Dans une lettre adressée au ministre des finances, Nicolas Kazadi, dans laquelle il réclame le paiement des créances de 1,9 millions USD en faveur du bureau d’études Congo Challenge qui, d’après lui, a réalisé quatre études en rapport avec la mobilisation des recettes publiques, la diversification de l’économie et le renforcement du secteur privé, sans oublier l’impact de covid-19 sur le secteur minier et le plan quinquennal de transport, l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo va plus loin, non seulement en politisant l’affaire, mais aussi en insinuant la complicité des responsables de la Banque africaine de développement (BAD) dans ce qu’il prétend être un détournement de ces créances.
« Certaines sources fiables m’indiquent que vous refusez de payer parce que le président du Conseil d’administration de Congo Challenge, que je suis, est candidat président de la République aux prochaines élections de 2023. Et que, tout paiement à ce Bureau d’études est considéré par vous comme l’octroi des moyens de campagne à un candidat président non membre de la coalition (Union sacrée) au pouvoir à laquelle vous appartenez. Les fonds de la BAD sont donc utilisés comme arme politique contre les opposants dans le pays », écrit Mapon dans sa lettre fortement médiatisée par son armée numérique pour mettre en porte-à-faux le gouvernement et ainsi se victimiser.
Contacté par Scooprdc.net, le service de communication du ministre des fiances accusé, Nicolas Kazadi, répond : « la réaction du ministre des finances faite l’année passée reste d’actualité jusqu’à ce jour ». Et un lien renvoyant sur le site du ministère des finances www.finances.gouv.cd est, à cet effet, envoyé au média en ligne qui tombe sur une lettre que Nicolas Kazadi a écrite à Augustin Matata Ponyo.
D’abord, dans cette lettre, le ministre des finances balaye les accusations portées contre lui sur son indifférence aux multiples lettres de Congo Challenge et démontre que deux correspondances avaient été adressées à cette structure. La première pour signifier au Bureau Congo Challenge que son étude était théorique sans réponse aux besoins réels et urgents relatifs à la mobilisation des recettes.
« Contrairement à vos allégations, par ma correspondance du 28 décembre 2021 adressée à votre cabinet sous la référence CAB/MIN/FINANCES/CMR/ALL/2021/2468, j’avais relevé que les commentaires recueillis lors de la séance de présentation faite par les experts de votre cabinet sur l’étude intitulée : »Mobilisation des recettes publiques internes en RDC : difficultés, défis, et pistes de solution » ressortent que les éléments contenus dans ladite étude étaient essentiellement théoriques sans réponse aux besoins réels et urgents relatifs à la mobilisation des recettes », peut-on lire dans cette lettre de Nicolas Kazadi adressée à Mapon le 21 novembre 2022.
Ensuite, le ministre des finances explique dans sa deuxième lettre adressée toujours au cabinet Matata Ponyo, les raisons supplémentaires pour lesquelles le dossier de paiement de fameuses créances n’avance pas.
« …En effet, pour se conformer aux dispositions des contrats signés entre votre cabinet Congo Challenge et le ministère du Plan, notamment au point 3, qui stipule : ‘’il sera mis en place un comité de marché pour le suivi de la mise en œuvre des contrats. Ce comité aura pour tâches notamment d’évaluer les travaux réalisés et de valider les différents rapports’’, il y a nécessité d’annexer aux différentes factures les PV de validation du comité de suivi y relatifs. A ce jour, mon cabinet n’a reçu aucune suite quant à cette demande », se défend Nicolas Kazadi qui, pour taire les bruits de politisation et de victimisation de Matata Ponyo précise : « le non-paiement desdites factures à ce jour est la conséquence, d’une part de manque de certitude quant à la qualité des services réellement reçus et d’autre part, de l’absence d’une pièce essentielle et obligatoire à joindre à la facture dans le processus de paiement. Par ailleurs, il est entendu que la seule disponibilité des moyens de paiement, en l’occurrence les ressources de l’appui budgétaire de la BAD auxquelles vous faites allusion, ne peut justifier le désintéressement d’un prestataire en l’absence des pièces justificatives prévues dans les contrats ».
De ce qui précède et au regard des correspondances échangées entre le ministère des finances et Congo Challenge, il est clair que le mensonge prend souvent l’ascenseur pour prendre le dessus sur la vérité qui elle, emprunte les escaliers mais finit toujours par arriver. non sans raison, car en effet dans ce dossier, des combines pour saigner le Trésor public et se faire des rétrocommissions sont faciles à détecter.
Tenez, ce marché avait été conclu sous le gouvernement Ilunkamba issu de la coalition FCC-CACH et qui avait comme ministre du Plan, Elysée Munembwe, et comme ministre des finances, José Sele, tous du FCC avec accointances avec l’ancien premier ministre Augustin Matata. Il faut d’ailleurs relever que José Sele était son directeur de cabinet, non seulement au ministère des finances, mais aussi à la primature. Facile que pareil marché se passe en guise d’allégeance.
Aussi, il faut signaler que Mapon était accusé d’être champion, lorsqu’il était premier ministre, dans la passation des marchés à ses « entreprises » et dans la surfacturation des travaux. Personne n’oublie le marché de nettoyage des artères de Kinshasa qu’il avait attribué à l’ONG de son épouse et dont le paiement mensuel était au-delà d’un million USD. « Difficile que pareille combine passe actuellement avec le ministre des finances, économiste comme lui et qui ne lui demande que de lui apporter les pièces justificatives comme leur doctrine l’exige en matière de tout paiement en lieu et place de la politisation du dossier », confie un membre du cabinet de Nicolas Kazadi à Scooprdc.net. Dossier à suivre !