les membres considèrent que le gouvernement congolais n’a pas respecté les modalités de celui-ci. Le M23 est accusé de nombreuses violences contre les populations civiles, par des ONG (Human Rights Watch), par la Cour pénale internationale et par le gouvernement américain. Ce mouvement de M23 a été désigné comme étant « terroriste ».
Les accords du 23 mars conclus entre le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et le gouvernement de la RDC prévoient la libération des prisonniers, la transformation du CNDP en parti politique, les retours des réfugiés se trouvant dans les pays limitrophes de la RDC et dont sont issus la grande majorité des rebelles, l’intégration des civils membres du CNDP au sein des institutions gouvernementales ainsi que l’intégration des forces du CNDP dans l’armée congolaise.
Ces accords ont eu pour conséquence :
- La prédation des richesses nationales par les rebelles entrés au gouvernement ;
- L’utilisation des biens de l’armée pour des faits personnels et même dans certains cas contre la RDC du fait d’un pseudo brassage des forces armées ;
- L’infiltration des forces et du gouvernement fragilisant ainsi leurs actions.
- Le prétexte par le Rwanda à continuer sa guerre d’envahissement en vue de s’accaparer des territoires congolais de l’Est, le pillage et prédation des ses richesses
Pour clore nous dirons que vu le fait que la quasi-totalité des rébellions ont été menées contre la nation pour des raisons personnelles de conquête du pouvoir et vu les conséquences que ces rébellions et leurs résolutions ont sur la nation congolaise et en partant de la Constitution ou plus précisément de son préambule, nous pensons que des mesures doivent être prises pour décourager tout acteur (politique, militaire, civil) qui serait tenté de prendre les armes contre la nation Congolaise.
C’est ainsi que nous proposons les mesures suivantes :
- La perte de la nationalité congolaise par toute personne ayant pris les armes contre la nation congolaise ;
- La perte de tout droit politique pour toute personne ayant pris les armes contre la nation congolaise ;
- L’emprisonnement à vie pour les membres actifs ou pas des groupes rebelles ;
- La confiscation de tous les biens pour les membres actifs ou pas des groupes rebelles ;
- Les rebelles ne peuvent pas être intégrés dans l’armée car le brassage, mixage, démobilisation, réinsertion, ont affaibli l’armée qui est devenue infiltrée et trop affaiblie, incapable de défendre les personnes et leurs biens ainsi que l’intégrité territoriale ;
- Tout celui qui a pris les armes pour combattre l’armée congolaise, ne peut accéder aux fonctions publiques, ni être repris dans l’armée congolaise et sa nationalité congolaise doit être révoquée.
Congo Action pour la Diplomatie Agissante (CADA) demande à ce que cette proposition de loi soit discutée en plénière par le Parlement congolais au mois de mars lors de la reprise des travaux parlementaire