« L’exécution de la Convention entre le gouvernement congolais et le consortium des entreprises chinoises, s’apparente à une colonisation économique inacceptable ». Ces propos de Jules Alingete, Inspecteur général des finances lorsqu’il résume le rapport de son institution sur l’évaluation du Contrat chinois, sont soutenus par le ministre des finances, Nicolas Kazadi. Pourtant, l’argentier national et le gendarme financier congolais donnent l’impression d’être divergents en matière de contrôle de finances publiques, surtout avec la dernière déclaration de Nicolas Kazadi sur Top Congo FM où il n’a pas été tendre avec les inspecteurs des finances. Mais sur ce dossier Sicomines, ils ont la même appréhension et regardent dans la même direction pour défendre les intérêts de la RDC.
« Il est clair que ce contrat chinois aujourd’hui n’est pas à notre avantage. Nous n’avons reçu qu’un peu moins d’un milliard d’investissement, nous avons exonéré dans beaucoup de taxes et charges. Ils (Ndlr : Chinois) généré des revenus qui ont dépassé 10 milliards. C’est normal que nous nous posions des questions et trouvions de réponses adéquates », a déclaré le ministre des finances, Nicolas Kazadi, récemment lors d’un briefing avec la presse généralement organisé par le ministre de la Communication et des médias et porte-parole du Gouvernement dans le cadre de la redevabilité. Il affirme que la révisitation de ce contrat pour raison de déséquilibre des avantages, avait déjà été réclamée, non seulement par le Gouvernement, mais aussi par le président de la République. Pour Nicolas Kazadi, l’élément nouveau apporté par l’IGF, c’est au niveau de chiffrage.
Et pour démontrer le jonglage des Chinois à travers Sicomines, Nicolas Kazadi révèle qu’il y a plus de 200 millions de super profit que Sicomines doit au Trésor public mais tergiverse pour s’exécuter.
« Au-delà de ce que la Sicomines doit dans le cadre du contrat, j’ai un litige avec elle sur les supers profits qui ne sont pas concernés par les exonérations. Malheureusement, Sicomines ne veut pas payer les plus de 200 millions USD de super profit. Il faut qu’elle paye, cet impôt ne fait pas partie des impôts exonérés au titre de la Convention », a révélé l’argentier national congolais.
Selon le gendarme financier, les entreprises chinoises ont profité de la passivité si pas de la complicité de certains Congolais qui les ont accompagnées dans ce qui s’est passé et qui crient aujourd’hui à la politisation du rapport de l’IGF du fait qu’il est publié à quelques mois des élections.
« Le malheur du peuple congolais c’est sa classe politique. Il est vrai que dans cette classe politique, nous avons des valeurs, on ne peut pas généraliser, il y a des valeurs qui sont là-dedans. Mais la majorité, près de 90% font la promotion de la médiocrité, ils font la promotion de la voyoucratie, c’est-à-dire la gouvernance publique par les corrompus. Et ça, c’est notre malheur aujourd’hui. Nous devons être patriote, nous devons aimer le Congo. Si nous-mêmes les Congolais, nous ne défendons pas les intérêts du Congo, il n’y a personne qui viendra défendre les intérêts de notre pays », exhorte Jules Alingete avant de mentionner qu’il y a de Congolais qui ont été carrément complices parce qu’ils ont privilégié leurs intérêts personnels par rapport à l’intérêt du Congo.
Il regrette qu’ils s’alignent aujourd’hui derrière la prédation nuisible au développement du pays. « Nous comprenons dans quelles circonstances, nous comprenons comment ils ont agi, mais nous n’avons pas un problème avec eux. On leur dit aujourd’hui : le Congo d’abord et eux par la suite. Et nous lançons un message à tous ceux qui veulent faire de la récupération politicienne de l’affaire Sicomines, d’arrêter. L’IGF a fait un rapport technique. Cette mission a commencé il y a six mois. Ce n’est pas parce qu’il y a des élections aujourd’hui que nous, nous devons arrêter de travailler », fait remarquer Jules Alingete en précisant que le Congo réclame tout simplement que ce qui a été promis dans la Convention soit réalisé et il souhaite que cette Convention soit revisitée pour rééquilibrer les avantages. Rien que ça, pas autre chose.
Et de calmer les agitateurs : « Mes frères, vous les Congolais les politiciens qui faites de l’agitation, vous n’êtes pas concernés, n’ayez pas peur, ça ne vous concerne pas. Soyez avec nous pour défendre les intérêts du Congo. Les infrastructures-là, vous allez les utiliser. Si ce sont les routes, vous allez rouler sur ces routes. Si ce sont les hôpitaux, c’est pour vos frères et sœurs. Si c’est pour les logements sociaux, c’est pour les Congolais. Ne vous agitez pas, vous n’êtes pas concernés, ne faites pas le jeu de ces entreprises chinoises qui vous mettent devant pour faire croire aux autres qu’il s’agit d’un problème entre Congolais. Non ! c’est un problème d’affaires et nous réclamons ce que nous n’avons pas eu dans la Convention. Arrêtez vos agitations inutiles ».
En effet, selon le rapport de l’IGF, sur les 3 milliards à décaisser par les entreprises chinoises pour les infrastructures à construire et/ou réhabiliter, moins d’un milliard a été décaissé. Ce qui fait que les 5000 logements sociaux, les 145 centres de santé dans les 145 territoires, les 2 universités modernes, les 31 hôpitaux avec chacun 150 lits et les 3.700 kms de chemin de fer n’ont pas été construits comme promis alors que la Convention 14 ans et que la Sicomines a déjà commencé l’exploitation des minerais et réalise des profits.
L’IGF réclame que ces infrastructures soient construites parce qu’elles sont contenues dans la Convention, y compris la réhabilitation des aéroports de Goma et de Bukavu.