« Qui tue par l’épée, périt par l’épée » ou encore « tout se paie ici-bas », ces adages qui ne relèvent pas de l’eschatologie mais plutôt des principes de la nature tels qu’établis par le Créateur pour régir le monde des humains, sont un avertissement pour quiconque, surtout les pratiquants du Christianisme, qui voudront bien finir leur vie sur la terre. Dans la même logique, les Hindouistes et les Bouddhistes qui ne sont pas loin de la loi de Newton en science stipulant que « toute action engendre une réaction », parlent eux du Karma pour nous apprendre que « personne ne peut échapper aux conséquences de ses actes ». Simplement dit, selon les Bouddhistes et les Hindouistes, tout être humain sur la terre est obligé de purger le Karma, positivement ou négativement. C’est le sort qui arrive à Fortunat Biselele dit Bifort, celui qui était jusque dimanche 15 janvier 2023, Conseiller privé du président de la République et qui se retrouve détenu depuis vendredi 20 janvier à la prison de Makala, accusé entre autres d’atteinte à la sureté de l’Etat, d’espionnage et de collaboration avec des forces obscures.
51 ans, Bifort a été, en effet, aux côtés du président Tshisekedi, non seulement l’homme qui chuchotait à son oreille, mais surtout l’homme de tous les enjeux. Fort de cette position très privilégiée, cet ancien du RCD d’Azarias Ruberwa s’est livré dans une véritable guerre de palais. On l’accuse, à tort ou à raison, d’avoir nui au sens propre comme au figuré à tout celui qui gênait ses intérêts. C’est ainsi que beaucoup de morts de plus proches et familiers du président Tshisekedi prétendument dues au Coronavirus au Palais de la nation, lui sont attribuées. Mais la plus grande nuisance c’est son coup monté contre François Beya dit Fantômas, ancien conseiller spécial du président de la République sur qui on a collé au dos une fausse affaire de coup d’Etat contre le régime Tshisekedi. Le péché de ce dernier était de vouloir empêcher l’affairisme de Bifort dans un deal obscur sur une mine d’or en Ituri. Beya en a payé innocemment les frais jusqu’à être humilié et trainé dans un procès qui a, heureusement pour lui, eu du mal à asseoir les accusations. Mais son Dieu aidant, son pourfendeur Bifort subit maintenant un sort plus humiliant que le sien. Retour de la manivelle !
La tombe de Beya devient celle de Biselele
Si le procès de François Beya s’est enlisé devant la Haute cour militaire pour manque de preuves avérées, celui de Fortunat Biselele va l’emporter. La tombe que ce dernier a creusée pour son frère du Kasaï central devient la sienne, mieux la potence érigée pour y pendre Fantômas devient sienne. En effet, Bifort avait fait que Fantômas soit poursuivi pour atteinte à la sureté de l’Etat et complot de coup d’Etat. Beya est arrêté à l’ANR et y passe 60 jours. C’est la même ANR qui a arrêté Bifort. Mais contrairement à Beya qui a passé beaucoup de jours à l’ANR parce que l’on cherchait à traficoter les preuves d’accusation, Biselele y a passé, lui, moins d’une semaine parce que tous les indices de sa culpabilité étaient vite réunis.
En effet, bien que tout le Palais de la nation bruissât de rumeurs sur les liens de Bifort avec le régime de Kagame, Félix Tshisekedi est longtemps resté sourd aux évaluations des risques émises par ses propres responsables des services. De longue date, Bifort était suspecté de collusion avec le pouvoir rwandais de Paul Kagame. Ancien cadre de la rébellion du RCD (Rassemblement du Congo pour la démocratie) soutenue par le Rwanda, qui l’a formé à la va vite au renseignement, il était accusé d’être la taupe de Kigali au Palais de la nation. On lui prête une certaine proximité avec l´actuel numéro 1 du renseignement rwandais, le général Joseph Nzabamwita qui l´aurait formé à l´époque du RCD, et l’un des conseillers de Kagame, Patrick Karuretwa.
Il eût fallu, apprend Scooprdc.net, que Jacques Tshibanda Tshisekedi, jeune frère de Félix Tshisekedi qui assure sa sécurité interne, parvienne à convaincre son frère de président sur le danger que représentait la présence de Bifort à ses côtés surtout dans ce contexte actuel où les relations sont très tendues avec le Rwanda, pour que des injonctions de contre-espionnage soient données à l’ANR autour de la personne de la taupe rwandaise.
Outre son indélicatesse dans une interview réalisée avec le journaliste Alain Foka où il a vanté le carnet d’adresses fourni de Paul Kagame, Bifort est beaucoup tombé dans la disgrâce lorsqu’il a menti Fatshi en lui disant que son homologue ougandais souhaitait qu’il lui envoie un émissaire à Kampala parce qu’il avait un message important à lui transmettre. Vérification faite à l’ambassade ougandaise, il s’est avéré, confie-t-on à Scooprdc.net dans les milieux sécuritaires, que le président Yoweri Museveni n’avait jamais demandé l’envoi d’un émissaire chez lui. Pourquoi alors ce mensonge de Bifort ? Pensait-il être cet émissaire que Fatshi allait envoyer dans la capitale ougandaise ? Que cachait son souhait de se rendre à Kampala par ruse ? Voilà ce qui a renforcé des soupçons autour de lui et poussé l’ANR à l’interpeller, confie-t-on toujours à Scooprdc.net, et procéder à la perquisition de l’une de ses résidences à Kinshasa où on aurait trouvé une importante somme d’argent en termes de millions USD et un passeport rwandais en son nom en cours de validité. Ce qui a été le contraire de toutes les perquisitions effectuées chez François Beya que ce soit dans sa résidence ou dans sa ferme de Mitendi.
Cette compromission de Bifort va encore pousser l’ANR d’aller plus loin avec ses enquêtes en fouillant son ordinateur et ses téléphones. Le service y aurait découvert encore des choses graves, notamment ses conversations avec certains généraux ougandais actifs dans le trafic des minerais et qui seraient des fabricants de faux ADF qui sèment désolation et mort dans le grand nord pour faciliter évidemment cette exploitation illicite des minerais congolais. D’où l’accusation de collaboration avec des forces obscures qui pèse sur lui.
Si les avocats de François Beya ont pu malmener le ministère public pour manque de griefs solides dans un procès dont on ne parle plus, ceux de Fortunat Biselele auront du pain sur la planche étant donné que les preuves d’accusations sont tellement consistantes, confie un agent de l’ANR à Scooprdc.net.