Intervenant sur les antennes de la radio-télévision nationale congolaise le 4 janvier dernier, le président de l’Assemblée provinciale de Kinshasa, Godé Mpoy, a dressé un bilan plutôt satisfaisant de la ville province sur le volet production législative ; contrôle parlementaire avec comme incidences sur le vécu des Kinois en terme d’éclairage public des routes jamais éclairées depuis 40 ans d’après lui ; l’assainissement de la ville jusque dans les banlieues ; l’interconnexion des routes pour relier le sud au nord, l’Est à l’Ouest avec comme exemple de sa part la construction des routes Elengesa et Kikwit sur fond propre de la ville ; Metro-Kin (train urbain) qui serait en début des travaux et la « construction » du grand Marché de Kinshasa.
Que dire de cette déclaration du « Pasteur » Godé Mpoy aux allures d’une « poésie lyrique » pour ne pas dire cynique politiquement ?
Interrogés à ce sujet, deux députés provinciaux sur trois (2/3) désapprouvent ces propos du président de l’APK les traitant d’inexacts et non conformes à la réalité ni à la vérité. Car en effet expliquent-ils, en dehors des avenues Kikwit et Elengesa qui sont financées par le gouvernement provincial, Métro-Kin, le grand marché de Kinshasa, l’éclairage public et l’assainissement sont de projets chimériques qui ne sont pas prêts de démarrer.
Non sans raison, car l’on apprend par exemple pour Métro-Kin, une société sans adresse physique si ce n’est l’adresse de l’un de ses associés, qu’elle est constituée de trois partenaires dont Trans Connexion Congo, une société chinoise créée en à la va-vite en 2021 et dont le numéro d’impôts manque un chiffre. Sans portail numérique, cette société que la ville présente comme actionnaire majoritaire n’a rien mis sur la table en termes d’apports. Le deuxième associé est le gouvernement provincial. Déjà en faillite, la ville de Kinshasa n’a elle aussi rien disposé jusqu’ici pour la constitution de Métro-Kin. Seul le troisième associé, la société commerciale de transport public (SCTP, ex-ONATRA) qui a apporté son infrastructure ferroviaire. Mais encore que, le ministère du portefeuille de qui dépend l’ex-ONATRA, devra lui accorder son approbation. Chose qui n’a jamais été faite et risque de ne jamais arriver sans fâcher le personnel de cette entreprise qui décrète des grèves à tout moment.
Quant à l’éclairage public, lorsque Godé Mpoy parle d’une nouveauté depuis 40 ans, ces propos sont on ne peut plus mensongers. Car à l’arrivée de l’AFDL en 1997, les principales artères de Kinshasa étaient belles et bien éclairées. Sous le règne de Laurent Désiré Kabila avec Théophile Mbemba comme gouverneur, la ville de Kinshasa était plus propre qu’à l’heure actuelle. Donc l’assainissement dont parle Godé Mpoy est une chimère, car tout Kinois sait que la capitale congolaise est non seulement la ville la plus sale au monde, mais également la ville la plus sale d’Afrique et de la RDC.
Et puis, comment le Président de l’APK peut-il être objectif face à l’incompétence du gouverneur Gentiny Ngobila quand on sait que sa fondation reçoit de marchés d’assainissement de l’hôtel de ville ! Il suffit de passer sur l’avenue Kasa-vubu à Bandalungwa vers l’arrêt Bakayawu pour s’en rendre compte. Très endettée et personna non grata auprès de banques, la ville de Kinshasa par son Gouverneur, a convaincu Godé Mpoy de signer en solo, un projet de prêt estimé à 4 millions de dollars américains au profit de la ville, sans l’approbation de la plénière, alors que le règlement intérieur de l’APK ne l’autorise pas en pleine session. Pour quel intérêt l’a-t-il fait ?
L’on semble se trouver en face d’un réseau mafieux où conflits d’intérêts riment avec l’incompétence et l’enrichissement illicite de responsables. Il faut rappeler que les ministres provinciaux de Ngobila ont 14 mois d’arriérés de salaire, les députés provinciaux 19 mois, les personnels administratifs de l’hôtel de ville autour de 24 mois au point que l’on commence à vendre les plaques d’immatriculation « AKN » destinées aux engins de l’administration provinciale aux particuliers pour faire fonctionner certains services de la ville. Et cette situation est connue du président de l’APK qui a préféré classer le rapport sans suite après son adoption cavalière à la plénière.
Et que dire du statuquo au grand marché de Kinshasa où l’entreprise soumissionnaire créée pour la circonstance n’a ni bureaux, ni adresse ? Mais le Président Godé Mpoy parle quand même de ce marché qui n’a à ce jour aucune étude de faisabilité et dont la fermeture pénalise de milliers de femmes marchandes qui tenaient leurs foyers grâce à ce marché communément appelé « Nzando ».
A la lumière des éléments apportés par certains élus provinciaux de Kinshasa, les propos du pasteur Godé Mpoy sur l’état de la ville doivent être oubliés des Kinois, c’est un discours démagogique qui ne reflète ni la vérité, ni la réalité et pas digne d’un homme qui se dit pasteur, serviteur de Dieu. Il est loin d’être l’image de l’Eternel comme se nomme son église.