Par Edmond Izuba, Journaliste et Analyste politique.
A son arrivée au pouvoir, il y a quasiment 4 ans, le Président Félix Tshisekedi avait promis «d’humaniser» les services de sécurité et de «fermer tous les cachots» non officiels, notamment ceux de l’Agence nationale des renseignements (ANR).
Au fil de son mandat et à la lumière des événements l’ayant émaillé, cette promesse ne s’est pas que réalisée. Elle a aussi et surtout mis fin au «régime des hommes forts» et conduit à l’incarcération des personnalités VIP à Makala, la redoutable maison carcérale de Kinshasa.
Tour à tour, ces personnalités, étiquettées «hommes forts» car très proches du Président de la République, ont été déchues grâce notamment aux renseignements congolais: de Vital Kamerhe à Fortuna Biselele, en passant par François Beya.
«Toutes ces personnalités ont été cueillies au terme des enquêtes menées en toute indépendance par l’ANR, soit à sa propre initiative soit sur demande du Président de la République comme ce fût le cas pour Fortuna Biselele après des dénonciations parvenues aux oreilles du Chef de l’État», ont confié des sources sécuritaires.
La procédure laisse en plus transparaître un respect des prérogatives des différentes institutions du pays, matérialisant on ne peut plus encore le «caractère humanitaire» des services de sécurité et des renseignements congolais tel que voulu par le Président Tshisekedi.
Les différentes personnalités cueillies à l’ANR, y ont été détenues le temps d’être entendu en débat contradictoire sur base des renseignements collectés pendant les enquêtes. Par la suite, elles ont été placées à la disposition de la justice pour établir ou non leur culpabilité.
«C’est une preuve irréfutable de l’effectivité de l’état de droit pour lequel l’UDPS, Étienne Tshisekedi et le Président Félix ont milité des années durant. C’est à la justice de décider de la détention, de la culpabilité ou non de toute personne qui fait l’objet d’une interpellation par les forces de défense et de sécurité», ont reconnu certains acteurs de la société civile.
Ils ont en plus épinglé le fait pour ces services de n’avoir plus pour seule cible des opposants du régime.
«Ce qui fut le cas lors des différents régimes qui se sont succédés avant l’avènement de Tshisekedi», a dit, avec un brin de fierté, un jeune homme, la trentaine, membre de l’UDPS, parti présidentiel, se rappelant des arrestations arbitraires et intempestives ainsi que des répressions contre les manifestations de l’opposition.
«L’ANR surtout a été réduite à un service dont l’objectif a été de museler les opposants, les mouvements citoyens et autres défenseurs des droits humains et d’imposer une pensée unique au pays», a-t-il soulevé.
Des enquêtes en amont comme en aval, initiées par l’ANR, ont le grand mérite d’avoir évité le pire au pays, sa sécurité et sa sûreté ayant été durement éprouvées, a confié une source sécuritaire qui se refuse d’adopter une posture de célébration après un travail bien accompli. Rien d’anormal pour une personne qui a fait carrière dans les renseignements et qui s’est habitué à jouer à l’effacé.
Faut-il alors ignorer ou cracher sur ce travail aussi louable ayant délivré le Président de la République d’une infiltration dangereuse pour la survie de la nation? «On ne s’attend pas forcément à la gratitude en accomplissant notre tâche», a dit notre source sécuritaire.
Cependant, dans l’opinion, certains observateurs avertis ont salué le travail de longue haleine abattu par les équipes du très discret Jean-Hervé Mbelu, patron de l’ANR, réputé charismatique et particulièrement rigoureux. Des qualités rarement retrouvées en une seule personne et qui font de lui un homme à part.
Mbelu, selon des sources concordantes (sécuritaires comme judiciaires), a méticuleusement conduit les différentes enquêtes loin de toute interférence et de manière la plus silencieuse qui puisse être.
Les mêmes sources ont rapporté que d’autres enquêtes sont en cours. «Elles visent des anciens et actuels collaborateurs du Chef de l’État», ont-elles précisé, soulignant qu’il n’y aura de «pitié pour personne».
Taupin Kabongo, récemment écarté du cabinet présidentiel, serait dans le viseur des services. Ancien secrétaire particulier du Président Tshisekedi, il se serait rendu coupable des faits infractionnels dans la gestion du projet Tshilejelu dans le Kasaï, soldé par un fiasco.